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Politique

Mouvements sociaux, fraude fiscale, Constitution: les passes d'armes entre Macron et Plenel

Mouvements sociaux, fraude fiscale, statut de chef des armées... Emmanuel Macron et Edwy Plenel ont multiplié les passes d'armes ce dimanche sur notre antenne.

C'est un match en trois rounds. Les échanges entre le président de la République et le fondateur de Mediapart Edwy Plenel, ce dimanche soir sur notre antenne, ont été pour le moins tendus. Le bras de fer entre le journaliste et le chef de l'Etat s'est joué en trois manches, d'abord sur le rôle de chef des armées, puis sur les mouvements sociaux et la fraude fiscale.

Souveraineté

Interrogé par Edwy Plenel sur l'absence de débat parlementaire avant le déclenchement des frappes contre le régime syrien, le président de la République a vivement répliqué, contestant mener un "exercice solitaire du pouvoir". Emmanuel Macron a ainsi renvoyé son interlocuteur au texte de la Constitution. 

"Je ne parlerais pas d’un pouvoir solitaire. Je parlerais d’une responsabilité, celle de chef des armées, qui est définie par notre Constitution. Ce n’est pas moi qui l’ai décidé, c’est notre Constitution. Constitution votée par le peuple français. Ça peut vous déplaire, mais c’est le cas", a riposté le président. Et de conclure:

"On ne va pas changer de Constitution parce qu’elle ne vous plait pas. Si elle ne vous plait pas, vous pouvez proposer de la changer, et vous présenter devant le peuple pour la changer. C’est ça la souveraineté du peuple. Ça n’est pas dire: moi la Constitution ne me plait pas ou me parait archaïque. Il y en avait d’autres pour changer la Constitution dans la campagne présidentielle. Ils ne l’ont pas gagnée." 

"Question ou plaidoyer ?"

"Vous vous êtes trompé sur le nom de votre mouvement, vous auriez dû l’appeler ‘En Force’", a ensuite poursuivi Edwy Plenel, dans une intervention aux allures de question rhétorique. "Si vous avez récemment ajouté le mot ‘unir’ à votre communication, est-ce que ce n’est pas parce que vous prenez soudain conscience que vous avez divisé le pays au lieu de le rassembler?"

"Est-ce une question ou un plaidoyer?", a répliqué Emmanuel Macron. "Il n’y a jamais de mauvaise question, mais il peut y avoir des questions orientées." 

"Nous sommes là pour poser les questions qui sont dans les colères du pays, et elles peuvent vous déplaire, mais nous sommes là pour le faire", s'est alors défendu le journaliste de Mediapart.

Riposte d'Emmanuel Macron:

"Je dis que votre question amalgame des choses profondément différentes. Vouloir faire masse, c’est en quelque sorte présenter tout cela comme relevant d’une cohérence, ce que je conteste. Je conteste l’orientation de votre question qui viserait à voir une logique ou à vouloir créer une coagulation dans ces mécontentements."

"Totalement mesquin"

Sur des charbons ardents sur la question de la fraude et de l'évasion fiscale, Emmanuel Macron, a adressé une pique au média fondé par Edwy Plenel.

"L’administration fiscale, dès qu’elle voit un article de presse comme celui de Mediapart, elle lance immédiatement un contrôle fiscal. Elle le fait même sans, vous l’avez peut-être expérimenté, je crois d’ailleurs que par le passé vous avez pu en souffrir, vous-même vous aviez décidé de vous affranchir des règles fiscales", a affirmé le président de la République, en référence à une ardoise de 4,1 millions d'euros payée au fisc par Mediapart pour s'être auto-appliqué un taux réduit de TVA entre 2008 et 2014

"C’est totalement mesquin, vous le savez, toute la profession le sait, nous avons mené un combat pour l’égalité entre presse papier et presse numérique. Nous ne sommes pas des fraudeurs. Ce n’est pas digne de vous", s'est offusqué Edwy Plenel.

Le locataire de l'Élysée a alors rappelé que "l'administration fiscale n’a pas besoin de Mediapart pour lancer un contrôle". Réplique sèche d'Edwy Plenel, dont le journal en ligne a été à l'origine de l'affaire Cahuzac: "Sans Mediapart, il n’y aurait pas de Parquet national financier."

Louis Nadau