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Politique

Martine Aubry occupe le terrain face à Royal

Martine Aubry, qui s'est rendue jeudi dans deux usines dans le Nord-Pas-de-Calais pour défendre une "vraie politique industrielle", occupe à son tour le terrain politique et médiatique pour éviter de laisser le champ libre à Ségolène Royal, candidate en c

Martine Aubry, qui s'est rendue jeudi dans deux usines dans le Nord-Pas-de-Calais pour défendre une "vraie politique industrielle", occupe à son tour le terrain politique et médiatique pour éviter de laisser le champ libre à Ségolène Royal, candidate en c - -

par Laure Bretton LILLE (Reuters) - Martine Aubry occupe à son tour le terrain politique et médiatique pour éviter de laisser le champ libre à...

par Laure Bretton

LILLE (Reuters) - Martine Aubry occupe à son tour le terrain politique et médiatique pour éviter de laisser le champ libre à Ségolène Royal, candidate en campagne pour l'investiture du Parti socialiste à la présidentielle.

Le Premier secrétaire du PS multiplie les visites de terrain depuis dix jours, une façon de peaufiner, au cas où, sa stature de candidate en 2012 tout en occupant l'espace.

Une semaine après son déplacement organisé dans le plus grand secret en banlieue pour parler d'éducation, la maire de Lille s'est rendue jeudi dans deux usines du Pas-de-Calais et du Nord pour défendre une "vraie politique industrielle".

Entre Calais et Lille, une quarantaine de journalistes accompagne cette fois le premier secrétaire venue à la rencontre de "ceux qui créent" pour vanter le "Made in France", prôner les relocalisations d'entreprises et défendre le projet du PS.

"Avoir une politique industrielle, ça ne veut pas dire juste donner de l'argent. Les pouvoirs publics doivent accompagner les entreprises, impulser", plaide-t-elle avant de visiter la dernière usine du groupe Decathlon, installée sur sa commune grâce à une opération de réindustrialisation.

S'ils reviennent au pouvoir en 2012, les socialistes créeront un "Pôle public d'investissement industriel", dont les prêts seront régionalisés, rappelle-t-elle.

Dans l'usine Meccano de Calais, qui vient de rapatrier des lignes de fabrication de Chine, Martine Aubry distribue quelques poignées de main, admire un beffroi fabriqué en petites pièces métalliques et s'enquiert du taux de chômage du bassin d'emploi.

"J'ai dans mon coeur les hommes et les femmes qui souffrent", dit-elle, piochant dans un registre qui est d'ordinaire l'apanage de Ségolène Royal.

L'ancienne candidate à l'Elysée a précipité les choses au PS en annonçant fin novembre qu'elle briguait à nouveau l'investiture présidentielle en vue de 2012.

Martine Aubry, qui n'entend pas dévoiler ses intentions avant juin prochain, se défend de toute accélération du tempo.

"GAMBADER DANS LA STEPPE"

"Tous ceux qui aspirent à gouverner la France doivent être sur le terrain", explique-t-elle, comme pour arrondir les angles de la compétition entre "présidentiables".

Mener une campagne sur le terrain lui sert-elle à se démarquer de Dominique Strauss-Kahn, consacré par les sondages mais retenu à Washington par le Fonds monétaire international?

"Oh arrêtez", réplique-t-elle visiblement agacée "Il est sur le terrain du monde, c'est déjà pas mal. On a bien besoin du FMI", souligne son ancienne collège du gouvernement Jospin.

A écouter Martine Aubry, cette double visite du jour et son agenda chargé des trois premiers mois de 2011 ne seraient que des étapes normales de son "tour de la France qu'on aime", entamé au printemps lors des élections régionales.

"Après une année consacrée au projet global, elle a toujours dit qu'elle ferait du terrain et des visites très thématisées. Relisez son discours de La Rochelle", à l'université d'été du PS, s'énerve son directeur de cabinet, Jean-Marc Germain.

Mais pour les autres "présidentiables", Martine Aubry a bel et bien "enclenché la seconde", selon les mots d'un proche de l'ancien Premier secrétaire du PS François Hollande.

"Il faut qu'elle jongle: parler assez fort pour ne pas disparaître sans mordre la ligne avec (Dominique) Strauss-Kahn" avec qui elle a dit qu'elle déciderait qui serait le meilleur candidat aux primaires, ajoute-t-il.

Dans l'entourage de l'ancienne candidate à l'Elysée, on se dit conscient que Martine Aubry ne peut "laisser Ségolène gambader dans la steppe pendant trois mois sans rien faire".

"Mais à la minute où elle est candidate, elle est obligée de lâcher la direction du parti", explique-t-on.

Ces spéculations internes sont balayées par Martine Aubry.

"Quand je vois ce que les Français vivent, qu'est-ce qu'on a à faire de vos questions sur Ségolène?", dit-elle dans le train qui l'emmène à Lille.

Edité par Yves Clarisse