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Politique

Mitterrand, rattrapé par son passé ?

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Explications, démission... Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, visé par une polémique sur de prétendues expériences de tourisme sexuel en Thaïlande, s'explique ce soir sur TF1.

Des proches de Nicolas Sarkozy prennent la défense de Frédéric Mitterrand, mis en cause pour un récit autobiographique paru en 2005 dans lequel il évoque des expériences de tourisme sexuel en Thaïlande. Mais le ministre du Travail, Xavier Darcos, réclame des explications et des voix à gauche demandent sa démission. L'entourage du chef de l'Etat, qui ne s'est pas exprimé publiquement sur la polémique visant le ministre de la Culture, invite à entendre les explications de ce dernier, qui s'exprimera ce jeudi soir, dans le cadre du journal de 20 heures de TF1. « Laissons-le s'exprimer et répondre à ces attaques personnelles : ce ne sont pas des attaques sur le fond, ce sont des attaques sur la vie privée », déclare-t-on à l'Elysée.

Sarkozy exclurait sa démission

Nicolas Sarkozy soutient le ministre de la Culture, dont la démission est exclue, laisse-t-on entendre de même source. L'affaire embarrasse dans la majorité et au sein même du gouvernement. La vice-présidente du Front national Marine Le Pen, à l'origine de la controverse qui permet à son parti de revenir sur le devant de la scène, a réitéré ses attaques. « Il doit partir », a-t-elle dit en marge d'une manifestation du FN à Paris.

« On a lâché les chiens »

« On a un peu l'impression qu'on a lâché les chiens, que tout est permis et cela me choque profondément », a rétorqué le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, sur France 3. « Je pense que le débat politique français prend parfois des allures pathétiques (...). Tout cela est plein d'excès et assez indigne », a renchéri Henri Guaino. Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a exclu la démission du ministre de la Culture.

« Mitterrand, loin de faire l'apologie du tourisme sexuel »

Mais à gauche, le député Arnaud Montebourg a demandé, après une "étude minutieuse" de ses écrits, la révocation d'un ministre « ayant agi délibérément en violation des lois nationales et internationales. » Un avis partagé par Jean-Paul Huchon, président socialiste de la région Ile-de-France, tandis que Manuel Valls, autre personnalité du PS, somme Frédéric Mitterrand de s'expliquer en dénonçant des propos "insupportables".
En revanche, Bertrand Delanoë, a appelé à relire l'ouvrage avant de « clouer son auteur au pilori, s'engouffrant ainsi, volontairement ou non, dans la manipulation orchestrée par le Front national. Loin de faire l'apologie du tourisme sexuel, il décrit au contraire l'impasse que représente toute relation tarifée, jetant un regard implacable sur son propre cheminement », estime le maire PS de Paris.

Dans La mauvaise vie, Frédéric Mitterrand évoque son goût pour les jeunes gens et décrit des scènes dans des maisons closes de Thaïlande : « Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves, m'excitent énormément. La profusion de garçons immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n'ai plus besoin de réfréner ou d'occulter », peut-on lire dans ce livre vendu à 190 000 exemplaires.

« Il n'y a pas de faits »

En 2005, lors de deux émissions de télévision, Frédéric Mitterrand avait reconnu avoir payé pour faire l'amour mais nié avoir eu des relations avec des mineurs, affirmant faire la distinction entre "garçons" et "petits garçons". Henri Guaino qualifie La mauvaise vie d'"humainement assez poignant" et estime que Frédéric Mitterrand n'a pas commis de crime ou de délit. « Il n'y a pas de faits », a-t-il dit.
Xavier Darcos, diffère dans son jugement : « Il n'y a pas de juge qui lui court après, personne ne fait de reproche à Frédéric Mitterrand sur le plan légal, on lui fait un reproche sur des comportements personnels, des comportements moraux », a dit le ministre du Travail, estimant que son collègue devait « répondre autrement que simplement par l'indignation ».

Le ministre de la Culture a déjà subi les critiques d'une partie de la majorité pour avoir apporté un soutien appuyé au cinéaste franco-polonais Roman Polanski, arrêté en Suisse le mois dernier pour une affaire de relations sexuelles illégales avec une mineure en 1977 aux Etats-Unis.

Depuis plusieurs années, la France a renforcé la lutte contre le tourisme sexuel en signant des accords internationaux et en encourageant les poursuites pénales sur son sol. La loi ne punit pas seulement le fait de solliciter à l'étranger des mineurs mais également des personnes présentant une vulnérabilité.

La rédaction, avec Reuters