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Nouveaux tirs à Abidjan près du palais présidentiel

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par Ange Aboa et Loucoumane Coulibaly ABIDJAN (Reuters) - Des riverains du palais présidentiel d'Abidjan et de la résidence de Laurent Gbagbo ont...

par Ange Aboa et Loucoumane Coulibaly

ABIDJAN (Reuters) - Des riverains du palais présidentiel d'Abidjan et de la résidence de Laurent Gbagbo ont dit avoir entendu dimanche après-midi des coups de canon et des tirs.

"Il y a des combats en cours en ce moment, avec des armes lourdes. Nous entendons beaucoup d'explosions et je pense qu'ils opposent les forces de Gbagbo à celles d'(Alassane) Ouattara", a déclaré un habitant, Isidore Ndri.

"Nous sommes tous cloîtrés à l'intérieur, nous entendons des tirs de canon", a de son côté déclaré par téléphone Germaine Gnedi, infirmière dans un hôpital proche.

Laurent Gbagbo, qui s'accroche à son poste malgré la victoire de son opposant nordiste Ouattara validée par la quasi-totalité de la communauté internationale, est retranché dans sa résidence de Cocody avec sa famille, ses proches conseillers et un millier de combattants.

A Paris, les deux avocats français d'Alassane Ouattara ont lancé dimanche un appel à une intervention militaire de l'Onu face à l'urgence humanitaire.

"Nous appelons les forces impartiales de l'Onuci, avec l'appui de Licorne, à éliminer sans délai les armes lourdes, neutraliser les miliciens à la solde de Gabgbo (...) et à remettre à la justice le candidat battu", écrivent Mes Jean-Paul Benoit et Jean-Pierre Mignard dans un communiqué.

"ATTAQUE DIRECTE"

Dimanche matin, une accalmie relative a permis à la population de certains quartiers de la capitale économique de sortir dans les rues pour chercher des vivres et de l'eau après dix jours de violents combats.

Venues du Nord, les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) soutenant Ouattara, sont parvenues il y a plus d'une semaine aux portes d'Abidjan au terme d'une offensive éclair.

Mais elles se sont heurtées à Abidjan à une forte résistance des hommes de Gbagbo qui semblent avoir repris du terrain.

Un porte-parole de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) a déclaré que les tirs de samedi contre l'hôtel du Golf où Ouattara a établi son QG provenaient de positions proches de la résidence où est retranché Laurent Gbagbo.

"C'était une attaque directe des forces de Gbagbo qui ont tiré au mortier et au lance-roquettes sur l'hôtel du Golf à partir de positions près de la résidence de Gbagbo", a dit Hamadoun Toure, précisant qu'un casque bleu avait été blessé.

"Nous avons riposté en ouvrant le feu sur ces positions", a-t-il poursuivi, soulignant toutefois que la résidence de Gbagbo n'avait pas été visée.

Le département d'Etat américain a condamné l'attaque de l'hôtel du Golf et a déclaré que les récentes tentatives de négociation de Gbagbo n'étaient rien d'autre qu'une ruse pour regrouper ses troupes et les réarmer.

SÉCURISATION DU PORT D'ABIDJAN

Ahoua Don Mello, porte-parole de Gbagbo, a démenti que les forces de ce derniers aient attaqué le QG d'Ouattara et il a lancé un appel à la résistance contre les soldats français de "Licorne" présents en Côte d'Ivoire sous un mandat de l'Onu.

"Le président Gbagbo a appelé à la résistance contre les bombardements et les agissements de l'armée française en Côte d'Ivoire parce qu'en fin de compte, c'est l'armée française qui nous attaque", a-t-il dit.

Pour Lydie Boka, analyste chez StrategiCo, l'attaque du QG de Ouattara "a peut-être rehaussé le prestige de Gbagbo auprès de ses partisans, mais elle lui attirera probablement des sanctions supplémentaires". Elle ajoute que la grande offensive finale pourrait intervenir rapidement, même si les partisans de Gbagbo mettent du temps à se rendre.

Depuis le déclenchement de la bataille d'Abidjan, le 31 mars, la France a engagé à plusieurs reprises ses soldats et ses hélicoptères de combat contre les forces du camp Gbagbo. Le contingent de "Licorne" a été porté à 1.650 hommes afin de soutenir l'Onuci et d'aider les expatriés, dont une partie a été rassemblée en plusieurs points d'Abidjan, dont le camp français de Port-Bouët.

A la demande d'Alassane Ouattara, les soldats de "Licorne" ont sécurisé samedi le port d'Abidjan, essentiel pour les exportations de fèves de cacao, et confirmé que Cocody et le Plateau étaient toujours âprement disputés entre les deux camps.

Les militaires français dépêchés au port autonome d'Abidjan étaient appuyés par des gendarmes ivoiriens fidèles à Alassane Ouattara.

A Paris, un conseiller de Gbagbo, Toussaint Alain, a accusé les forces françaises de se livrer à des pillages des magasins et entrepôts du port d'Abidjan.

Il a par ailleurs affirmé que deux proches de Gbagbo, le préfet d'Abidjan Sam Etiassé et le colonel Koné Al Mustapha, conseiller de Gbagbo, avaient été enlevés samedi matin à leurs domiciles de Cocody par des hommes armés se réclamant de Ouattara et conduits vers une destination inconnue.

Avec Emmanuel Braun à Abidjan, Tim Castle à Londres, Patrick Worsnip et Louis Charbonneau aux Nations unies, Elizabeth Pineau, Bertrand Boucey et Jean-Baptiste Vey à Paris, Stephanie Nebehay à Genève; version française Henri-Pierre André, Jean-Loup Fiévet et Nicole Dupont