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Paris craint pour son otage au Sahara, Alger déplore le raid

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par Lamine Chikhi et John Irish ALGER/PARIS (Reuters) - L'opération militaire mauritanienne contre Al Qaïda dans le désert du Sahara, à laquelle...

par Lamine Chikhi et John Irish

ALGER/PARIS (Reuters) - L'opération militaire mauritanienne contre Al Qaïda dans le désert du Sahara, à laquelle Paris a apporté son soutien cette semaine, pourrait avoir pour conséquence de renforcer l'activité des rebelles dans cette zone, déplorent des sources proches des services de sécurité algériens.

Le raid auquel a participé la France jeudi à l'aube contre un camp d'Al Qaïda situé au Mali visait à libérer Michel Germaneau, un otage français âgé de 78 ans dont les autorités françaises sont sans nouvelles depuis plus de deux mois.

Enlevé fin avril dans le nord du Niger, Michel Germaneau serait aux mains d'Abdelhamid Abou Zeid, dirigeant de la plus dure des deux factions d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), opérant au Sahara.

Un ultimatum des ravisseurs expire lundi soir mais le Quai d'Orsay a répété dimanche n'avoir jamais reçu de revendications précises après le rapt du Français.

"On s'inquiète", a-t-on sobrement commenté au ministère des Affaires étrangères, où l'on ne fait état d'aucun nouveau développement depuis la fin du raid mauritanien.

"Il y avait un espoir que Michel Germaneau soit dans ce camp", a dit samedi une source au ministère de la Défense, qui a confirmé la participation d'une trentaine de soldats français à l'opération menée en territoire malien, à environ 150 km de la frontière mauritanienne.

CONSÉQUENCES NÉFASTES

Paris avait indiqué dans un premier temps vendredi avoir apporté un soutien "technique et logistique" aux forces mauritaniennes lors d'une opération destinée à prévenir une attaque de l'AQMI en Mauritanie, sans parler de l'otage.

Michel Germaneau, ingénieur à la retraite qui a travaillé dans le secteur pétrolier en Algérie, près de la frontière avec le Mali et l'Algérie, travaillait à un projet humanitaire. Malade du coeur, il serait à court de traitement médical.

Selon plusieurs officiers d'Algérie, centre névralgique des opérations d'AQMI, le raid franco-mauritanien pourrait avoir des conséquences néfastes pour Michel Germaneau.

"La France n'a pas libéré son otage et n'a pas non plus réussi à éliminer Abdelhamid Abou Zeid", constate un ancien dirigeant des services de sécurité, rompu à la lutte contre les rebelles.

De plus, l'opération militaire "a énervé le groupe terroriste qui va maintenant soit demander une rançon soit tuer l'otage, si ce n'est pas déjà fait", a-t-il expliqué à Reuters, sous couvert d'anonymat.

L'Algérie est très sourcilleuse sur l'intervention dans la région de la France, son ancienne puissance coloniale. Alger estime que le problème d'AQMI doit être réglé par les pays d'Afrique du Nord concernés.

Samedi, des sources française et mauritanienne ont indiqué que les opérations de traque des activistes islamistes en territoire malien, en cours depuis quatre jours, avaient pris fin.

Au ministère français de la Défense, on a précisé que Paris avait "consulté" l'Espagne, qui recherche deux otages dans la même zone, avant ce raid et "prévenu" le Mali et l'Algérie.

Cette opération militaire, au cours de laquelle sept combattants islamistes auraient été tués, va aider leurs chefs à faire de nouvelles recrues, craint un officier algérien actuellement en poste.

Cela va alimenter leur campagne contre les "infidèles occidentaux" et leur "propagande contre l'occident", ajoute-t-il.

Les islamistes extrémistes semblent déjà exploiter l'échec de l'opération.

"La Mauritanie a commis une grosse erreur quand elle a ouvert ses portes à la France pour qu'elle tue notre peuple en terre d'islam", a déclaré sur son site internet le cheikh Abdelfetah Zeraoui, religieux algérien représentant de la branche salafiste.

"Un musulman ne devrait jamais aider un non-musulman à tuer un musulman", prévient-t-il.

Laure Bretton pour le service français