Les députés rejettent une résolution LR appelant à restreindre l'Aide médicale d'État
Les députés ont rejeté mercredi, par 120 voix contre et 77 pour, une proposition de résolution Les Républicains appelant à restreindre l'Aide médicale d'État (AME) qui permet aux étrangers en situation irrégulière d'accéder aux soins.
La députée LR Véronique Louwagie, auteure du texte, a déploré le "dérapage devenu complètement incontrôlable" de l'AME qui est selon elle "en train de devenir un scandale démocratique et une très grande injustice sociale".
La proposition appelait notamment à recentrer l'AME "sur les seuls soins urgents", à "modifier la protection santé des demandeurs d'asile des pays d'origine sûrs" et à restreindre les titres de séjour pour soins.
La France est "l'un des pays les plus généreux de l'UE", a assuré Véronique Louwagie en invitant "à une redéfinition mesurée de la protection santé".
Indignation à gauche
Le gouvernement, qui avait envoyé la ministre déléguée Agnès Firmin Le Bodo aux bancs, était "défavorable" à cette proposition "qui porte une remise en cause profonde de l'AME".
"Restreindre le dispositif aux seules urgences représente un risque médical et financier", a assuré la ministre, en rappelant qu'avec "un coût de 1,2 milliard d'euros en 2022, et un peu plus de 400.000 bénéficiaires", l'AME représente "0,5% du budget de l'assurance maladie".
"La plupart des migrants ont peu connaissance de l'AME", a-t-elle ajouté, même si selon elle "le sujet doit pouvoir être débattu" mais "sans dogmatisme" et "sans démagogie".
Côté majorité, Mathieu Lefèvre (Renaissance) a plaidé pour une "voie responsable" car "ériger l'AME en fantasme ou en tabou revient à bâtir le meilleur alibi de l'impuissance".
À gauche l'indignation était unanime. "Revoilà donc le refrain du méchant migrant profitant de l'AME", s'est agacée Caroline Fiat (LFI) en déplorant des "fantasmes xénophobes", ce pourquoi Mme Louwagie lui a ensuite demandé des excuses. "Qui peut croire que celui qui fuit la misère le fait en lisant Doctolib?", a demandé l'écologiste Benjamin Lucas, accusant LR de "faire diversion" après son soutien au gouvernement sur la réforme des retraites.