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Médecine esthétique: le ministre de la Santé Fréderic Valletoux défend le choix d’Olivier Véran

Frédéric Valletoux reçu à l'Elysée en septembre 2018

Frédéric Valletoux reçu à l'Elysée en septembre 2018 - ludovic MARIN © 2019 AFP

Le ministre délégué à la Santé et à la prévention défend le choix d'Olivier Véran de rejoindre une clinique privée d'esthétisme dans le 8e arrondissement de Paris. Et s'en prend au passage aux critiques émanant des médecins.

"Critiquer pour critiquer". Le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, n'a pas apprécié qu'on moque le choix d'Olivier Véran de rejoindre une clinique privée de médecine et de chirurgie esthétique.

"C'est un choix qui lui appartient, ça concerne son exercice personnel et privé [...] L'important c'est qu'il retourne vers la médecine [...] C'est déjà bien", a-t-il déclaré ce dimanche 24 mars sur France 3 dans l'Émission "Dimanche en politique".

L'ancien président de la Fédération hospitalière de France a tenu à rappeler à plusieurs reprises qu'Olivier Véran rejoignait la "médecine esthétique". "C'est pas de la chirurgie esthétique", a-t-il appuyé.

Souci de cohérence

"Je connais beaucoup de médecins qui -pas forcément parce qu'ils sont passés par de la politique- sont partis faire autre chose", a également fait part le successeur de Véran, qui évoque des dizaines de milliers d'abandons de carrière.

"Les médecins ne peuvent pas d'un côté -je parle pour ceux qui le critiquent- réclamer leur liberté totale d'exercer là où ils veulent, quand ils veulent, au rythme où ils veulent... Et ensuite critiquer celui qui après avoir été médecin et ayant fait de la politique choisit de consacrer une petite partie de son temps à la médecine", s'est agacé le ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention qui a tenu à rappeler qu'Olivier Véran restait parlementaire.

À la question du journaliste "la médecine esthétique, c'est aussi utile que d'être neurologue?", celui dont la nomination en février a été reçue fraîchement par les syndicats hospitaliers a répondu par l'affirmative.

"Pour certains, c'est très utile la médecine esthétique. Critiquer pour critiquer ça ne m'intéresse pas", a déclaré Frédéric Valletoux.

"Sentiment d'abandon"

La décision d'Olivier Véran de rejoindre la Clinique des Champs-Élysées, établissement prisé des célébrités et des influenceurs, avait suscité de vives critiques au sein du personnel soignant.

"Nous par exemple à Grenoble, on ne peut pas prendre en charge tous les accidents cardiovasculaires parce qu'on n'a pas assez de neurologues" avait déclaré le 21 mars sur RMC-BFMTV, Cyrille Venet, anesthésiste-réanimateur au CHU de Grenoble. "Il y a un petit côté abandon", avait-il reconnu.

"Le symbole est terrible", avait fustigé à son tour le cardiologue et fervent défenseur de l'hôpital public Olivier Milleron. "Pendant le Covid, il a demandé aux soignants de faire des sacrifices et il part dans le privé pour aller faire de la médecine lucrative", constatait-il avec déception.

"Être ministre de la Santé vous oblige" avait affirmé de son côté, sentencieux, le collectif militant pour la défense de l'hôpital public, Inter-hopitaux.

"Quand on est neurologue, quand on sait qu’il manque des spécialistes partout, quand on connaît la crise sanitaire que l’on vit avec des patients qui mettent des mois pour obtenir des rendez-vous, on doit avoir le courage de rester dans son métier", s’était agacé sur RMC le médiatique médecin syndicaliste Jérôme Marty dans la foulée.

Pour le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France, Christophe Prudhomme, plutôt que de se former à la médecine esthétique, Olivier Véran "aurait pu utiliser le même temps pour se remettre à niveau dans sa spécialité", a-t-il grincé des dents depuis son compte X (ex-Twitter), le 18 mars 2024.

Ni pénis, ni fessier

L'ancien ministre de la Santé s'attendait à ce genre de réaction a-t-il confié au Parisien jeudi 21 mars. Il a affirmé qu'il ne fera pas d'opération de chirurgie esthétique du pénis ni des fessiers et qu’il serait "très loin des prothèses mammaires".

Celui qui est redevenu député le 10 février 2024 s'était déjà défendu à l'AFP en avançant que la neurologie avait "très fortement" évolué depuis son départ du CHU de Grenoble et "que l’étiquette de ministre [...] perturbait la relation thérapeutique".

La Haute Autorité de transparence de la vie politique a quant à elle déjà donné son feu vert à cette reconversion.

Hortense de Montalivet