BFMTV
Parlement

Horizons dénonce "les coups tordus" de Renaissance après le rejet de sa proposition sur la récidive

Naïma Moutchou le 14 février 2023 à l'Assemblée nationale

Naïma Moutchou le 14 février 2023 à l'Assemblée nationale - Ludovic MARIN / AFP

Les députés d'Édouard Philippe ne sont pas parvenus à convaincre leurs alliés de la majorité présidentielle de voter en faveur de leur proposition pour punir plus sévèrement la récidive. La rapporteure du texte Naïma Moutchou regrette "un gâchis".

L'opposition régulière entre Édouard Philippe et Emmanuel Macron se renforce. Les députés Horizon ont retiré ce jeudi matin à l'Assemblée une proposition de loi sur la récidive, après avoir été battu.

Ce texte prévoyait une peine minimale d'un an d'emprisonnement pour des délits de violences commis en récidive contre des fonctionnaires, comme les professeurs ou les policiers. Elle a été rejetée à 98 voix contre 87 voix.

"Des coups tordus" et "du gâchis"

Si cet échec n'est pas vraiment une surprise - Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux avait déjà fait savoir son opposition - elle donne une idée de l'atmosphère entre Renaissance et les députés Horizons, qui appartiennent à la majorité présidentielle.

"Ça me coûte et ça coûte à mon groupe. J'étais prête au combat, argument contre argument, conviction contre conviction", a lancé la rapporteure du texte Naïma Moutchou dans l'hémicycle.

Avant d'ajouter : "J'étais moins prête aux coups tordus, je dois vous le dire les amis, aux manœuvres, aux coups de procédure. Quel gâchis".

Un retour aux "peines planchers" qui a déplu aux macronistes

Dans le camp de Renaissance, on assume ce rejet. Dès les travaux en commission, le président de la commission des Lois, Sacha Houlié, avait assimilé cette proposition de loi à une forme de "peines plancher", introduit dès les premiers mois du quinquennat de Nicolas Sarkozy et abrogé sous le quinquennat de François Hollande.

Parmi les motifs invoqués par Horizons pour défendre ce texte, on compte la part de "récividistes ou réitérants" dans les condamnations prononcées par la justice.

Au-delà de la réinstauration de peines minimales, la proposition de loi visait également à renforcer les moyens de réinsertion et à l'organisation d'une "conférence de consensus" pour réfléchir de manière globale à la lutte contre la récidive.

"Les peines plancher n'ont pas permis, ni de près, ni de loin, de réprimer la délinquance ou de mieux lutter contre la récidive", a justifié de son côté à la tribune le ministre de la Justice.

Après des négociations extrêmement tendues entre Renaissance et Horizons pendant les législatives, Édouard Philippe avait décrit sur BFMTV des relations "cordiales et lointaines" en février.

Marie-Pierre Bourgeois