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Parlement

À l'Assemblée, 3000 amendements déposés pour empêcher l'adoption d'un texte sur l'euthanasie

Le député Olivier Falorni a déposé un texte sur la fin de vie dans le cadre de la niche parlementaire de son groupe

Le député Olivier Falorni a déposé un texte sur la fin de vie dans le cadre de la niche parlementaire de son groupe - Thomas SAMSON © 2019 AFP

Sur ces 3000 amendements, 2300 viennent de députés LR, opposés à cette proposition de loi déposée par Olivier Falorni, qui vise à instituer un "droit à une fin de vie libre et choisie".

Quelque 3000 amendements ont été déposés sur la propositon de loi controversée créant un droit à l'euthanasie pour les personnes souffrant d'une pathologie incurable. Cet engorgement soudain a de grandes chances d'empêcher son adoption jeudi par l'Assemblée nationale, a-t-on appris ce samedi de sources parlementaires.

Sur ces 3000 amendements, 2300 viennent de députés Les Républicains, opposés à ce texte instituant un "droit à une fin de vie libre et choisie" du député Olivier Falorni. Sa discussion était prévue dans le cadre de la niche parlementaire attribuée à son groupe, Libertés et Territoires.

Tribune de 270 députés

Ce grand nombre d'amendements, s'ils sont bien défendus par leurs auteurs jeudi dans l'hémicycle, va rendre mécaniquement impossible l'examen de leur totalité sur une seule journée.

Dans une tribune au Journal du Dimanche, 270 députés de tous bords s'insurgent: "Nous voulons débattre. Nous voulons voter. Le temps du Parlement est venu. Respectons-le", plaident ces parlementaires favorables à la proposition de loi, emmenés par Jean-Louis Touraine, Yaël Braun-Pivet (LaREM), Marine Brenier (LR) et quatre présidents de groupes politiques, Jean-Luc Mélenchon (LFI), Valérie Rabault (PS), Olivier Becht (Agir) et Bertrand Pancher (Libertés et territoires).

"Cette question traverse notre société depuis quarante ans. Plusieurs textes ont été déposés à l'Assemblée comme au Sénat depuis 2017. Nos concitoyens nous interpellent, attendent que nous en débattions et, pour une majorité d'entre eux, que nous l'adoptions", ajoutent ces députés, dont quelque 150 LaREM.

"Honteuse obstruction"

"Un quarteron de députés prétend par l'obstruction parlementaire empêcher l'Assemblée de débattre sur un sujet de société majeure", avait dénoncé dès vendredi auprès de l'Agence France-Presse Olivier Falorni, dont la proposition de loi avait passé un premier cap en étant adoptée mercredi soir en commission.

"La honteuse obstruction des LR empêchera le vote jeudi de la loi sur la fin de vie", a dénoncé ce samedi dans un communiqué Matthieu Orphelin, ancien membre du groupe Libertés et Territoires.

Selon Olivier Falorni, "cela va scandaliser des millions de Français qui espèrent que cette loi soit enfin votée".

Soutien de figures de la majorité

Le texte du député de Charente-Maritime veut apporter une nouvelle réponse au douloureux et sensible débat sur la fin de vie et l'euthanasie, cinq ans après la loi Claeys-Leonetti, qui autorise la sédation profonde et continue.

En commission Olivier Falorni, ancien socialiste, a reconnu que son texte abordait des "questions existentielles". Ouvrir un droit à "l'ultime liberté" de décider d'une mort médicalement assistée permettrait de répondre à une "hypocrisie": laisser les personnes partir en "exil" en Belgique ou en Suisse pour y avoir recours, et fermer les yeux sur les "2000 à 4000" euthanasies clandestines pratiquées chaque année en France "parfois à l'insu des proches" des malades, selon lui.

Le sujet divise tous les groupes parlementaires et suscite l'embarras du gouvernement mais plusieurs figures de la majorité ont apporté leur soutien à la proposition d'Olivier Falorni, dont la présidente de la commission des Lois Yaël Braun-Pivet, députée LaREM des Yvelines.

Certains opposants estiment qu'un tel sujet ne peut être débattu dans le temps réduit d'une niche parlementaire quand d'autres sont radicalement hostiles à la mesure pour des principes philosophiques et religieux.

Par JP avec AFP