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Noyer attaque les agences de notation, le gouvernement résigné

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, s'est montré beaucoup plus virulent vis-à-vis des agences de notation que le gouvernement français, qui semble résigné à la dégradation de sa note souveraine. Les agences menacent de dégrader d'un ou

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, s'est montré beaucoup plus virulent vis-à-vis des agences de notation que le gouvernement français, qui semble résigné à la dégradation de sa note souveraine. Les agences menacent de dégrader d'un ou - -

PARIS (Reuters) - Par un curieux contraste, le gouvernement français, qui semble résigné à la dégradation de sa note souveraine, s'est montré jeudi...

PARIS (Reuters) - Par un curieux contraste, le gouvernement français, qui semble résigné à la dégradation de sa note souveraine, s'est montré jeudi beaucoup plus modéré vis-à-vis des agences de notation que le gouverneur de la Banque de France.

Christian Noyer s'est livré à une attaque en règle de ces agences qui menacent de dégrader d'un ou deux crans la note "triple A" qui permet à la France d'emprunter à bon compte.

Dans une interview publiée jeudi par Le Télégramme de Brest, ce membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) juge qu'elles sous-estiment la qualité de l'accord conclu par les dirigeants européens le 9 décembre dernier pour rédiger un traité qui obligerait les Etats membres de la zone euro à se soumettre à une meilleure discipline.

"Ce que j'observe, c'est que ces agences ont réussi, par leurs commentaires critiques, à fragiliser un sentiment positif qui existait sur le marché au lendemain du sommet de Bruxelles", a souligné Christian Noyer en référence à leurs menaces.

L'agence Standard & Poor's a placé sous surveillance négative les pays de la zone euro et envisage d'abaisser de deux crans le AAA de la France. Moody's menace de faire de même.

"En outre, la dégradation ne me paraît pas justifiée au regard des fondamentaux économiques. Ou alors, il faudrait qu'elles commencent par dégrader le Royaume-Uni qui a plus de déficits, autant de dettes, plus d'inflation, moins de croissance que nous et dont le crédit s'effondre", a ajouté Christian Noyer.

Le gouverneur de la Banque de France estime que les agences sont "devenues franchement incompréhensibles et irrationnelles".

"Elles lancent des menaces, alors même que les États ont pris des décisions fortes et positives. Les agences de notation font comme s'il ne s'était rien passé. On peut penser que l'utilité des agences pour guider les investisseurs n'est plus avérée aujourd'hui", déclare-t-il.

L'HÉRITAGE SERAIT LOURD, DIT HOLLANDE

Le ton est beaucoup plus modéré du côté du gouvernement.

"Il ne sert à rien de casser le thermomètre en se disant 'on n'aura plus de température'", a dit le ministre de l'Economie François Baroin au Sénat lors des questions au gouvernement.

"Bien sûr que les agences de notation ont une part de responsabilité (...) par leurs déclarations, par leur positionnement, par le choix du calendrier qu'elles définissent pour émettre leur propre regard", a-t-il souligné.

Mais "notre problème, c'est un niveau d'endettement trop élevé, notre réponse, c'est une réduction de l'endettement, une réduction des déficits", a-t-il conclu.

François Baroin a donc semblé lui aussi résigné à une perte quasi-inéluctable du "AAA" de la France.

"Ce ne serait pas une bonne nouvelle, bien sûr, mais ce ne serait pas non plus un cataclysme", a dit Alain Juppé dans un entretien publié mercredi sur le site des Echos.

Dans Le Monde de lundi, Nicolas Sarkozy avait lui aussi appelé à faire preuve de sang-froid. "Ce serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable", avait-il dit.

Le candidat socialiste à l'élection présidentielle de 2012, François Hollande, refuse quant à lui ce "fatalisme".

"Je ne veux pas laisser penser qu'il y aurait je ne sais quelle fatalisme, d'autant que Nicolas Sarkozy nous a dit que c'était sa priorité, conserver le triple A", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Bondy (Seine-Saint-Denis).

"S'il ne l'était pas, ce serait un grave échec pour le président", a-t-il ajouté. "J'attends et je souhaite pour mon pays qu'il n'y ait pas cette dégradation."

Si elle devait malgré tout intervenir, ce serait "fâcheux pour l'Etat et pour les Français".

"Le prochain président de la république aurait un héritage lourd et des marges de manoeuvre plus étroites encore."

Yves Clarisse