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Assemblée nationale: le RN ne supervisera pas la lutte contre l'antisémitisme et le sida

Marine Le Pen et ses députés le 24 octobre 2022 à l'Assemblée nationale

Marine Le Pen et ses députés le 24 octobre 2022 à l'Assemblée nationale - JULIEN DE ROSA/AFP

Les députés de Marine Le Pen ne prendront pas la tête des groupes d'études consacrés à la lutte contre l'antisémitisme ou la séroposivité. La majorité présidentielle continuera de les présider.

Le Rassemblement national n'a pas réussi à l'emporter. Le groupe de Marine Le Pen qui avait suscité une polémique en se positionnant pour récupérer la présidence des groupes d'études sur l'antisémitisme et le sida, jusqu'ici dirigés par la majorité présidentielle, n'en prendra finalement pas la tête.

La décision est tombée ce mercredi lors d'une réunion des membres du bureau du Palais-Bourbon. Face aux critiques, Sébastien Chenu, le vice-président de l'Assemblée nationale, a dû lâcher du lest.

Une occasion de notabilisation pour le RN

"L'ensemble des groupes avaient à cœur de boucler ces présidences. C'est chose faite sans polémique et dans un équilibre qui satisfait chacun", avance l'élu du Nord auprès de BFMTV.com.

Il avait été missionné par Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, en septembre dernier pour plancher sur ces organes pour la nouvelle mandature. Ces groupes d'études sont des structures transpartisanes, des "lieux de discussions et d'échanges irremplaçables" qui permettent aux députés d'"approfondir et suivre des questions spécifiques", en assurant notamment "une veille juridique et technique", résume le Palais-Bourbon.

"Hors de question"

Les élus de Marine Le Pen avaient saisi l'occasion de se positionner prioritairement sur la présidence du groupe de lutte contre l'antisémitisme et le sida - deux symboles très forts pour le parti qui tente de se notabiliser depuis son retour en force à l'Assemblée nationale avec 89 députés en juin dernier.

Mais la pression politique a été trop forte, après les vives critiques de la gauche mais aussi de la majorité présidentielle.

"Il est hors de question que le RN récupère le groupe d'études", avait tancé l'actuel président du groupe de lutte contre l'antisémitisme, Sylvain Maillard, dans les colonnes du JDD mercredi dernier.

En cause notamment: l'histoire du mouvement. Jean-Marie Le Pen, le cofondateur du FN/RN a par exemple été condamné pour "provocation à la haine", "contestation de crime contre l'humanité" ou encore "injure publique raciale".

Le RN présidera les industries de la défense

Du côté de l'organisation politique, on défendait pourtant la volonté de présider ce groupe d'études.

"Le RN a choisi le groupe d'études sur l'antisémitisme parce que l'antisémitisme monte dans notre pays, qu'il est poussé par le fondamentalisme islamiste, parce que les faits sont graves", avait avancé Marine Le Pen mardi sur France inter.

C'est Renaissance qui récupère finalement la tête du groupe d'études antisémitisme et sida au motif que les présidences sortantes ont la priorité pour prolonger leur mandat. Le RN en présidera cependant plusieurs comme celui sur l'économie, la sécurité et la souveraineté numériques, la francophonie ou encore les industries de la défense.

Une co-présidence avec Renaissance peu probable

"Les 89 députés de Marine Le Pen ont le droit d'avoir des présidences et il ne faut pas non plus donner une importance exacerbée à leur influence", explique l'entourage de Sylvain Maillard, président par intérim du groupe Renaissance.

Le RN co-présidera également plusieurs groupes d'études avec la majorité présidentielle comme celui sur la lutte contre le cancer avec le Modem ou encore les déserts médicaux avec Horizons.

Seule inconnue: le groupe d'études vigne, vin et œnologie. Sébastien Chenu, qui souhaite que son parti préside ce groupe d'études puissant - il comptait près de 20% des députés lors de la dernière mandature - a proposé une co-présidence à Renaissance.

"Ce groupe d’étude est important pour nous mais je ne veux pas de co-présidence avec le RN", a avancé Sylvain Maillard auprès de BFMTV. La proposition sera présentée en réunion de groupe mardi prochain avec de fortes chances d'être rejetée.

Loïc Besson, Perrine Vasque et Marie-Pierre Bourgeois