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Politique

Mediapart, un site internet devenu la bête noire du gouvernement

Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, a annoncé mercredi qu'il allait porter plainte contre les membres de l'UMP cherchant à "calomnier", en parlant de "méthodes fascistes", un site internet qui dit-il ne fait que son travail d'information. /Photo d'archiv

Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, a annoncé mercredi qu'il allait porter plainte contre les membres de l'UMP cherchant à "calomnier", en parlant de "méthodes fascistes", un site internet qui dit-il ne fait que son travail d'information. /Photo d'archiv - -

PARIS (Reuters) - Mediapart, figure de la presse internet en France, joue un rôle en pointe dans le volet politique de l'affaire Bettencourt, qui a...

PARIS (Reuters) - Mediapart, figure de la presse internet en France, joue un rôle en pointe dans le volet politique de l'affaire Bettencourt, qui a fini révélation après révélation par ébranler le sommet de l'Etat.

Parti d'un soupçon de complaisance fiscale envers l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, le dossier s'est transformé en affaire de financement illégal touchant le ministre du Travail, Eric Woerth, puis Nicolas Sarkozy.

Sentant le danger, la garde rapprochée du chef de l'Etat tente de discréditer un site qui est devenu la bête noire du gouvernement et, plus largement, la diffusion d'informations par le canal d'internet.

Son fondateur, Edwy Plenel, a annoncé mercredi qu'il allait porter plainte contre les membres de l'UMP cherchant à "calomnier", en parlant de "méthodes fascistes", un site qui dit-il ne fait que son travail d'information.

"Eric Woerth est mis par ses amis dans la pire situation parce qu'Eric Woerth sert de bouclier au président de la République. Tout cela est assez indigne, on devrait laisser la justice travailler", a-t-il dit sur France Info.

Pour Edwy Plenel, l'attaque concertée menée par la seule "garde rapprochée" du chef de l'Etat, témoigne d'un "mépris profond de la démocratie et de la justice dans sa mauvaise foi".

RÉINVENTER UN JOURNAL SUR LE NET

Le ministre du Budget, François Baroin, avait tiré mardi la première salve à l'Assemblée nationale en dénonçant une "cyber-cabale" qui ne fait qu'additionner "les tweets et les blogs".

"Ce fameux site, là! qui me rappelle une certaine presse des années 30", s'est exclamé ensuite, mercredi, le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, au micro de France Info.

Sur RTL, le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a fustigé "un site qui utilise des méthodes fascistes" à partir d'écoutes qui sont, selon lui, "totalement illégales".

Le site fondé il y a deux ans par l'ex-directeur de la rédaction du journal Le Monde a notamment retranscris et mis en ligne des enregistrements pirates d'un ancien majordome de Liliane Bettencourt et le témoignage d'une ex-comptable.

Edwy Plenel a souligné mercredi que la justice avait donné raison à Mediapart en autorisant la poursuite de la diffusion des enregistrements contestés.

Il a estimé que les révélations du site avaient "servi l'Etat" en mettant en évidence un conflit d'intérêt reconnu de fait par Eric Woerth, sa femme ayant démissionné de la société gérant la fortune de Liliane Bettencourt ainsi que des versements politiques sous la forme de chèques, dont un destiné à Nicolas Sarkozy.

Le site estime en outre avoir souligné publiquement la question de "financements politiques illégaux" qu'il appartiendra à la justice d'établir ou non.

"JOURNAL DE QUALITÉ SUR LE NET"

Mediapart, qui renoue avec un type investigation journalistique en France jadis mis en valeur par Edwy Plenel au Monde, se veut un vrai journal, même s'il est en ligne.

"Mediapart s'adresse à une clientèle que ni l'offre de papier existante, ni l'offre en ligne ne satisfont", proclame le site.

Le site, sans publicité, est exclusivement payant et a fait le pari de "réinventer un journal de qualité sur le net", a expliqué Edwy Plenel.

Il approche des 30.000 abonnés et emploie 25 journalistes venus non seulement du Monde, mais de Libération, de La Tribune ou de 20 Minutes, par exemple.

Les rebondissements de l'affaire Bettencourt-Woerth ont dopé la croissance du site, qui a gagné environ 1.400 abonnés sur la seule journée de mardi et 5.000 sur le mois de juin.

L'objectif est d'avoir près de 50.000 abonnés fin 2012 pour atteindre un résultat à l'équilibre.

Mediapart a réalisé en 2009 un chiffre d'affaires de 1,4 million d'euros contre 600.000 euros en 2008.

Gérard Bon, avec Cyril Altmeyer, édité par Gilles Trequesser