BFMTV
Politique

Paris, laboratoire des ambitions municipales de la droite

François Fillon, entouré de Jean Pierre Raffarin, Jean-François Copé, Bernard Accoyer et Claude Guéant lors d'une réunion politique à Paris. A Paris, les élections législatives des 10 et 17 juin auront valeur de test pour l'UMP et ses ambitions municipale

François Fillon, entouré de Jean Pierre Raffarin, Jean-François Copé, Bernard Accoyer et Claude Guéant lors d'une réunion politique à Paris. A Paris, les élections législatives des 10 et 17 juin auront valeur de test pour l'UMP et ses ambitions municipale - -

PARIS (Reuters) - "Nous avons le devoir d'entrer en résistance". Dans le café "La Piscine", immortalisé par le photographe Robert Doisneau,...

PARIS (Reuters) - "Nous avons le devoir d'entrer en résistance". Dans le café "La Piscine", immortalisé par le photographe Robert Doisneau, François Fillon, le "Parisien de coeur", esquisse les premiers pas de la reconquête après la défaite de Nicolas Sarkozy.

Une soixantaine de sympathisants UMP sont venus écouter l'ex-Premier ministre dans ce XVIIIe arrondissement qui lui était encore si lointain il y a quelques semaines. Ce "bout perdu de France" comptera pourtant pour ses visées futures.

"On est sur des territoires de reconquête. C'est un calcul de long terme", dit un conseiller, évoquant implicitement l'élection municipale de 2014.

A Paris, les élections législatives des 10 et 17 juin auront valeur de test pour l'UMP et ses ambitions municipales.

"La ville de Paris n'a aucunement vocation à rester éternellement à gauche", souligne François Fillon.

L'ex-Premier ministre a laissé son fief sarthois pour la 2e circonscription de la capitale, un secteur tout acquis à la droite (Ve, VIe, VIIe arrondissements) dont il pourrait faire un tremplin avant l'objectif ultime de la présidentielle de 2017.

Mais l'homme, fidèle à sa discrétion tactique, se concentre sur le présent. "On est en 2012, après on s'occupera de 2013, puis de 2014", plaisante-t-il avec une Parisienne qui le presse de briguer la succession du maire socialiste de Paris de Bertrand Delanoë, au pouvoir depuis mars 2001.

"Ce n'est pas dans la logique Fillon que de dire 'dans un an, deux ans, je serai maire'. Il n'aime pas les paris sur le long terme. Il n'avance que lorsque son chemin est sûr", explique un proche.

Alors, ce mardi brumeux, François Fillon est venu soutenir place Hébert la conseillère UMP Roxane Decorte, 41 ans, une enfant du quartier qui repart à l'assaut de la 17e circonscription, le fief du socialiste Daniel Vaillant, en lice pour un sixième mandat de député.

"Le reconquête de Paris passera par l'Est parisien", assure l'ancienne professeur d'histoire-géographie, lucide sur ses faibles chances de succès à court terme.

18 DÉPUTÉS

En vertu de la loi de février 2010 qui a remodelé les circonscriptions législatives, ce sont 18 députés et non plus 21 qui représenteront Paris dans la future Assemblée. Un redécoupage plutôt favorable à la droite qui ne devrait toutefois pas bouleverser les équilibres.

En résumé, l'ouest de la capitale échoit à droite, l'Est à la gauche. Dans l'ancienne configuration, la droite détient huit circonscriptions et la gauche 13, dont 11 sont contrôlées par le Parti socialiste.

Pour la première fois dans l'histoire parisienne, un candidat de gauche, François Hollande, est arrivé en tête aux premier et second tours de la présidentielle.

Selon une étude de l'Observatoire de la vie politique et parlementaire à partir de l'ensemble des scrutins intermédiaires intervenus depuis les législatives de 2007, la gauche obtiendrait 11 sièges et la droite sept le 17 juin.

Les 3e, 5e, 6e, 7e, 8e, 9e, 10 e, 15e, 16e, 17e et 18e circonscriptions seraient "acquises ou tendraient à la gauche". Les 1ère, 2e, 4e, 11e, 12e, 13e et 14e circonscriptions seraient "acquises ou tendraient à droite".

Sans escompter de miracle, la droite parisienne, notoirement minée par les dissensions, espère se refaire une santé face à une gauche qu'elle dit "essoufflée".

"TOUS DES NULS"

"Paris, Sarkozy n'en avait rien à faire, il disait qu'on était tous des nuls. C'est vrai qu'on a des efforts à faire pour le démentir...", ironise un conseiller UMP de Paris.

La fédération de l'UMP a échappé à un nouveau psychodrame après le retrait le 16 mai de la maire du VIIe Rachida Dati, qui défiait François Fillon et menaçait de faire dissidence. Ses desseins restent toutefois intacts pour la primaire d'investiture municipale qui pourrait intervenir à l'été 2013.

A gauche, la mairie aiguise aussi les appétits féminins au point de court-circuiter parfois la campagne législative.

Anne Hidalgo, "dauphine" de Bertrand Delanoë, ne se présente pas cette fois-ci à la députation mais attend avec intérêt l'issue du combat dans la 13e circonscription (située sur le XVe, "son" arrondissement), la seule que le PS puisse espérer reprendre à l'UMP Jean-François Lamour, l'ex-champion olympique, et qui constituerait pour elle une rampe de lancement pour 2014.

Elle devra désormais compter avec l'opiniâtreté de Cécile Duflot, dont le "parachutage" dans la 6e circonscription (XIe et XXe) a été fort mal perçu par les socialistes parisiens.

Contrainte de s'effacer en vertu des accord électorats entre le PS et Europe Ecologie-Les Verts (EELV), la députée sortante Danièle Hoffman-Rispal a finalement accepté de devenir la suppléante de la ministre du Logement.

Sophie Louet, édité par Yves Clarisse