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Nicolas Sarkozy met en cause un complot anti-réformes

Nicolas Sarkozy a imputé à un complot anti-réformes les turbulences que traversent depuis plus d'un mois son gouvernement et sa majorité. Lors d'une émission spéciale sur France 2 à la veille de la présentation d'un projet de loi sur la refonte des retrai

Nicolas Sarkozy a imputé à un complot anti-réformes les turbulences que traversent depuis plus d'un mois son gouvernement et sa majorité. Lors d'une émission spéciale sur France 2 à la veille de la présentation d'un projet de loi sur la refonte des retrai - -

Nicolas Sarkozy a imputé à un complot anti-réformes les turbulences que traversent depuis plus d'un mois son gouvernement et sa majorité.

A la veille de la présentation d'un projet de loi sur la refonte des retraites, le chef de l'Etat s'est efforcé pendant une heure, lors d'une émission spéciale sur France 2, de montrer qu'il y avait bien un pilote dans l'avion de l'Etat.
Il a ainsi réitéré sa confiance en Eric Woerth, le ministre du Travail, fragilisé par la polémique sur ses liens avec l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, soupçonnée d'évasion fiscale et de financement politique illégal. Il a souligné que personne n'avait rien trouvé à redire jusqu'ici au fait qu'il soit en même temps trésorier de l'UMP, le principal parti de la majorité. "Comme par hasard, ça devient gênant à la minute où Eric Woerth défend le projet de réforme des retraites, qu'un certain nombre de gens veulent arrêter", a poursuivi Nicolas Sarkozy. "Voilà qu'avec la réforme des retraites on me décrit comme quelqu'un qui, depuis 20 ans, irait chez Mme Bettencourt pour ramasser des enveloppes ! C'est une honte", a-t-il ajouté, faisant allusion à des propos de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, rapportés par le site Internet d'information Mediapart, partiellement démentis ensuite.

Ne pas céder à « l'agitation du milieu »

"Quand vous mettez en oeuvre des réformes, vous bousculez des intérêts, vous bousculez des situations acquises, vous gênez un certain nombre de gens et la réponse c'est bien souvent la calomnie", a fait valoir Nicolas Sarkozy.

La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a estimé qu'il n'avait apporté aucune clarification. "On a presque l'impression qu'il est au coeur d'un complot", a-t-elle déclaré sur France 3.

Nicolas Sarkozy s'est abstenu d'attaquer la presse, montrée du doigt par les ministres et dirigeants de la majorité. Il a dit n'avoir aucune raison de se séparer d'Eric Woerth, selon lui "lavé de tout soupçon" par l'Inspection générale des finances et qui défendra la réforme des retraites. Il a en revanche dit avoir "conseillé" au ministre du Travail de renoncer à ses fonctions de trésorier de l'UMP. Mais il a confirmé qu'il y aurait un remaniement ministériel après le vote de la réforme des retraites fin octobre et laissé entendre que ce serait un gouvernement resserré, sans donner de garantie, au-delà de cette échéance, sur le sort de celui qui faisait figure jusqu'à récemment de Premier ministre potentiel.

Nicolas Sarkozy, qui a dû se résigner à se séparer le 4 juillet de deux secrétaires d'Etat épinglés pour des écarts de conduite, Alain Joyandet et Christian Blanc, a assuré qu'il n'entendait pas céder aux ténors de la majorité qui réclament un changement plus rapide de gouvernement. "Je suis (...) chef de l'Etat d'un pays de 65 millions d'habitants. Je n'ai pas le droit de céder à l'agitation du milieu", a-t-il déclaré. "Les remaniements ne se font pas parce que tout d'un coup les commentateurs s'agitent."

Il a également réaffirmé qu'il ne prendrait sa décision de briguer un deuxième mandat en 2012 qu'à l'automne de 2011.

« Rigoureux »

Le chef de l'Etat a assuré que les manifestations programmées par les syndicats le 7 septembre contre la réforme des retraites n'auraient pas d'influence sur celle-ci. Le report à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite, "nous n'y toucherons pas", a-t-il déclaré. Il s'est dit en revanche ouvert à des discussions sur la prise en compte de la pénibilité et les carrières longues. "Ceux qui ont commencé [à travailler] avant 18 ans, nous garantissons qu'ils pourront partir avant 60 ans au plus tard", a-t-il ainsi déclaré. Ce sera également le cas pour ceux qui justifieront d'une invalidité professionnelle d'au moins 20%.

En pleine préparation d'un plan draconien d'économies pour réduire les déficits publics de deux points de PIB en 2011, le chef de l'Etat a récusé le mot rigueur mais s'est dit "rigoureux". "Le mot rigoureux, ça veut dire qu'on revient à l'équilibre. Je le ferai", a déclaré Nicolas Sarkozy, selon qui les niches fiscales seront "rabotées" de sept à neuf milliards d'euros.

Avec Gérard Bon, édité par Yves Clarisse

La Rédaction, avec REUTERS