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Otages français: les taliban veulent procéder à un échange

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KABOUL/PARIS - Les taliban afghans menacent de tuer deux journalistes français, Stéphane Taponnier et Hervé Ghesquière si des prisonniers ne sont pas...

KABOUL/PARIS (Reuters) - Les taliban afghans menacent de tuer deux journalistes français, Stéphane Taponnier et Hervé Ghesquière si des prisonniers ne sont pas libérés.

Ils ont diffusé sur internet des images qui montrent les deux reporters, capturés le 29 décembre dans la province de Kapisa, au nord-ouest de Kaboul, avec deux accompagnateurs afghans. Les journalistes de France 3 y lisent sous la contrainte le message de menace des taliban.

La société France Télévisions a diffusé lundi, à la demande de leurs familles, les identités de deux de ses reporters détenus depuis 104 jours, ainsi que les images.

"Ce message est le dernier pour le gouvernement français et pour ma télévision, France 3. Après trois mois de captivité, les taliban veulent absolument que leur volonté soit acceptée par les autorités françaises", dit un des journalistes en lisant en anglais un message qu'on lui tend.

"Le président français, M. Sarkozy, doit comprendre que nous sommes maintenant en danger de mort. Je répète, le président français doit négocier très vite, autrement nous serons bientôt exécutés", ajoute-t-il, expliquant que le même sort serait réservé aux deux accompagnateurs.

Les deux hommes lisent aussi le message en français. Ils paraissent en bonne santé mais fatigués, et ils parlent lentement et distinctement, sans émotion apparente.

VIDEO PUBLIÉE SUR INTERNET

La vidéo a été publiée sur le site des taliban, alemarah.info. Dans une déclaration sur ce même site, les taliban déclarent qu'ils ont remis au gouvernement afghan une liste de détenus dont ils demandent la libération.

La décision de diffuser les images a été prise par la société de télévision publique malgré les recommandations de discrétion du gouvernement français.

France Télévisions estime agir ainsi "dans l'intérêt de la sécurité des deux journalistes de France 3 et de leurs accompagnateurs", lit-on dans un communiqué.

Les deux chaînes France 2 et France 3 ont diffusé dans leurs journaux du soir les images mise en ligne sur internet par les ravisseurs dimanche, en masquant toutefois les visages, dans le but, dit la direction de France Télévisions, "de respecter la dignité" des reporters.

Le présentateur du Soir 3 a précisé lors du journal que la rédaction souhaitait au contraire montrer leur visage et un autre sujet montrant leur travail.

Ils préparaient un reportage pour l'émission "Pièces à conviction" quand ils ont été capturés. Cette affaire a suscité ces derniers mois plusieurs incidents entre les syndicats et les journalistes de France Télévisions et le pouvoir.

Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, qui a parlé "d'imprudence coupable", puis le général Jean-Louis Georgelin, alors chef d'état-major des armées, ont reproché aux reporters leur imprudence et évoqué le coût élevé des recherches.

Les journalistes et les syndicats jugent ces remarques déplacées concernant des otages dont la vie est en danger et ils estiment que les propos mettent indirectement en cause la liberté de la presse.

Les familles des otages ont été reçues lundi au ministère, a indiqué une porte-parole du Quai d'Orsay.

Thierry Lévêque à Paris avec Jonathon Burch et Peter Graff à Kaboul, édité par Jean-Loup Fiévet