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Parlement

Démission de Collomb: l'opposition dénonce l'absence de chef à Beauvau

Les députés de tous bords ont vivement dénoncé ce mardi les différents revirements autour de la démission de Gérard Collomb de son poste de ministre de l'Intérieur.

Après le refus du Président lundi soir, Gérard Collomb, numéro 2 du gouvernement dans l'ordre protocolaire, a de nouveau assuré ce mardi qu'il comptait bien quitter la place Beauvau. Ces tergiversations agacent les parlementaires de l'opposition, qui s'inquiètent d'une vacance au ministère de l'Intérieur. 

"Il n'y a plus d'aiguille à la tête de l'Etat" taclent les LR

"C'est un signe de la déliquescence du pouvoir", a estimé ce mardi le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, qui s'est inquiété dans l'hémicycle comme dans les couloirs de l'Assemblée d'une éventuelle vacance au ministère de l'Intérieur. 

"A l'heure où l'on parle, on ne sait pas si la France a un ministre de l'Intérieur ou pas", a-t-il dénoncé, s'inquiétant de la "protection des Français". "Je constate qu'aujourd'hui il n'y a plus de patron place Beauvau", a confirmé son collègue de groupe Guillaume Larrivé.

"L'attitude du président de la république me paraît très dangereuse pour les Français, parce que ça veut dire très concrètement aujourd'hui qu'il n'y a plus de patron place Beauvau", a déclaré le député de l'Yonne.

Le vice-président des Républicains Damien Abad a lui décrit sur notre antenne des ministres d'Etat démissionnaires se sentant "impuissants et inutiles". 

"Là où on est dans une tragi-comédie sans précédent, c'est qu'on a voulu un Président de la république qui nous a dit qu'il était maître des horloges", a rappelé le député LR de l'Ain. "Aujourd'hui, il a perdu le fil du temps et il n'y a plus d'aiguille à la tête de l'Etat", a tancé le parlementaire.

Pour la France insoumise, "le générateur est en train de prendre feu"

"On est au-delà de la tragi-comédie, c'est une farce", a renchéri la députée France Insoumise Danièle Obono, au micro de BFMTV ce mardi après-midi. "Ce qui est en jeu, c'est la crédibilité des institutions", a-t-elle estimé.

"M. Macron se félicitait de ne pas avoir une République des fusibles et aujourd'hui on voit bien que c'est de l'intérieur que le générateur est en train de prendre feu", a lancé l'élue de Paris. "C'est plutôt déplorable et il n'y a pas de quoi s'en féliciter", a-t-elle souligné. 

Le député FI du Nord Adrien Quatennens a lui considéré que l'exécutif avait "franchi un seuil". "Macron ferme la porte, Collomb tente la fenêtre; on ne peut pas mener à bien la sûreté du pays avec un ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, démissionnaire", a-t-il martelé. 

"M. Collomb a envie de partir, qu'on le laisse partir, par contre je veux absolument qu'on prenne cet événement comme un symptôme du moment politique", a insisté le parlementaire. Pour ce dernier, la "succession de faits depuis l'affaire Benalla (...) signe une ambiance dangereuse de fin de règne dans le pays", reprenant les termes de Jean-Luc Mélenchon quelques instants plus tôt. 

Le PS "aimerait avoir un ministre de l'Intérieur à plein temps"

"Je crois qu'aujourd'hui le ministre de l'Intérieur (...) s'est cramé un peu tout seul, et ce qui est assez inquiétant c'est qu'il se crame à un moment où l'on a des questions de terrorisme, de sécurité qui se posent. On aimerait avoir un ministre de l'Intérieur à plein temps", a réclamé au micro de BFMTV Philippe Gosselin, député PS de la Manche. "La crise politique entre le Président et le ministre de l'Intérieur c'est une chose, mais la crise que peut vivre la France en est une autre et ça m'inquiète évidemment", a-t-il rappelé. 

Sa collègue de groupe Valérie Rabault a elle aussi appelé de ses voeux "un ministère de l'Intérieur à temps plein". "Nous ne soutenons pas cette majorité mais nous voulons pour le fonctionnement de nos institutions qu'il y ait un ministre de l'Intérieur à temps plein, on ne peut pas faire autrement avec la situation dans laquelle est notre pays", a poursuivi l'élue du Tarn-et-Garonne. 

"Qui est aux manettes dans ce gouvernement?", s'interroge le Rassemblement national

Le député Rassemblement national (ex-Front national) Sébastien Chenu a jugé "plutôt affligeant" le bilan de Gérard Collomb mais déploré que "personne ne protège les Français" pendant que sa démission est en pourparlers. "Qui est aux manettes dans ce gouvernement, un Premier ministre hagard, un président de la République contesté qui tient les commandes, qu'est-ce que c'est cet avion sans pilote?", a critiqué le porte-parole du Rassemblement national.

"En réalité nous sommes face à des amateurs qui ne gouvernent pas la France et sont préoccupés par d'autres choses que de protéger les Français", a-t-il jugé sur notre antenne.
Liv Audigane