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Nicolas Sarkozy défend la nécessité de réformer jusqu'au bout

Au lendemain du sommet de crise réuni à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a défendu jeudi la nécessité urgente de faire baisser le coût du travail en France, indiquant qu'il s'agissait d'arrêter une véritable hémorragie de l'industrie du pays. /Photo prise le 19

Au lendemain du sommet de crise réuni à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a défendu jeudi la nécessité urgente de faire baisser le coût du travail en France, indiquant qu'il s'agissait d'arrêter une véritable hémorragie de l'industrie du pays. /Photo prise le 19 - -

par Yann Le Guernigou LYON (Reuters) - Au lendemain du sommet de crise réuni à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a défendu jeudi la nécessité urgente de...

par Yann Le Guernigou

LYON (Reuters) - Au lendemain du sommet de crise réuni à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a défendu jeudi la nécessité urgente de faire baisser le coût du travail en France, indiquant qu'il s'agissait d'arrêter une véritable hémorragie de l'industrie du pays.

Le chef de l'Etat, qui présentait à Lyon ses voeux au monde économique, a de même estimé que tout n'avait pas été tenté pour enrayer la hausse du chômage, afin de justifier les mesures arrêtées lors de sa réunion de la veille avec les partenaires sociaux.

A trois mois de la présidentielle, il n'a pas manqué de profiter de cet exercice pour esquisser un bilan de sa politique économique, insistant sur la réforme des retraites, l'autonomie des universités ou encore la baisse des effectifs dans la fonction publique d'Etat.

Alors qu'il est encore à la traîne dans les intentions de vote par rapport à son rival socialiste François Hollande, il a surtout justifié son activisme actuel par la gravité d'une crise qui nécessite des réponses rapides.

"J'ai été élu président de la République pour cinq ans et je travaillerai jusqu'à la dernière minute de mon mandat. Je demanderai aux parlementaires et au gouvernement de prendre les décisions qui s'imposent", a-t-il dit.

Ces "décisions extrêmement lourdes" concerneront la baisse du coût du travail via le transfert du financement d'une partie de la protection sociale sur d'autres supports que les salaires, une idée qui suscite des réserves jusqu'au sein de la majorité.

PERTE DE SANG INDUSTRIEL

En visite dans la matinée dans une usine de fers à repasser du groupe Seb à Pont-Evêque, dans l'Isère, puis dans son allocution de voeux, il a dramatisé les enjeux des décisions à venir, qui seront arbitrées d'ici la fin du mois, en insistant sur les risques d'une poursuite des délocalisations.

"Il faut à tout prix enrayer le déclin industriel, il faut à tout prix garrotter la perte du sang industriel de la France", a-t-il déclaré, soulignant que la part de marché de l'industrie française avait reculé de plus de trois points dans la zone euro depuis dix ans pour s'établir à 12%.

"Vous avez peut-être entendu les débats où on dit, il ne faut pas augmenter la TVA, il ne faut pas augmenter la CSG, il ne faut rien augmenter (...) mais on oublie une chose, si on reste comme on est, les délocalisations continueront", a-t-il ajouté devant les ouvriers de Seb dans une allusion aux solutions envisagées pour compenser la baisse annoncée des charges pesant sur les salaires.

"Nous voulons (...) que votre salaire ne soit pas touché, que votre protection sociale ne soit pas touchée mais que ça revienne moins cher à l'entreprise pour qu'elle n'ait pas la tentation d'aller produire ailleurs pour fabriquer moins cher", a-t-il encore dit.

"ON N'A PAS TOUT ESSAYÉ"

S'agissant du chômage, il a estimé qu'"on n'a pas tout essayé", défendant ainsi les mesures annoncées mercredi pour enrayer sa hausse tout en opposant son attitude à celle d'un de ses prédécesseurs, le socialiste François Mitterrand, qui avait déclaré le contraire après la débâcle de la gauche aux législatives de 1993.

"Quand on pense qu'il n'y a plus rien à faire, on donne beaucoup de perspectives à tous ceux qui sont irresponsables et qui veulent se nourrir des peurs, des angoisses et des souffrances, non pour les guérir mais pour les utiliser", a poursuivi Nicolas Sarkozy.

"La fatalité ne fait pas partie de mon vocabulaire", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il ne serait "jamais l'homme d'un nouveau Vilvoorde", en référence à un autre dirigeant socialiste, Lionel Jospin. Alors Premier ministre, il avait laissé Renault fermer cette usine belge en 1997 après avoir promis qu'il s'y opposerait lors de la campagne des législatives qui lui ont permis d'accéder à Matignon.

Nicolas Sarkozy a conclu ses voeux en insistant sur la nécessité pour un dirigeant d'être aujourd'hui "pragmatique, ouvert" et de "décider très rapidement" face aux évolutions du monde, au moment où l'UMP, son parti, reproche à François Hollande de ne pas savoir décider.

"Il faut prendre beaucoup plus rapidement des décisions beaucoup plus importantes", a-t-il dit en insistant sur la nécessité, dans ce nouveau monde, de dire la vérité aux gens et de faire preuve de courage, autant de qualités que le président sortant met en avant quand il défend son bilan.

avec Emmanuel Jarry, édité par Patrick Vignal