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Nadine Morano, le filon de la polémique?

L'eurodéputée UMP Nadine Morano

L'eurodéputée UMP Nadine Morano - Kenzo Tribouillard - AFP

Ses sorties virulentes sur le niqab ou la polygamie, ses prises de bec sur Twitter ou ses commentaires sur la vie politique ne sont jamais loin des polémiques.  Nadine Morano a construit son personnage public sur un parler vrai et une proximité avec le quidam. Quitte à trop en faire? 

Rappel à la loi: celle votée en France en 2010 stipule que "nul ne peut, dans l'espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage". Alors quand Nadine Morano descend du train Gare de l’Est à Paris mardi et se retrouve nez à nez avec une femme portant un niqab, son sang ne fait qu’un tour. Avec son "parler vrai" revendiqué, l’eurodéputée l’apostrophe mais se heurte à un mur. S’en suivent un tweet racontant la scène, une visite au commissariat le plus proche et un retour dans les gazettes et sur les plateaux. Nadine Morano fait-elle commerce des polémiques qu’elle alimente? Elle se défend avec force auprès de l’Est Républicain de "vouloir faire le buzz".

Puis se justifie sur RMC: "Dans la période où nous vivons, avec les appels au jihad, il était de mon devoir de signaler la présence de cette personne en burqa - dont on ne sait d'ailleurs pas qui est en dessous-, et qui trimballe une valise avec elle. Je suis désolée mais ça crée la suspicion et l'angoisse. ( …) Je parle de terrorisme, là". Nadine Morano n’en est pas à son coup d’essai sur le sujet puisque cet été déjà, la sarkozyste convaincue s’était fendue, en 140 caractères, d’un message contre les femmes qui portent le niqab à la plage

"L'héritage du sarkozysme populaire de 2007"

A regarder de plus près cette façon de faire ressemble au personnage façonné pas à pas par Nadine Morano. "Elle incarne sur les réseaux sociaux ou lors de ses interventions médiatiques un personnage populaire, fort en gueule et proche du peuple", constate Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de communication politique. "C’est l’héritage du sarkozysme populaire de 2007, du ‘travailler plus pour gagner plus’. Mais ses exagérations et ses colères tendent vers le populisme et entretiennent aujourd’hui une caricature dénuée de fond politique", explique-t-il à BFMTV.com. 

Depuis son poste de porte-parole de l’UMP à son entrée au gouvernement Fillon en passant par ses sorties sur la polygamie en 2008 ou sur l’islam en 2009, Nadine Morano a toujours, outre, les réseaux sociaux alimentée sa légende de femme populaire, ni diplômé de l’ENA, ni issue d’une famille aisée. Une "authenticité" orchestrée et utilisée à bon escient politiquement pendant les années de pouvoir de l’UMP mais qui désormais dérape. "Sous Nicolas Sarkozy elle représentait l’élue qui pouvait dire: ‘Je suis comme vous et je crois en lui‘", explique Philippe Moreau-Chevrolet. 

"Le discours de vérité a viré au clownesque"

Il y a près d’un mois, le Canard enchaîné lui prêtait la maternité du sobriquet "chihuahua" pour le jeune porte-parole Gérald Darmanin et le qualificatif peu amène de "crevure" pour Laurent Wauquiez, nouveau soutien de l’ex président de la République. Nadine Morano a démenti ces propos rapportés mais il flotte dans l'air comme un parfum de rupture. Désormais le positionnement du candidat à la présidence de l’UMP a changé et Nadine Morano écartée des premiers rangs.

Le problème aujourd’hui, "c’est que le discours de vérité a viré au clownesque. Elle n’a plus rien à vendre malgré une surexposition médiatique, interprète Philippe Moreau-Chevrolet. Nadine Morano devrait se taire et retrouver le personnage politique qu’elle avait intelligemment construit à ses débuts".

Samuel Auffray