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Pour Bayrou, "les musulmans doivent veiller en premier à signaler les comportements dangereux"

François Bayrou chez Europe 1.

François Bayrou chez Europe 1. - Europe 1

Le président du MoDem et maire de Pau a estimé jeudi que "l'essentiel" du travail de prévention de la radicalisation était "à faire au sein de la communauté musulmane".

Après la vague d'attentats subie par la France, la prévention du terrorisme est le grand défi lancé aux autorités et aux politiques. Comment séparer le bon grain de l'ivraie, autrement dit les musulmans des islamistes en voie de radicalisation? François Bayrou, invité de la matinale d'Europe 1, a son idée sur la question.

"Les musulmans doivent veiller en premier à écarter ou à signaler des comportements dangereux", avance le président du MoDem et maire de Pau. Il juge aussi que "l'essentiel du travail est à faire au sein de la communauté musulmane".

Quid des radicalisés sans aucun lien préalable avec la religion musulmane, ces Français issus de familles de tradition catholique endoctrinés en un temps record? 

"Presque à 50% de ces jeunes (radicalisés, ndlr), sur les chiffres nationaux, ne sont pas de familles musulmanes et la plupart ne sont pas des familles pratiquantes", précisait en avril à l'antenne de RMC, Dounia Bouzar, la fondatrice du Centre de Prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam.

Depuis l'attentat de Nice et celui de Saint-Etienne du-Rouvray, la question est encore plus sensible. François Bayrou avait pointé du doigt une "mosquée salafiste" et une "communauté fanatisée" à Saint-Etienne-du-Rouvray après l'assassinat du prêtre Jacques Hamel. Des propos "à vomir" selon Mohammed Karabila, responsable de cette mosquée. Un responsable qui a expliqué à L'Express bien connaître la victime puisqu'il faisaient tous deux partie d'un comité interconfessionnel créé après les attentats de Charlie Hebdo.

Bayrou pointe le manque de centres de déradicalisation

Le président du parti centriste insiste sur les différences entre ces deux drames qui ne témoignent pas selon lui de l'hétérogénéité du phénomène de radicalisation.

"A Nice, on a un homme qui tourne à la monstruosité sans alerte préalable. Mais ici, on a deux jeunes hommes, l'un a tenté d'aller deux fois en Syrie, il a été mis en prison puis libéré avant qu'il commette cette horreur. Ce qui apparaît à Saint-Etienne-de-Rouvray est qu'il n'y avait pas d'unité de déradicalisation."

Pour François Bayrou, "un effort massif" est à conduire en la matière pour créer "un réseau de centres de déradicalisation efficace qui soit de surveillance et de réinsertion et avec un travail sur la personnalité psychiatrique."

Le premier centre de déradicalisation de France, comprenant une trentaine de places, a ouvert à Bordeaux au début de l'année 2016. Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports en avait explicité la démarche.

"Nous avons besoin de comprendre ce processus complexe et multiforme pour agir. Je défends une notion de prévention, d'accompagnement, mais si la sanction pénale doit intervenir, elle interviendra", avait alors souligné le ministre. 

Un site internet (radicalisation.fr) permet d'effectuer un signalement et un numéro de téléphone (09 83 59 17 11) fournit une écoute aux familles.

David Namias