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Municipales: le RN veut voir les choses en grand en Seine-Saint-Denis

Jordan Bardella, originaire de Seine-Saint-Denis.

Jordan Bardella, originaire de Seine-Saint-Denis. - Bertrand GUAY / AFP

Le Rassemblement national prépare déjà activement sa campagne pour les Municipales du printemps prochain en Seine-Saint-Denis. Il a déjà choisi cinq candidats têtes de liste dans ce département, comme le signale L'Opinion ce lundi.

Un département où la population d'origine immigrée est nombreuse, charpenté encore aujourd'hui par une "ceinture rouge" qui a certes perdu de sa superbe mais résiste, où Marine Le Pen a le plus grand mal à tenir des meetings, la Seine-Saint-Denis fait figure de bête noire pour le Rassemblement national. Mais il compte bien investir cette fois-ci les conseils municipaux dès les élections municipales de 2020, quand bien même il devait ne pas décrocher de mairie. Cinq candidats, destinés chacun à prendre la tête d'une liste pour le scrutin distant de neuf mois, ont déjà été désignés, a signalé ce lundi L'Opinion qui note encore que la commission d'investiture du parti doit se pencher sur d'autres postulants à la mi-juillet, à commencer par ses représentants qui seront chargés de partir à la conquête de villes comme Saint-Denis, Drancy, ou Rosny-sous-Bois.

Constituer une liste: une gageure 

Les cinq candidats officialisés le seront dans les villes suivantes: Montreuil, Aubervilliers, Villepinte, Noisy-le-Grand, Vaujours. Une poignée de noms, rien d'ébouriffant sauf qu'en 2014, lors de la précédente édition, celui qu'on appelait encore le FN n'avait pu constituer que deux listes, l'une à Rosny-sous-Bois, l'autre à Noisy-le-Grand. Sans être ridicules, aucune d'entre elles n'avait réussi à décoller: la première avait accumulé 10,49% des suffrages exprimés au second tour, quand l'autre avait récolté 10,73%.

La difficulté pour le Rassemblement national, ou son aîné du FN, a être présent localement en Seine-Saint-Denis provient d'abord de la nécessité d'avancer sur sa liste autant de noms qu'il y a de sièges de conseillers municipaux à pourvoir, de 7 (pour les communes de moins de 100 habitants) à 69, pour celles qui en comptent plus de 300.000. Ainsi, pour concourir à Saint-Denis, forte de 110.000 habitants, par exemple, il faut être en mesure d'assembler 55 personnalités.

Et un engagement lepéniste n'est pas forcément ce qui se porte le mieux de ce côté de l'Île-de-France. Il y a quelque temps déjà, alors qu'il n'était encore que délégué du FN pour la Seine-Saint-Denis, Jordan Bardella, assurait pourtant à L'Opinion:

"On n’est plus perçu pareil dans les banlieues. Il y a cinq ou six ans, on ne pouvait pas tracter à Drancy. Maintenant en bas d’un immeuble, on entend : 'Ah, vous êtes du Front, moi je ne vote pas mais bonne journée'. Avant, c’était impensable."

Jordan Bardella, comme nouvelle donne 

C'est là l'un des grands changements par rapport à la campagne de 2014. Jordan Bardella, désormais député européen, après avoir mené sa liste à la victoire le 26 mai dernier, et vice-président du RN, est une figure nationale que son mouvement a décidé de mettre en avant ces derniers mois. Or, cette promotion a au moins une vertu pour ce qui est de l'affichage: né à Drancy, lycéen à Saint-Denis, Jordan Bardella est un régional de l'étape en plus d'être une tête de proue de l'appareil de Marine Le Pen.

D'autres vents favorables viennent gonfler les voiles du RN au moment de remonter la Seine. Aux dernières Européennes, il a pris la tête dans 18 communes sur quarante. Pour autant, le parti a connu une érosion sensible par rapport à son score en 2014, également dans le cadre du scrutin continental. Sébastien Jolivet, délégué départemental du RN, développait cependant auprès du Monde au lendemain des Européennes de mai dernier:

"Nous étions très satisfaits à l’annonce des résultats car nous avons été les seuls à stabiliser notre nombre d’électeurs par rapport à 2014." 

Il faudra cependant faire un peu mieux pour espérer bien figurer dans les Municipales du "93".

Robin Verner