BFMTV
Politique

Matignon consulte sur la règle d'or, suspense pour le Congrès

Animé cet été par la crise de la dette, le débat français sur la règle d'or budgétaire sera relancé la semaine prochaine par des consultations orchestrées par François Fillon sur l'opportunité de convoquer le Congrès. /Photo prise le 15 juillet 2011/REUTE

Animé cet été par la crise de la dette, le débat français sur la règle d'or budgétaire sera relancé la semaine prochaine par des consultations orchestrées par François Fillon sur l'opportunité de convoquer le Congrès. /Photo prise le 15 juillet 2011/REUTE - -

PARIS (Reuters) - Animé cet été par la crise de la dette, le débat français sur la règle d'or budgétaire sera relancé la semaine prochaine par des...

PARIS (Reuters) - Animé cet été par la crise de la dette, le débat français sur la règle d'or budgétaire sera relancé la semaine prochaine par des consultations orchestrées par François Fillon sur l'opportunité de convoquer le Congrès.

A la demande de Nicolas Sarkozy, le Premier ministre doit entamer une série d'entretiens avec des "personnalités", un terme qui sous-entend qu'il ne se limitera pas aux politiques.

Voté en juillet par chacune des deux chambres du Parlement, le projet de réforme constitutionnelle censé assurer l'équilibre des finances publiques doit, pour être définitivement adopté, réunir trois cinquièmes des voix de l'ensemble des parlementaires réunis en Congrès sur convocation du président.

L'obstacle de cette majorité qualifiée semble pour l'instant insurmontable puisque le camp présidentiel ne détient pas à lui seul le nombre d'élus nécessaire et que l'opposition continue de rejeter d'une seule voix un texte qu'elle considère comme un piège politique tendu par Nicolas Sarkozy.

Un bras de fer qui se prolonge sous la surveillance attentive des investisseurs, toujours sensibles sur le sujet même si les tensions sur la dette française, après un pic début août, ont reflué ces derniers jours.

La décision spectaculaire de Standard & Poor's de priver les Etats-Unis de la note suprême AAA et les spéculations sur une éventuelle menace sur le "triple A" français ont conduit mi-août Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à prôner l'adoption d'une règle d'or dans chacun des pays de la zone euro d'ici au 30 juin.

Un appel immédiatement entendu par l'Espagne, dont les députés ont adopté ce vendredi un projet de réforme visant à plafonner les déficits publics à 0,4% du produit intérieur brut d'ici 2020.

UNANIMITÉ CONTRE À GAUCHE

En France, le président de la République a une nouvelle fois défendu son projet mercredi lors de la conférence des ambassadeurs, au nom de "l'intérêt général".

"Tout le monde sera gagnant", a promis Nicolas Sarkozy en se disant convaincu que chacun "considèrera que l'intérêt de notre pays dépasse, et de loin, l'intérêt de son parti ou de son propre intérêt personnel".

Sur ce chapitre au moins, il semble pouvoir compter sur le soutien de l'opinion : 78% des Français approuvent le projet de règle d'or selon un sondage Ifop publié cette semaine par Paris Match.

Mais l'opposition campe sur ses positions en soulignant que le pouvoir en place enfreint depuis longtemps la règle d'or européenne que constitue le plafond de 3% de déficit par rapport au PIB fixé par le traité de Maastricht.

Et l'UMP a pour l'instant échoué à diviser les candidats à la primaire socialiste sur le sujet, ce qui laisse peu d'espoir à l'Elysée de voir certains parlementaires PS rompre avec la discipline du parti pour approuver le texte.

A l'inverse, la majorité semble partagée entre les partisans d'une réunion du congrès pour tenter de décrédibiliser économiquement les socialistes, même au risque d'un échec, et les tenants de la prudence.

Alors que le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, plaide pour une convocation des parlementaires à Versailles, l'ancien ministre Patrick Devedjian juge vendredi dans Le Monde qu'il n'est pas nécessaire de pousser Nicolas Sarkozy au "suicide politique".

Lundi, c'est le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, qui avait souligné dans Le Figaro les "risques" de cette démarche, en rappelant que la France avait jusqu'à l'été prochain pour réformer sa Constitution.

Marc Angrand, édité par Yves Clarisse