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Merah sur écoutes téléphoniques jusque fin 2011, confirme Fillon

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PARIS (Reuters) - Mohamed Merah, auteur de sept meurtres à Toulouse et Montauban, a bien été placé sur écoutes téléphoniques à l'initiative des...

PARIS (Reuters) - Mohamed Merah, auteur de sept meurtres à Toulouse et Montauban, a bien été placé sur écoutes téléphoniques à l'initiative des services de renseignement mais cette mesure a été levée fin 2011 faute de résultats, a dit jeudi François Fillon.

Le chef du gouvernement, chargé d'autoriser ou non ces écoutes dites "administratives" - non judiciaires - a expliqué sur France Inter que ces écoutes, menées selon d'autres sources entre mars et novembre 2011, n'avaient rien donné et il a donc exclu implicitement toute faute.

Les questions sont nombreuses depuis la mort de Mohamed Merah, tué jeudi dernier lors d'un assaut de la police dans son appartement toulousain.

Il est apparu que ce jeune homme de 23 ans, condamné 15 fois notamment pour des violences durant sa minorité, avait fait deux voyages en Afghanistan en au Pakistan en 2010 et 2011. La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) l'avait interrogé, après le deuxième voyage, mais il n'avait pas été inquiété après avoir montré des photos de "vacances".

Il était depuis ses voyages interdit d'embarquement sur les lignes aériennes américaines et son frère Abdelkader était fiché aussi par la DCRI après avoir été interrogé dans une enquête judiciaire visant le recrutement de combattants pour l'Irak.

"Mohamed Merah était surveillé pendant plusieurs mois, il a été écouté (...) Ces écoutes n'ont absolument rien donné", a dit François Fillon, qui a précisé que toute la famille Merah avait aussi été écoutée.

LIBERTÉS INDIVIDUELLES

"Aucun élément permettant de penser que Mohamed Merah était dangereux n'a été décelé dans ces écoutes et donc naturellement il a été mis fin à ces écoutes. Nous devons défendre les libertés individuelles", a ajouté le Premier ministre.

"La lutte contre le terrorisme ne nous autorise pas à utiliser les mêmes armes que les terroristes, sinon nous ne serions plus une démocratie", a-t-il conclu.

L'opposition juge peu satisfaisantes ces explications, car, souligne-t-elle, plusieurs milliers de personnes sont placées chaque année sous écoutes prolongées ou/et sous surveillance par la DCRI, alors même que leur profil semble moins suspect que celui de Mohamed Merah.

Il semble donc incompréhensible pour le Parti socialiste, le Front national et le MoDem que la DCRI n'ait pu repérer que Mohamed Merah avait acquis un arsenal d'une dizaine d'armes automatiques, avec lesquelles il a tué trois militaires dans deux attaques à Toulouse et Montauban, puis trois enfants juifs et un père de famille dans une école de Toulouse.

Le candidat PS François Hollande déclare dans un entretien au Monde daté de vendredi qu'il fera, s'il est élu, mener une enquête sur ces possibles fautes.

"Si nous n'étions pas en campagne, il y aurait déjà, au plan parlementaire, des demandes d'information. Après l'élection, des commissions d'enquête devront nécessairement se pencher sur toutes les questions. Je m'engage, si je suis élu, à ce que toute la clarté soit faite sur les éventuelles failles. J'en tirerai toutes les conclusions", dit-il.

Thierry Lévêque, édité par Patrick Vignal