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Politique

Paris: des élus LR refoulent des réfugiés d'un gymnase où ils devaient être relogés

Philippe Goujon, le 1er juin 2013.

Philippe Goujon, le 1er juin 2013. - Thomas Samson - AFP

Le maire Les Républicains du 15e arrondissement, Philippe Goujon, a bloqué dans la matinée l'entrée d'un gymnase prévu pour accueillir des réfugiés.

Un campement de plus d'un millier de migrants qui s'était reconstitué à Paris devant la halle Pajol, dans le 18e arrondissement, a été évacué mercredi matin, suscitant l'irritation d'élus Les Républicains qui ont bloqué un gymnase du 15e arrondissement prévu pour les reloger.

Au total, 1.139 personnes dont 58 considérées comme "vulnérables" (femmes, enfants...) ont été conduites dans près de 70 centres d'hébergement à Paris et en banlieue, soit plus du double de la population estimée il y a quelques jours, a indiqué la préfecture de région.

L'opération, 25e du genre en un an et menée comme chaque fois par la préfecture de région, la préfecture de police, la ville de Paris, les associations Emmaüs et France Terre d'asile et l'Office français de l'intégration et de l'immigration (Ofii), a démarré dans le calme peu avant 6h30 et s'est achevée en fin de matinée. Les migrants, essentiellement soudanais, afghans et érythréens, se sont pressés pour monter dans des bus.

Refoulés puis installés dans un autre gymnase

Dans le 15e arrondissement, le maire LR Philippe Goujon et le député Jean-François Lamour ont bloqué dans la matinée l'entrée du gymnase prévu pour accueillir des réfugiés.

Selon Marianne, Philippe Goujon serait également allé à la rencontre des migrants installés dans le gymnase, avant de les évacuer un à un. "Il a shooté dans leurs affaires entreposées au sol", rapporte un témoin de la scène cité par l'hebdomadaire.

Refoulés du premier lieu, les 78 migrants ont ensuite été installés dans l'après-midi dans un autre gymnase du 15e arrondissement, cette fois dans le calme.

"Inadmissible", pour Hidalgo

Dans un communiqué, la maire PS de Paris Anne Hidalgo a condamné une attitude "inadmissible". "Lorsqu'une décision préfectorale est prise, celle-ci doit pouvoir s'appliquer", a réagi l'élue, évoquant des "mots vifs" prononcés et "des coups de pieds" "donnés dans les baluchons" des réfugiés.

Sur place, Philippe Goujon a assuré ne pas avoir "été informé" de cette réquisition et dénoncé une "politique irresponsable du gouvernement et de Madame Hidalgo qui consiste à faire venir sur Paris les réfugiés de la terre entière". "Le préfet de région a pris la décision unilatéralement, comme un diktat de réquisitionner sans prévenir (...), d'installer des personnes dans un gymnase, au pied d'une tour de 1.000 logements HLM. Comme si on n'avait pas assez de problèmes dans le quartier", a martelé l'élu.

Cité par Marianne, l’adjoint aux Sports d’Anne Hidalgo, Jean-François Martins, assure que la ville de Paris n'avait pas à prévenir l'édile, le gymnase étant sa propriété - ce que conteste l'entourage de Philippe Goujon auprès de l'hebdomadaire. "La mairie d’arrondissement n’est propriétaire de rien, c’est à la mairie de Paris qu’appartiennent ces locaux. Légalement, personne n’est tenu de le prévenir", a-t-il expliqué.

Le maire LR de Palaiseau (Essonne), Grégoire de Lasteyrie, a lui aussi assuré ne pas avoir été informé de l'arrivée d'une soixantaine de migrants: "il y a un manque de préparation flagrant de la part de l'Etat, on les déplace comme du bétail, ce n'est absolument pas respectueux des populations concernées ni des collectivités territoriales", a-t-il affirmé à l'AFP.

V.R. avec AFP