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Migaud : « La France est malade de ses déficits »

Didier Migaud, Président de la Cour des comptes, invité de Bourdin Direct ce jeudi

Didier Migaud, Président de la Cour des comptes, invité de Bourdin Direct ce jeudi - -

Le Président de la Cour des comptes, Didier Migaud, invité de Bourdin Direct ce jeudi sur RMC, exhorte le gouvernement à poursuivre ses mesures d'économie. Dans le cas contraire, la France pourrait perdre sa souveraineté et son indépendance, prévient-il.

Didier Migaud, Président de la Cour des comptes, invité de Bourdin Direct ce jeudi sur RMC, s'inquiète de la situation économique française et encourage le gouvernement à poursuivre ses mesures d'économie pour empêcher le risque de perte de souveraineté et d'indépendance encouru par le pays.

«La France est malade de ses déficits»

« Il y a des déficits extrêmement importants en ce qui concerne le budget de l’Etat, et en ce qui concerne les comptes de la Sécurité sociale. La situation est suffisamment sérieuse pour que des mesures immédiates, fortes, soient prises. A partir du moment où vous atteignez un niveau d’endettement si élevé, vous prenez le risque de perdre une partie de votre indépendance et de votre souveraineté. La France n’en est pas encore là, mais il y a un risque si aucune mesure n’est prise. Manifestement, une prise de conscience s’est opérée au niveau des responsables politiques. Il faut poursuivre. Il faut trouver le bon point d’équilibre pour que le malade ne soit pas mort avant d’être guéri. La France est malade de ses déficits depuis une trentaine d’années » prévient Didier Migaud.

«Un retour à moins de 3% de déficit de nos comptes publiques paraît difficile»

Didier Migaud confie par ailleurs le doute de la Cour des comptes sur les objectifs gouvernementaux de réduction du déficit public : « Au niveau de la Cour, nous avons quelques interrogations sur la capacité de la France à respecter les objectifs d’un retour à moins de 3% de déficit de nos comptes publiques. Ça paraît difficile, sauf si la croissance est au rendez-vous. Un gouvernement a tout à fait le droit de croire que les mesures qu’il prend peuvent alimenter la croissance de façon suffisante… Nous, nous disons que c’est possible si une double action est conduite, à la fois sur la dépense, et sur la recette. Il faut poursuivre dans le chemin qui aujourd’hui est emprunté. »

Pour un gel des salaires des fonctionnaires

Pour parvenir à réduire de façon pertinente le déficit, Didier Migaud évoque quelques pistes formulées par la Cour des comptes : « Si on veut stabiliser la masse salariale, qui représente au niveau de l’ensemble des personnels 85 milliards d’euros dans le cadre du Budget, il faut geler le point de la fonction publiqueCette politique de gel ne peut être que temporaire à partir du moment où est prévu, parallèlement, notamment pour résoudre une partie du problème de la retraite, une augmentation des cotisations des fonctionnaires. »

Retraites : les mesures actuelles ne garantissent pas le retour à l’équilibre d'ici 2018

Didier Migaud exprime enfin l'avis de la Cour des comptes sur le projet de réforme des retraites. La question de sa nécessité ne se pose pas, mais le calcul du gouvernement risque fort de ne pas être juste : « Le déficit au niveau de nos régimes des retraite est déjà là. Il y a 30 milliards d’euros de déficit. Ça nécessite des mesures immédiates et de jouer sur tous les paramètres : l’âge, la durée des cotisations, le montant des cotisations, et l’assiette sur laquelle repose les recettes possibles pour équilibrer les régimes de retraite. Que l’on puisse tenir compte des spécificités, cela revient de la responsabilité des politiques. Il faut faire une réforme qui bien évidemment soit équilibrée et juste. Ce qu’observe la Cour, c’est qu’il n’est pas garanti qu’avec les mesures actuelles, le retour à l’équilibre soit si évident que cela à l’horizon 2018, 2020. Cette réforme est indispensable et ne peut pas être reportée. »

Pour retrouver l'intégralité du podcast de l'interview de Didier Migaud chez Jean-Jacques Bourdin, cliquez ici.

La Rédaction