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Martine Aubry gagne ses galons de chef de l'opposition

Le Parti socialiste savourait lundi son retour en grâce électoral après des années de disette, avec une Martine Aubry solidement installée dans le rôle de chef de l'opposition. /Photo prise le 14 mars 2010/REUTERS/Pascal Rossignol

Le Parti socialiste savourait lundi son retour en grâce électoral après des années de disette, avec une Martine Aubry solidement installée dans le rôle de chef de l'opposition. /Photo prise le 14 mars 2010/REUTERS/Pascal Rossignol - -

par Laure Bretton PARIS - Le Parti socialiste savourait lundi son retour en grâce électoral après des années de disette, avec une Martine Aubry...

par Laure Bretton

PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste savourait lundi son retour en grâce électoral après des années de disette, avec une Martine Aubry solidement installée dans le rôle de chef de l'opposition.

Désormais, "tout est possible", a assuré le premier secrétaire du PS, après l'annonce des résultats du premier tour des élections régionales, lors duquel son parti a devancé l'UMP et distancé, à gauche, Europe Ecologie.

Avec la "gauche rassemblée" qu'elle a appelée de ses voeux, le PS espère remporter toutes les régions le 21 mars et, disent les hiérarques du parti, continuer sur cette lancée jusqu'à la présidentielle, même si la route est semée d'embûches.

Pour Jérôme Fourquet, de l'institut de sondages Ifop, les socialistes doivent leur "regain de présence dans les urnes à leur unité affichée depuis quelques mois".

Après le congrès de Reims de 2008, apogée des tensions intestines qui minent le PS depuis des années, "Martine Aubry a mis des mois et des mois pour se remettre. Aujourd'hui, elle sort renforcée et il y a un mieux au PS. Mais ça peut repartir dans l'autre sens", estime l'analyste.

Selon le porte-parole du PS, Benoît Hamon, "il n'y a pas du tout de risque qu'on sombre dans l'euphorie" parce que les socialistes ont le précédent de 2004 en mémoire.

Le PS avait alors enchaîné victoire aux européennes et succès aux régionales avant d'échouer, pour la troisième fois consécutive, à la présidentielle en 2007.

Les bons scores du PS au premier tour, "ça nous renforce collectivement et (Martine Aubry) en tire quelques bénéfices personnels", concède cependant Benoît Hamon.

Les étapes délicates ne manquent pas sur l'agenda de la maire de Lille: dégager une position commune sur les retraites avant l'été, organiser les primaires présidentielles et rédiger le projet pour 2012, le tout sous l'oeil des "présidentiables" qui ont mis leurs ambitions sous le boisseau le temps de la campagne.

Au Parti socialiste, "il y a toujours un risque de voir resurgir les vieux démons", souligne Jérôme Fourquet.

Dimanche soir, Ségolène Royal s'est octroyée l'un des plus forts scores de premier tour, obtenant près de 39% des voix en Poitou-Charentes.

ROYAL "REMET LES PENDULES À L'HEURE"

L'ancienne candidate à l'Elysée, qui a mené campagne loin du PS et de Paris, a voulu voir dans la "vague rose" annoncée "le succès de tous les socialistes" et non celui du premier secrétaire.

Martine Aubry a quant à elle salué la "très belle campagne" de Ségolène Royal qui a "mené avec son équipe une très belle action en Poitou-Charentes". "On ne peut tous que s'en réjouir", a dit la dirigeante socialiste sur France Inter.

Après des mois où les sondeurs la donnaient en perte de vitesse, ses adversaires critiquaient son incapacité à rassembler et la direction du PS se réjouissait, mezzo voce, de son effacement, "elle a remis les pendules à l'heure", se félicite Guillaume Garot, député-maire de Laval.

Au-delà d'un score qui "préserve tous les possibles" sur la scène nationale, l'équipe Royal estime que la victoire est ailleurs: en Poitou-Charentes, l'abstention a été forte mais plus contenue qu'au niveau national et les scores des extrêmes de gauche et de droite sont plus faibles qu'ailleurs.

Mieux: les milieux populaires et les jeunes, qui désertent le Parti socialiste depuis des années, se sont massivement portés sur son nom, souligne-t-on.

Cependant, estime Jean-Daniel Lévy, directeur des études politiques de l'institut CSA, "l'effet du premier tour dans l'opinion bénéficie à Martine Aubry".

L'analyste a décelé "trois temps" dans la stratégie du premier secrétaire qui lui permet aujourd'hui d'apparaître, selon sa formule, comme le "patron d'un PS patron" de la gauche.

En réclamant le droit de vote pour les immigrés en plein débat sur l'identité nationale, "elle a réactivé François Mitterrand et fabriqué du clivage gauche/droite", puis elle s'est posée en chef de campagne en affichant son ambition de remporter 22 régions, explique le sondeur.

Enfin, souligne Jean-Daniel Lévy, même si son pari de faire barrage à Georges Frêche en Languedoc-Roussillon a échoué, "elle a placé la morale au dessus de la logique de postes. C'est toujours bénéfique dans le long terme".

Edité par Jean-Baptiste Vey