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Nicolas Sarkozy envisage d'aller à Benghazi avec David Cameron

Nicolas Sarkozy et le président du Conseil national de transition libyen (CNT), Moustafa Abdeldjeïl, à l'Elysée mercredi. Le président français envisage d'aller rapidement à Benghazi à l'invitation du CNT avec le Premier ministre britannique David Cameron

Nicolas Sarkozy et le président du Conseil national de transition libyen (CNT), Moustafa Abdeldjeïl, à l'Elysée mercredi. Le président français envisage d'aller rapidement à Benghazi à l'invitation du CNT avec le Premier ministre britannique David Cameron - -

Nicolas Sarkozy envisage d'aller rapidement à Benghazi à l'invitation du Conseil national de transition libyen (CNT) avec le Premier ministre britannique David Cameron, a-t-on appris vendredi de sources françaises.

Le président du CNT, Moustafa Abdeldjeïl, a invité mercredi le chef de l'Etat français dans le bastion des insurgés libyens lors d'un entretien à l'Elysée, en estimant que ce serait un geste "extrêmement important pour le moral de la révolution".

Nicolas Sarkozy a bien l'intention de répondre à cette invitation, dit-on à la présidence française, où l'on souligne cependant qu'il ne serait pas prudent d'avancer une date.

Interrogé par RTL, le représentant de la France à Benghazi, Antoine Sivan, a estimé que ce serait un "très beau geste".

"Il n'y a pas de date mais il ira", confirme une source familière du dossier libyen. "Ça se prépare. Ça va aller vite, sans doute courant mai et plutôt dans la première quinzaine."

"Le président attend que son agenda se combine avec celui de David Cameron", ajoute la même source, qui a requis l'anonymat. "L'idée est que ça soit un voyage franco-britannique."

France et Royaume-Uni mènent avec les Etats-Unis la coalition internationale qui soutient les insurgés par des frappes aériennes contre les forces fidèles à Mouammar Kadhafi.

Nicolas Sarkozy, premier dirigeant occidental à avoir reconnu le CNT et proposé des frappes ciblées pour empêcher le dirigeant libyen d'utiliser ses avions et ses armes lourdes contre la population civile, a promis à Moustafa Abdeldjeïl une intensification des raids aériens internationaux.

Dans l'esprit du président français, l'objectif est aussi d'obliger Mouammar Kadhafi à négocier son départ.

Une visite à Benghazi constituerait un levier supplémentaire pour améliorer le rapport des forces en faveur des insurgés et tenter ainsi de précipiter la chute du régime actuel.

UNE VISITE À RISQUE

Les combats menacent de s'enliser, notamment à Misrata, ville assiégée par l'armée libyenne et verrou sur la route de Tripoli, située à 200 km plus à l'Ouest.

La France, le Royaume-Uni et l'Italie, qui refusent jusqu'ici d'envisager une intervention militaire au sol, ont décidé d'envoyer des conseillers militaires auprès des insurgés.

Ces officiers de liaison donneront des conseils "d'ordre technique, logistique et organisationnel", a expliqué Antoine Sivan. "Ça sera une petite équipe d'officiers et leur rôle sera d'aider le CNT à protéger les populations civiles."

En revanche, ils ne participeront pas aux combats et n'entraîneront pas les insurgés, a ajouté ce diplomate.

Nicolas Sarkozy, qui a reçu il y a quelques jours le chef militaire des insurgés, le général Abdelfattah Younes, est aussi soucieux de renforcer la crédibilité politique du CNT, alors que se pose la question de la succession du régime Kadhafi.

Selon une source proche de l'opposition libyenne, Moustafa Abdeldjeïl, ancien ministre de la Justice et un des premiers dignitaires à avoir fait défection, avait en poche une liste de personnalités de Tripoli avec lesquels il est prêt à travailler et est en contact, lors de son entretien avec Nicolas Sarkozy.

Si elle se confirme, la visite du président français à Benghazi sera tenue secrète aussi longtemps que possible et de courte durée, notamment pour des raisons de sécurité.

Le chef de l'Etat a vraisemblablement en tête le précédent du président socialiste François Mitterrand, qui était allé en 1992 à Sarajevo, en pleine guerre des Balkans après l'explosion de l'ex-Yougoslavie. Ce sera, en tout cas, une visite à risque.

"J'espère de tout mon coeur que Nicolas Sarkozy réussira à Benghazi ce que François Mitterrand a raté en 1992 à Sarajevo", a déclaré à Reuters l'écrivain Bernard-Henri Lévy, qui a joué les intermédiaires entre les insurgés et Paris depuis le début.

"La belle idée s'était transformée en piège terrible pour les Bosniaques dont elle avait aggravé la situation."

Par Emmanuel Jarry, Edité par Yves Clarisse