Me Gillot : « Que Woerth cesse de s’offusquer, qu’il dise la vérité ! »

Invité des Grandes Gueules ce vendredi, l'avocat de l'ex-comptable des Bettencourt, donne son point de vue sur l’affaire Woerth-Bettencourt, ses nouvelles révélations et l’audition prochaine du ministre du Travail.

Tandis que les révélations ne cessent de tomber dans l’affaire Bettencourt, le ministre du Travail, Eric Woerth devrait être auditionné la semaine prochaine. Invité des Grandes Gueules ce vendredi sur RMC, Me Antoine Gillot, l'avocat de Claire Thibout, l'ex-comptable de la milliardaire, attend beaucoup de cette audition : « Qu'il s'explique enfin et clairement sur ses relations avec M. Maistre, parce qu’ils ont clamé tous les deux pendant des semaines, qu’ils ne se connaissaient à peine, alors qu’on découvre maintenant qu'ils avaient des relations suivies depuis septembre 2006. Donc qu'il cesse de s'offusquer, qu'il nous dise la vérité ! ».

« J'ai clairement des doutes sur la destination de ces fonds »

Les enquêteurs ont établi que la banque Dexia avait refusé un retrait de 500.000 euros en liquide à Liliane Bettencourt quatre mois avant l'élection présidentielle de 2007. Rappelant que « des retraits et des remises d’espèces étaient faits par [sa] cliente à Mme Bettencourt à titre personnel », Me Gillot doute que ce soit le cas d’une telle somme : « Je ne pense pas que c'était de l'argent destiné à un usage personnel, donc oui j'ai clairement des doutes sur la destination de ces fonds. Je n’étais pas là lorsque Mme Bettencourt a remis éventuellement ces sommes à divers destinataires. Le problème, c’est qu’en général les espèces, on les remet discrètement. Il y a des coïncidences… »

« Que fait le Président de la République dans une affaire privée ? »

L’affaire Bettencourt est devenue une affaire d’Etat. Un scandale, même à en croire certains. Et pour Me Gillot, les preuves sont bien là : « Les enregistrements réalisés par le major d’homme ont révélé l'intervention de l'Elysée dans cette affaire. Puisque Mme Bettencourt, à sa demande, a été reçue par Nicolas Sarkozy, à l’Elysée. Puis M. Sarkozy a reçu M. Maistre, seul. Donc deux réceptions à l’Elysée, pour parler de cette affaire strictement privée. Donc, il y a une immixtion du pouvoir dans cette affaire. Je me pose la question : qu'est-ce que le président de la République fait dans une affaire privée ? »

« Une image déplorable de notre justice »

Prônant une information judiciaire ouverte par un juge indépendant, l’avocat de Claire Thibout, déplore vivement l’image que la justice française donne d'elle avec cette affaire : « une image consternante et déplorable. Tout le monde s’accorde, y compris dans le monde judiciaire, pour dire qu’une affaire de cette ampleur devrait être confiée à un juge indépendant. »

« Affaiblie, Bettencourt est dépouillée par une bande de prédateurs »

Et tandis que Liliane Bettencourt revendique sa liberté d'action, l’avocat de son ancienne comptable est persuadé qu’elle « ne fait malheureusement pas ce qu’elle veut de son argent, parce qu’elle est en état de faiblesse, c’est évident. Il suffit d’écouter les enregistrements, qui prouvent qu’elle est totalement sous influence. On l’interroge par exemple sur son île où elle va 4 fois par an et elle répond : quelle île ? ».
Rappelant que Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, a perçu 5 millions d’euros, et le photographe François-Marie Banier, 1 milliard, Me Gillot ajoute : « Ces personnes ont travaillé pendant 12, parfois 15 ans au service de Mme Bettencourt, donc oui ils ont de l’affection pour elle, ils sont désolés – et à juste titre – de ce qui lui arrive, de voir que cette personne âgée, affaiblie, est dépouillée par une bande de prédateurs. »

Pour écouter le podcast intégral de l’interview de Me Gillot, cliquez ici.
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La Rédaction