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Mis en examen, le maire se défend avec l'argent des habitants

La Faute-sur-Mer quelques jours après le passage de la tempête Xynthia. 29 personnes avaient trouvé la mort dans la commune.

La Faute-sur-Mer quelques jours après le passage de la tempête Xynthia. 29 personnes avaient trouvé la mort dans la commune. - -

EXCLU RMC- A la Faute-sur-Mer (Vendée), les sinistrés de la tempête Xynthia ont du mal à digérer. Ils avaient porté plainte et obtenu la mise en examen de leur maire. Ils apprennent aujourd'hui que ses honoraires d'avocat sont payés avec l'argent de la commune.

Un an et demi après le passage meurtrier de la tempête Xynthia, qui avait tué 29 personnes à la Faute-sur-Mer (Vendée), les habitants sont estomaqués. Ils vont devoir payer une partie des frais de justice de leur maire, mis en examen pour homicide involontaire et mise en danger de la vie d'autrui. Une quarantaine de sinistrés avaient porté plainte, mettant en cause la responsabilité de René Marratier dans la catastrophe.

Première facture présentée par l'avocat: 100.000 euros

Lors d'un conseil municipal, le 16 novembre dernier, le premier magistrat a fait voter un budget spécial. Objectif: lui payer, pour sa défense, les services d'un ténor du barreau parisien, Me Olivier Metzner. Première facture présentée par l'avocat: 100.000 euros. 16.000 euros sont pris en charge par une assurance. Mais il est décidé que le reste de la somme - 84.000 euros - serait à la charge des contribuables. Lors de la séance, une des adjointes de René Marratier s'inquiète publiquement de savoir si la municipalité a vraiment les moyens de débourser une telle somme. Réponse du maire: la commune a l'obligation de le protéger.

Une obligation légale pour la commune

On lui fait alors remarquer qu'avec cet argent, on pourrait par exemple reconstruire une digue. Nouvelle réponse: ce n'est pas le sujet. « Il est normal que ce soit la commune qui paie ces frais », se justifie-t-il au micro d'RMC. « C'est le maire de la commune de la Faute contre lequel une procédure est engagée. C'est le personnage public. Ce n'est pas moi en tant que personne. Ce n'est pas à moi de prendre en charge ces honoraires. C'est une obligation fonctionnelle que de défendre l'élu que je suis ».

«Ce sont les victimes de Xynthia qui vont devoir payer»

Mais chez de nombreux sinistrés, la pilule est dure à avaler. Depuis quelques jours, ils se rebellent. Des tracts anonymes sont distribués dans les boites aux lettres pour informer les habitants de la manière dont leur maire finance sa défense. « Ce sont les fautais qui vont payer avec leurs impôts », s'insurge Brigitte. « Pour résumer, ce sont les victimes de la tempête Xynthia qui vont devoir payer tout ça », se désole-t-elle. Un dépit d'autant plus marqué que ces habitants ont, eux aussi, dû engager un avocat. Mais qu'à l'inverse de leur maire, ils devront se débrouiller pour payer.