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Politique

Municipales: Philippe donné gagnant au Havre avec 53% des voix, selon un sondage

Edouard Philippe au Havre le 20 février 2020.

Edouard Philippe au Havre le 20 février 2020. - LOU BENOIST / AFP

La cité normande semble toutefois imperméable à la hausse de la cote de popularité du Premier ministre, constatée dans les sondages à la faveur de la crise sanitaire.

En "petit état de grâce" au niveau national, Édouard Philippe n'a qu'un mince matelas d'avance sur son concurrent communiste dans son fief du Havre, où l'inconnue de l'abstention épice le second tour des élections municipales et fait peser de l'incertitude sur son avenir.

Chacun des camps trouve un raison d'espérer à la lecture de l'attendue enquête Ifop-Fiducial pour Paris Normandie et Sud Radio parue jeudi, mais dont les résultats circulaient déjà la veille. Avec 53% des intentions de vote pour Édouard Philippe le 28 juin, contre 47% au député communiste Jean-Paul Lecoq, le Premier ministre est placé en ballottage favorable, sans pour autant décrocher son adversaire.

"Même si c'est relativement serré, cela permet à Édouard Philippe de voir venir. 53-47, c'est tout de même net", analyse auprès de l'AFP Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.

Arrivé en tête du premier tour avec 43,6%, Édouard Philippe "capitalise sur sa dynamique alors que l'arithmétique ne lui est pas si favorable que cela", poursuit Frédéric Dabi, en pointant notamment la faible réserve de voix théorique du sortant, qui avait déjà rassemblé sous sa bannière un arc allant de la droite au centre-gauche.

L'électorat écologiste partagé entre les deux finalistes

Selon l'enquête, le Premier ministre récupère une frange de l'électorat du candidat écologiste Alexis Deck (8,28%) qui semble se partager équitablement entre un vote Philippe (46%) et Lecoq (54%).

Alors qu'une défaite obligerait Édouard Philippe à quitter Matignon, son entourage ne cache pas son soulagement au vu de ces six points d'écart, malgré les précautions imposées par un échantillon limité à 600 personnes. "Le second tour, on l'a toujours imaginé très serré et Le Havre a toujours été une ville difficile à gagner", rappelle un proche.

Édouard Philippe, instruit par l'expérience d'une primaire perdue en 2016 aux côtés d'Alain Juppé, sait aussi qu'une embellie peut "fondre comme neige au soleil", selon ce même ami. 

Le Havre semble aussi relativement imperméable au "petit état de grâce", dixit Frédéric Dabi, que vit Édouard Philippe au niveau national. Les sondages ont vu sa cote de popularité grimper en flèche à la faveur de la crise sanitaire, loin devant Emmanuel Macron, une majorité de Français approuvant désormais son action. 

"Mais les ressorts du vote municipal sont complexes, et ne sont pas ceux d'une cote de popularité", prévient Frédéric Dabi. 

L'inconnue de l'abstention

Surtout, l'étude ne mesure pas le niveau d'abstention, structurellement élevé au Havre (62% en 2014, 53% au premier tour 2020) et qui pourrait l'être même davantage en raison du contexte sanitaire.

Jean-Paul Lecoq, qui a réuni 35,88% des voix au premier tour, au-delà de ses espérances, compte piocher dans le vivier des abstentionnistes au sein des quartiers populaires où il a réalisé des scores élevés en mars. "Nous avons la plus forte réserve de voix et Édouard Philippe le sait", relève-t-il auprès de l'AFP.

"Le vote 'contre' Philippe peut encore s'amplifier et faire la différence à la fin", veut-il encore croire, "motivé" par "la dynamique" qu'il observe dans l'étude Ifop.

La glace est donc fine pour Édouard Philippe qui devrait entamer sa campagne la semaine prochaine par une interview dans la presse locale, selon son entourage. "Il veut d'abord parler aux Havrais", explique-t-on de même source.

La campagne entravée par l'épidémie

Revenu plusieurs fois discrètement au Havre depuis le déconfinement le 11 mai, parfois au prix d'allers-retours dans la soirée, Édouard Philippe est cependant entravé par l'épidémie qui, même en décrue, l'empêche de mener une campagne toutes voiles dehors.

Il sait que le respect des règles dont il fait la promotion en tant que Premier ministre - distanciation physique, interdiction de rassemblement... - sera particulièrement scruté. "Dès qu'il met le pied à l'extérieur, cela devient compliqué d'échapper aux sollicitations", note une source de sa campagne en racontant que le week-end dernier il avait dû s'employer à refuser des selfies.

Alors que chacun devra faire preuve d'inventivité, peut-être s'inspirera-t-il alors de Jean-Paul Lecoq qui prévoit de s'installer avec "camion et sono au pied des immeubles" pour rallier les suffrages.

C.M. avec AFP