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Politique

Nicolas Sarkozy reste ferme mais cherche la sortie

Nicolas Sarkozy a de nouveau affiché mercredi sa fermeté face aux opposants à la réforme des retraites mais cherche le moyen de sortir de la crise par le haut, à moins de 18 mois de l'élection présidentielle de 2012. /Photo prise le 15 octobre 2010/REUTER

Nicolas Sarkozy a de nouveau affiché mercredi sa fermeté face aux opposants à la réforme des retraites mais cherche le moyen de sortir de la crise par le haut, à moins de 18 mois de l'élection présidentielle de 2012. /Photo prise le 15 octobre 2010/REUTER - -

par Emmanuel Jarry PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a de nouveau affiché mercredi sa fermeté face aux opposants à la réforme des retraites mais...

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a de nouveau affiché mercredi sa fermeté face aux opposants à la réforme des retraites mais cherche le moyen de sortir de la crise par le haut, à moins de 18 mois de l'élection présidentielle de 2012.

Le président de la République pourrait dans un premier temps s'efforcer de tirer parti de deux amendements providentiels de la majorité sénatoriale, qui ouvrent la porte à une reprise du débat sur les retraites après 2012.

Il aura l'occasion d'envoyer un autre signal "social" à la faveur d'un changement de gouvernement en novembre - sans doute après le sommet du G20 à Séoul.

Le chef de l'Etat a réaffirmé en conseil des ministres qu'il mènerait la réforme des retraites jusqu'au bout et entendait, face aux blocages de raffineries et de dépôts de carburant, être le garant de "l'ordre républicain".

Mais même si ce mouvement de protestation se délite dans les semaines à venir, il risque de laisser des traces dans l'opinion publique et les relations entre le pouvoir et les syndicats.

Nicolas Sarkozy pourrait s'efforcer d'y remédier en donnant une coloration "sociale" à la "nouvelle étape" du quinquennat qu'il a promis d'ouvrir une fois la réforme des retraites votée.

De tous les noms cités ces derniers mois pour incarner cette "nouvelle étape" à Matignon, deux semblent surnager à ce stade : ceux du ministre de l'Environnement, Jean-Louis Borloo et de l'actuel Premier ministre lui-même, François Fillon.

Ce sont les deux seuls cités par le secrétaire général de l'Elysée dans un entretien à l'hebdomadaire Valeurs Actuelles.

"Je dirais que le président de la République a l'habitude de travailler avec François Fillon qui est fidèle, populaire et a une très bonne relation avec le Parlement", dit Claude Guéant.

"PATRIOTISME INDUSTRIEL"

"Quant à Jean-Louis Borloo, il ne faut pas oublier que, comme François Fillon, il a été ministre du Travail et de la Cohésion sociale", ajoute ce proche conseiller du chef de l'Etat. "Il a pour lui deux qualités : c'est un orfèvre en matière sociale et il a l'oreille des syndicats."

La feuille de route du prochain gouvernement sera "tournée vers l'action" et l'"innovation", souligne Claude Guéant.

Nicolas Sarkozy entend ainsi remettre au goût du jour le thème du "patriotisme industriel", cher aux syndicats, auxquels il pourrait proposer un programme de travail, et s'est engagé à traiter le problème de la dépendance des personnes âgées.

Claude Guéant récuse l'interprétation qui a été donnée du mot "pause", utilisé par le président dans le Figaro Magazine du 12 mars dernier. Le chef de l'Etat voulait seulement parler d'une "mise à plat de certains textes législatifs", dit-il.

En attendant, Nicolas Sarkozy pourrait adresser un premier signal d'apaisement en laissant passer un des deux amendements ouvrant la porte à un débat sur une réforme "systémique" après l'élection présidentielle de 2012, ou un mélange des deux.

Le premier, déposé fin septembre par le sénateur Jean Arthuis et le groupe centriste, propose de compléter la réforme actuelle par la mise en place à l'horizon 2020 d'un "régime de retraite universel" inspiré de la retraite à points.

L'autre déposé à peu près au même moment par le président du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet, propose d'ouvrir le débat sur une réforme "systémique" dès le premier semestre 2014.

Il suggère d'examiner les conditions de mise en place d'un régime universel par points ou en comptes notionnels et les moyens de faciliter le libre choix par les assurés du moment et des conditions de leur cessation d'activité.

LE GOUVERNEMENT CAMPE SUR LES 62 ANS

Ces deux amendements, qui devaient être examinés par le Sénat au plus tard jeudi, rejoignent les préoccupations de la commission Attali sur les conditions de la croissance.

Dans un rapport remis vendredi à Nicolas Sarkozy, celle-ci juge insuffisante la réforme actuelle et propose de mettre en chantier un système de retraite à la carte pour l'après-2020.

Ces propositions se rapprochent aussi de celles de la CFDT, qui prône également une réforme systémique.

L'entourage de Gérard Longuet avait bon espoir mercredi que son amendement serait voté, ce que le gouvernement pourrait être tenté d'utiliser pour diviser le front syndical.

Un scénario que le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a refusé mercredi de confirmer : "Pourquoi voulez-vous prévoir un nouveau débat, une nouvelle réforme sur les retraites alors que nous engageons une réforme dont l'objectif est d'équilibrer le système à l'horizon des dix prochaines années ?"

"Il n'est pas prévu de clause de revoyure dans cette réforme" et le gouvernement n'a pas l'intention de déposer d'amendement en ce sens, a-t-il ajouté.

Il a en revanche réaffirmé qu'il n'était pas question pour le gouvernement de revenir sur le report de l'âge légal de la retraite à 62 ans, la disposition la plus contestée.

"Depuis le début des discussions, le texte a beaucoup évolué et des améliorations sensibles ont été apportées", a-t-il dit. "La question finale est de savoir si on remet en cause les mesures d'âges (...) Ça n'est pas possible parce que c'est le coeur même de la réforme."

Edité par Yves Clarisse