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Parlement

Le délit "d'offense au chef de l'Etat" bientôt supprimé?

Pour que l'abrogation du délit soit définitive, elle devra être adoptée par les députés, puis par le Sénat

Pour que l'abrogation du délit soit définitive, elle devra être adoptée par les députés, puis par le Sénat - -

La commission des Lois de l'Assemblée nationale a voté mercredi l'abrogation du délit "d'offense au chef de l’État". Un premier pas vers la suppression de cette loi qui date de 1881.

Offenser le président pourrait bientôt ne plus constituer un délit. En effet, la commission des Lois de l'Assemblée nationale a voté mercredi l'abrogation du délit "d'offense au chef de l'Etat", déjà mis à mal par la condamnation de la France dans l'affaire de l'affichette "casse-toi pov'con" à destination de Nicolas Sarkozy.

Mais pour être définitive, cette abrogation devra être adoptée, le 18 avril, par l'ensemble des députés, dans le cadre de l'examen d'un projet de loi transposant des directives européennes dans le domaine de la justice, puis ensuite être votée par le Sénat.

Jusqu'à 45.000 euros d'amende

La Cour européenne des droits de l'Homme a jugé, le 14 mars, que la France avait violé la liberté d'expression en condamnant, pour "offense au chef de l'Etat" un homme qui avait brandi en 2008 l'affichette "casse-toi pov con" lors d'une visite de Nicolas Sarkozy.

Le délit d'offense au chef de l'Etat, utilisé à six reprises sous le général de Gaulle, était ensuite tombé en désuétude, avant de ressurgir dans le dernier quinquennat. Inscrit dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse, il prévoit pour ses auteurs une amende pouvant aller jusqu'à 45.000 euros.

La Commission des Lois a voté à l'unanimité l'amendement l'abrogeant, présenté par la socialiste Marietta Karamanli. Selon elle, une telle disposition "n'apparaît plus justifiée dans une démocratie moderne", d'autant plus que le président de la République, "s'il s'estime insulté" peut, comme tous les citoyens, s'appuyer sur le délit "d'insulte publique".