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Nicolas Sarkozy tente de reprendre le contrôle

Nicolas Sarkozy s'efforce de reprendre le contrôle de la situation politique française après le vent de panique qui a semblé souffler ces derniers jours sur l'exécutif face à l'ampleur prise par l'affaire Woerth. /Photo prise le 7 juillet 2010/REUTERS/Phi

Nicolas Sarkozy s'efforce de reprendre le contrôle de la situation politique française après le vent de panique qui a semblé souffler ces derniers jours sur l'exécutif face à l'ampleur prise par l'affaire Woerth. /Photo prise le 7 juillet 2010/REUTERS/Phi - -

Nicolas Sarkozy s'efforce de reprendre le contrôle de la situation politique française après le vent de panique...

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy s'efforce de reprendre le contrôle de la situation politique française après le vent de panique qui a semblé souffler ces derniers jours sur l'exécutif face à l'ampleur prise par l'affaire Woerth.

Le président et le Premier ministre se sont attachés mercredi à tuer les rumeurs de prochain remaniement ministériel, relancées par la démission dimanche de deux secrétaires d'Etat épinglés pour leur utilisation des deniers publics.

François Fillon a lui-même dit aux parlementaires UMP qu'un remaniement n'était pas à l'ordre du jour alors qu'une enquête a été ouverte mercredi sur les accusations de financement illégal de la campagne présidentielle de 2007 par le ministre du Travail Eric Woerth, qui en fut le trésorier.

Il a ainsi apporté un démenti public aux informations selon lesquelles il plaidait pour des changements rapides, alors que Nicolas Sarkozy n'envisage une réorganisation qu'en octobre.

"Il y a eu des comportement inadaptés", a dit François Fillon. "Nous avons procédé à un ajustement gouvernemental."

"Certains en demandent davantage. D'autres nous pressent de rebattre les cartes", a-t-il ajouté. Mais "Nicolas Sarkozy est maître de son calendrier" et la "priorité politique" du moment n'est pas de remanier le gouvernement.

Lors d'un déjeuner avec les députés du Nouveau centre, une des composantes de sa majorité, le chef de l'Etat n'a pas dit un mot d'un remaniement et est "passé très rapidement sur l'affaire Woerth", ont confié des participants.

Selon ces parlementaires, Nicolas Sarkozy a surtout parlé des réformes en cours, dont celle des retraites qu'Eric Woerth doit présenter mardi en conseil des ministres.

UN RÉPIT ?

Plus tôt, en conseil des ministres, il avait exhorté les membres du gouvernement à garder leur sang froid et à se "concentrer sur leur travail".

Après la déposition, lundi, à la police judiciaire de l'ex-comptable de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, qui l'a mis en cause, le président de la République semble pouvoir bénéficier d'une forme de répit.

Sauf nouvelle "révélation" fracassante, la tourmente politique et médiatique déchaînée par les liens entre Eric Woerth, ex-ministre du Budget et trésorier de l'UMP, et Liliane Bettencourt semble en effet entrée dans une phase transitoire.

L'intervention d'Eric Woerth mardi soir sur TF1, "encouragée" selon l'Elysée par Nicolas Sarkozy, a contribué à faire retomber quelque peu la température.

Le ministre du Travail s'est défendu devant près de six millions de téléspectateurs de la moindre irrégularité, s'est dit victime de calomnies et a écarté toute idée de démission.

Il a d'ailleurs déposé plainte mercredi pour dénonciation calomnieuse contre ces accusations portées contre lui.

Nicolas Sarkozy a confié mercredi aux députés centristes qu'il attendait le rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) qui doit dire si Eric Woerth est intervenu ou non sur le dossier fiscal de Liliane Bettencourt quand il était au budget.

"Attendons de voir ce que donne cette enquête", a dit Nicolas Sarkozy, selon le député Maurice Leroy.

L'IGF doit rendre ses conclusions vendredi et plusieurs autres procédures en cours devrait aussi permettre au chef de l'Etat de gagner du temps.

Une enquête préliminaire a été ouverte sur les allégations de Claire Thibout, l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, selon qui la femme la plus riche de France a financé à hauteur de 150.000 euros la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, par l'intermédiaire d'Eric Woerth ().

"FEU DE PAILLE"

L'Elysée fait valoir que l'homme de confiance de l'héritière de L'Oréal, Patrice de Maistre, entendu mardi soir par la police, a contesté les allégations de Claire Thibout.

"Il est venu avec son agenda électronique pour montrer qu'il n'avait jamais eu d'entretien avec Eric Woerth pendant la période concernée", souligne un conseiller du chef de l'Etat. "C'est un feu de paille. Ça s'éteint comme ça s'est allumé."

Le procureur Philippe Courroye a annoncé son intention d'ouvrir une procédure pour "blanchiment de fraude fiscale", visant Liliane Bettencourt et la société qui gère sa fortune et employait jusqu'à récemment l'épouse d'Eric Woerth, Florence.

Enfin, les députés socialistes réclament une commission d'enquête parlementaire sur la gestion du dossier Bettencourt par Eric Woerth lorsqu'il était à Bercy.

Le président UMP de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a dit ne pas y être opposé. Mais cette commission ne pourra être mise sur pied qu'à la rentrée parlementaire, cet automne.

Pressé par les ténors de sa majorité de s'exprimer devant les Français, Nicolas Sarkozy a déclaré aux députés centristes qu'il "réfléchissait" à une éventuelle intervention.

Jusqu'ici, l'Elysée et le porte-parole du gouvernement Luc Chatel ont simplement dit qu'il interviendrait en conseil des ministres lors de la présentation de la réforme des retraites.

Les députés centristes Charles-Amédée de Courson et Jean Dionis du Séjour ont jugé le chef de l'Etat plutôt serein.

"Je ne vois pas comment ça peut durer longtemps", estime cependant le sénateur centriste Jean Arthuis, pour qui "les conditions de la sérénité" ne sont pas remplies.

Edité par Yves Clarisse