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"Momifié" et "sinistre": les politiques étrillent l'annonce de Zemmour

Le discours d'annonce de candidature à l'élection présidentielle du polémiste Éric Zemmour le 30 novembre 2021.

Le discours d'annonce de candidature à l'élection présidentielle du polémiste Éric Zemmour le 30 novembre 2021. - Thomas Samson / AFP

Le monde politique étrille l'annonce de la candidature du polémiste d'extrême droite Éric Zemmour à l'élection présidentielle et sa scénographie mimant l'appel du 18 juin 1940.

Vidéo "sinistre", vision "momifiée" de la France, discours "pastiche" du général de Gaulle: le monde politique étrille mardi l'annonce de la candidature du polémiste d'extrême droite Éric Zemmour à l'élection présidentielle et sa scénographie mimant l'appel du 18 juin 1940.

Après des semaines de spéculations, l'ancien éditorialiste du Figaro et de Cnews s'est jeté à l'eau mardi midi dans une vidéo d'une dizaine de minutes diffusée sur les réseaux sociaux. On l'y voit installé devant une bibliothèque, assis derrière un micro d'époque, dans un parallèle avec l'appel du général de Gaulle du 18 juin 1940.

Son discours fait référence à la France des années 50, images d'archives à l'appui entrecoupées par celles, actuelles, de violences et d'émeutes urbaines, le tout sur le 2e mouvement de la 7e symphonie de Beethoven.

"Le discours de Pétain"

"Le micro de De Gaulle mais le discours de Pétain. La bibliothèque de Pompidou mais les lettres de (l'auteur d'extrême droite) Renaud Camus. La musique de Beethoven mais les fausses notes d'un passé fantasmé pour un présent caricaturé. La France ne mérite pas cette sinistre mise en scène", a déploré le premier secrétaire du PS Olivier Faure dans un tweet.

Deux porte-paroles de la candidate PS à la présidentielle Anne Hidalgo insistent: "C'est un pou qui se dresse sur la tête d'un géant en mimant l'appel du général de Gaulle" pour le député Boris Vallaud, devant la presse à l'Assemblée; c'est "l'extrême droite la plus rance, momifiée dans un passé fantasmé", dénonce Pierre Jouvet dans un tweet.

Une candidature qui "ressemble aux discours de Nuremberg: il a simplement remplacé Wagner par Beethoven", assène de son côté Dominique Bussereau, ancien ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.

Un "teasing Netflix"

Dans la majorité présidentielle, le député LREM Bruno Bonnel évoque "un discours qui enfonce la France dans une espèce de fange noire", sans apporter de "solutions".

"Ce n'est pas de Gaulle qu'on a vu, c'est au mieux (le général) Boulanger. Une espèce de texte lu d'une façon laborieuse, sentencieuse, et une vidéo presque digne d'une ouverture d'un teasing Netflix pour la version de l'apocalypse", a-t-il ajouté sur notre antenne en filant la métaphore cinématographique, comme d'autres chez LREM.

"Ce soir c'est décidé je regarde Nosferatu. Au moins c'est divertissant et c'est une fiction", a ironisé la députée Renew/LREM Nathalie Loiseau, tandis que le député LREM Sacha Houlié souligne "le côté pathétique" à "utiliser des images de violence comme dans un mauvais film coréen", mais aussi "une musique grandiloquente" et un général de Gaulle "singé lamentablement".

"Une déclaration à l'élection présidentielle de 1965"

Au Rassemblement national, parti de la candidate Marine Le Pen un temps dépassée dans les sondages par Éric Zemmour, le porte-parole Sébastien Chenu critique "une mise en scène lugubre", un discours "sur le fond, 'tout est foutu', pas porteur d'espoir", et un candidat qui "témoigne d'une épopée française revisitée".

Chez LR, le député Julien Aubert critique la date de l'annonce - le jour du dernier débat télévisé des candidats LR à l'investiture - et juge que "le choix de Youtube pour parler à la France éternelle est pour le moins surprenant".

"Il y a dans la candidature d'Éric Zemmour une volonté permanente de fracturer, de diviser, de parler de déclinisme, de grand remplacement, de ne donner aucun espoir à la nouvelle génération", dénonce en outre le patron des députés LR à l'Assemblée Damien Abad.

Au final, cette annonce "relève plus d'une déclaration à l'élection présidentielle de 1965", tacle le député LFI Alexis Corbière, mais l'enjeu maintenant est que ce "candidat de la méchanceté, de la haine (...) explique ce qu'il a à dire aux Français si ce n'est leur faire des doigts d'honneur", a-t-il souligné sur BFMTV en référence à l'échange du polémiste avec une passante lors d'un déplacement à Marseille.

D. R. avec AFP