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Paris cherche à stabiliser la situation politique en Polynésie

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Paris cherche à stabiliser la situation politique en Polynésie française, qui a connu 13 changements de majorité depuis 2004, une instabilité qui paralyse l'activité économique de ces territoires lointains.

Le conseil des ministres a ainsi examiné mercredi un projet de loi organique qui vise notamment à faciliter l'émergence d'une majorité stable.

Si l'assemblée territoriale aura toujours 57 membres, ceux-ci seront désormais répartis, sur une base démographique, entre cinq circonscriptions constituées par les archipels de Polynésie française.

La nouvelle circonscription des Iles de la Société, qui concentre 87% de la population, aura ainsi 45 représentants. Les archipels des Iles Australes, Marquises, Tuamotu de l'Est et Gambier et Tuamotu de l'Ouest en auront chacun trois.

Les représentants seront élus au scrutin proportionnel à deux tours, avec une prime majoritaire d'un tiers des sièges.

Pour favoriser la constitution d'alliances entre les partis et éviter l'éparpillement des votes, les listes devront recueillir un nombre de suffrages au moins égal à 10% des électeurs inscrits pour se présenter au second tour.

Seules les listes ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés pourront fusionner entre les deux tours.

Le projet de loi s'efforce par ailleurs d'améliorer le fonctionnement des institutions de ce territoire du Pacifique, qui a longtemps bénéficié de la manne des essais nucléaires à Mururoa, jusqu'à leur arrêt définitif au milieu des années 2000.

Le texte encadre ainsi la mise en cause de la responsabilité du gouvernement territorial et met fin à la possibilité de renverser chaque année le président de Polynésie française.

SYNDICATS ET PATRONAT UNIS

Instabilité politique et paralysie de l'activité économique ont conduit les organisations patronales et syndicales locales à nouer une alliance inédite.

Cette alliance a mobilisé mardi 4.000 à 5.000 personnes à Papeete devant l'Assemblée de Polynésie française. Les manifestants entendaient protester contre une classe politique jugée immature et responsable de la perte des milliers d'emplois depuis 2004.

Le centre-ville de Papeete est sinistré, avec de plus en plus de boutiques, de commerces et de magasins mettant la clé sous la porte. "C'est du jamais vu depuis 23 ans", explique Gilles Yau, président de la Chambre de commerce et d'Industrie de Polynésie française.

Les manifestants représentaient tous les secteurs économiques - BTP, hôtellerie, commerce, simples patentés, particuliers. Une partie du quartier où se trouve l'assemblée a été encerclée par des dizaines d'engins et de camions d'entreprises de travaux publics.

Un collectif regroupant les principaux syndicats de patrons et de salariés de Polynésie française avait lancé ces dernières semaines un ultimatum au gouvernement de Gaston Tong Sang, afin qu'il présente un projet cohérent de budget pour 2011 mettant l'accent sur un plan de relance économique crédible et global.

Mais Gaston Tong Sang a été renversé par le leader indépendantiste Oscar Temaru, qui vient juste de nommer son gouvernement.

Emmanuel Jarry et Daniel Pardon, édité par Gilles Trequesser

REUTERS