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En passant de 98 à 102 sénatrices, toujours pas de parité au Sénat

La parité a faiblement progressé au Sénat

La parité a faiblement progressé au Sénat - AFP

Elles ne représentent même pas le tiers des élus. À l'issue des élections dimanche, la parité n'a pas vraiment progressé au Sénat. Le nombre de sénatrices n'a augmenté que de 1%.

Quatre sénatrices de plus. La parité a très faiblement progressé au Sénat dimanche lors du renouvellement de moitié des élus de la chambre haute. Le nombre de sénatrices est ainsi passé de 98 sur 347 sénateurs (28%) à 102 sur 348 élus, ce qui représente 29% des sièges. Soit une augmentation de 1%.

Dans le détail, La République en marche compte 14% de sénatrices, le taux le plus faible devant LR (26%), l'UDI (29%) et le PS (31%). "À ce rythme, il faudra attendre 2032 pour atteindre la parité au Sénat", déplore le Haut Conseil à l'égalité (HCE) dans un communiqué.

"Le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes regrette une progression de la parité qui reste modeste. À la veille du scrutin de dimanche, les femmes comptaient pour 45,5% des candidat.e.s, tous modes de scrutin confondus. Seule la moitié d'entre elles ont donc été élues. La question doit être posée: où sont passées les femmes?"

Un "déni de démographie"

Pour Osez le féminisme, c'est un "déni de démocratie et du principe d'égalité". "Comme toutes les institutions politiques et les lieux de pouvoir, il y a une résistance à la parité", regrette pour BFMTV.com Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole de l'association.

"Le fait que ce soit une élection au suffrage indirect renforce l'exclusion des femmes. Chaque étape de cette pyramide de pouvoir les chasse un peu plus. Et plus on monte dans ces sphères, moins elles sont représentées."

"Les stratégies anti-parité" des partis politiques

Raphaëlle Rémy-Leleu dénonce "le procès en incompétence" qui est fait aux femmes alors que les partis politiques préfèrent bien souvent payer des amendes que de respecter les lois sur la parité. Les partis représentés au Parlement ont ainsi perdu près de 23 millions d'euros depuis 2012 pour ne pas s'être conformés à la loi, comme le rappelait Le Parisien. L'UMP -devenue LR- a dû à elle seule faire une croix sur 14,6 millions d'euros de financement.

Le HCE dénonce ainsi la stratégie mise en place par certains partis. "Si la part des femmes élues est inférieure à celle des hommes, c'est surtout parce que les candidates n'étaient pas en position de gagner (...) cette année, les femmes ne représentaient qu'un quart des têtes de listes, limitant ainsi leur chance d'être élues. Les stratégies anti-parité déployées par les partis politiques se sont encore renforcées."

38% de femmes à l'Assemblée

Pour que le Sénat se féminise davantage, à l'image de l'Assemblée nationale qui n'a pas non plus atteint la parité au mois de juin dernier mais a dépassé les 38% de femmes élues, certaines solutions sont envisagées. Raphaëlle Rémy-Leleu appelle tout d'abord au respect des lois mais aussi au renforcement des sanctions financières. "Il faut même voir au-delà", ajoute la militante, qui évoque l'annulation d'une élection en cas de défaut de parité. Et estime que l'éducation à l'égalité a son rôle à jouer.

"Il faut des sanctions correctives de court terme mais aussi des sanctions préventives sur le long terme. Et cela passe par une égalité dans la représentation des femmes dans les livres d'histoire mais aussi d'éducation civique. Je n'ai pas vu beaucoup de livres avec des élues portant l'écharpe tricolore."

Céline Hussonnois-Alaya