BFMTV
Parlement

François Hollande pourrait renoncer à la proportionnelle à l'Assemblée

François Hollande ne prendra pas "la lourde responsabilité" de faire entrer de nombreux députés FN à l'Assemblée.

François Hollande ne prendra pas "la lourde responsabilité" de faire entrer de nombreux députés FN à l'Assemblée. - Alain Jocard - AFP

Le chef de l'Etat aurait abandonné l'idée d'introduire une dose de proportionnelle pour l'élection des députés, selon Le Canard enchaîné. Et ce, pour trois raisons qu'il aurait exposées à son entourage.

Après le vote des étrangers aux élections locales, François Hollande serait en passe d'abandonner une nouvelle réforme du scrutin électoral. Et surtout une promesse de campagne de 2012 avec la proposition 48: "J'introduirai une part de proportionnelle à l'Assemblé nationale", avait indiqué le chef de l'Etat, alors candidat.

Visiblement, le président de la République a changé d'avis, croit savoir Le Canard Enchaîné. Dans son édition de mercredi, le journal satirique indique que François Hollande "s'est montré catégorique" face à son entourage: plus question de toucher au mode de scrutin législatif d'ici la fin de son mandat. 

"Une voie que nous ne pouvons pas prendre"

Pourtant l'été dernier, rien ne semblait tranché. Le chef de l'Etat en parlait lui-même dans une interview au Monde. "J'avais indiqué pendant la campagne que j'étais favorable à l'introduction d'une part de proportionnelle", répétait-il, assurant y être "prêt". Parmi les 577 députés, il voulait que 10 à 15% des parlementaires, soit une centaine, soient élus à la proportionnelle. 

Le volte-face sur cette question est alors venu au début du mois de décembre de Manuel Valls. Lors de son passage sur France 2, le Premier ministre avait affirmé ne pas être favorable à cette idée de proportionnelle. "Imposer la proportionnelle intégrale, c'est une sacrée responsabilité que je ne souhaite pas que nous prenions", avait scandé le chef du gouvernement. Ajoutant que "c'est une voie que nous ne pouvons pas prendre".

"150 députés FN à l'Assemblée"

Et pour cause. En abandonnant le scrutin actuel - majoritaire à deux tours - l'introduction de la proportionnelle dans l'Assemblée permettrait à plusieurs candidats d'être élus dans une zone, impliquant un redécoupage des circonscriptions. Pis, avec ce mode de vote, plus un parti obtient de voix et plus il obtient de sièges, créant une réelle opportunité pour le Front national. "Une lourde responsabilité" que ne prendra pas François Hollande. Selon l'entourage du président, la proportionnelle pourrait envoyer "150 députés FN à l'Assemblée".

Derrière cet argument, se cache également un objectif stratégique. Un autre risque, "le motif qui pèse le plus lourd", selon Le Canard Enchaîné, plane pour le chef de l'Etat. Avec la proportionnelle, les écologistes pourraient bien tirer leur épingle du jeu lors des prochaines élections législatives. Et ça, François Hollande ne peut se le permettre. Forts d'un succès électoral, les Verts pourraient avoir envie de se lancer seuls dans la campagne présidentielle de 2017.

"Un scrutin proportionnel aux législatives inciterait les écolos assurés de survivre électoralement, à se compter au premier tour de la présidentielle. Les verts ont intérêt à appartenir à la maison commune dès le premier tour de la présidentielle, en échange d’un accord aux législatives qui leur assurerait un certain nombre de circonscriptions", a ainsi expliqué Manuel Valls à des dirigeants du PS, cité par Le Canard Enchaîné.

Juppé et Fillon contre la proportionnelle

Les visés n'ont pas tardé à réagir à la publication des informations de l'hebdomadaire satirique. Pour Louis Aliot, vice-président du FN, les raisons de François Hollande à renoncer à la proportionnelle sont "inavouables et antidémocratiques". "Avant de faire de bas calculs pour tenter en vain de museler certains citoyens,le PS devrait plutôt se soucier de la fidélité de ses députés", dénonce sur Twitter Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire dans le Gard.

Car au sein même de sa majorité, des députés socialistes avaient pourtant réclamé l'institution de la proportionnelle. François Hollande rejoint au moins l'analyse de François Fillon et d'Alain Juppé, cités par le Journal du Dimanche. Quand le premier dénonce "un risque historique", face "à la France qui pourrait devenir ingouvernable", le second s'est dit " "très réceptif au danger de la proportionnelle, même s’il ne s’agit que d’une dose limitée".

Justine Chevalier