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Marine Le Pen vise le second tour à la présidentielle de 2012

Marine le Pen estime que que le Front National, porté par la crise de l'euro, accèdera encore plus facilement qu'en 2002 au second tour de la présidentielle de 2012. /Photo prise le 3 octobre/2010/REUTERS/Stéphane Mahé

Marine le Pen estime que que le Front National, porté par la crise de l'euro, accèdera encore plus facilement qu'en 2002 au second tour de la présidentielle de 2012. /Photo prise le 3 octobre/2010/REUTERS/Stéphane Mahé - -

par Gérard Bon NANTERRE, Hauts-de-Seine (Reuters) - Porté par la crise de l'euro, le Front national accèdera encore plus facilement qu'en 2002 au...

par Gérard Bon

NANTERRE, Hauts-de-Seine (Reuters) - Porté par la crise de l'euro, le Front national accèdera encore plus facilement qu'en 2002 au second tour de la présidentielle de 2012 et se retrouvera face au candidat socialiste, estime Marine Le Pen.

La vice-présidente du FN, qui devrait succéder à son père en janvier à l'issue d'un duel avec Bruno Gollnisch, entend, si elle est élue à la tête du parti, prôner pendant sa campagne présidentielle la sortie de la France de la monnaie unique.

"Je crois que l'euro va imploser. Plutôt que subir, il faut anticiper et rétablir la monnaie nationale. Je propose une sortie groupée de l'euro", avec d'autres pays, dit-elle dans une interview à Reuters.

En 2007, Nicolas Sarkozy avait été élu en captant une partie de l'électorat FN. Marine Le Pen entend cette fois lui rendre la pareille en surfant sur la déception exprimée par une partie de sympathisants UMP sondage après sondage.

"Un de nos objectifs est de vider l'UMP de sa substance", dit-elle avec gourmandise, dans son bureau au siège du parti à Nanterre, ville des Hauts-de-Seine qui fut un bastion communiste pendant 70 ans et dont le maire a récemment quitté le PCF.

Marine Le Pen, qui va parfois déjeuner à proximité de son "QG" au modeste restaurant portugais "Chez Tonton", dit sentir une "vraie dynamique" se créer autour du FN, notamment grâce à sa progression dans les milieux populaires.

La vice-présidente du FN est actuellement créditée de 13% dans les sondages pour 2012, un score très élevé pour le Front national, dont les intentions de vote ne progressent généralement qu'à l'approche du scrutin.

Elle juge que l'image du parti de Jean-Marie Le Pen s'est considérablement améliorée auprès de l'électorat de droite, un changement auquel elle pense avoir largement contribué en modernisant et en "dédiabolisant" le FN.

MIEUX QUE SON PÈRE ?

"Nous pouvons arriver au second tour de l'élection et nous pouvons faire mieux qu'en 2002, car l'hypothèse la plus probable est que nous nous retrouvions face à un candidat socialiste", dit-elle.

"Cette hypothèse changerait totalement la donne. La vraie question est: quel serait le comportement des électeurs de Nicolas Sarkozy si ceux-ci avaient le choix entre un candidat Front national et le candidat socialiste ?".

A la surprise générale, son père s'était qualifié pour le second tour en 2002 en obtenant 16,86% des voix avant d'être battu par Jacques Chirac, n'obtenant que 17,79%.

Sa fille souligne que cette question du choix entre l'extrême droite et le PS se posera aussi aux élections législatives qui suivront si des candidats frontistes se retrouvent devant ceux de l'UMP.

Marine Le Pen pense également avoir fait en 2009 la démonstration dans son fief du Pas-de-Calais d'Hénin-Beaumont, où il ne lui a manqué que 250 voix pour ravir la mairie, qu'elle mordait déjà sur l'électorat de gauche.

Tout en prétendant faire du FN un parti de gouvernement, elle exclut à nouveau toute alliance avec l'UMP et écarte l'idée d'entrer dans un gouvernement de l'actuelle majorité.

"Je ne veux pas du tout servir de caution. Jusqu'à ce que le Front national soit au pouvoir, il pèse plus en restant un parti libre", assure-t-elle.

"LA FRANCE VA ÊTRE ATTAQUÉE"

Pour Marine Le Pen, la persistance de la crise de la dette souveraine légitime les analyses du FN sur l'Europe, l'euro et l'économie et elle y voit l'occasion pour son parti d'apparaître comme un recours.

"Le gouvernement prépare un plan d'austérité à l'Irlandaise. Christine Lagarde (la ministre de l'Economie) nous fait le coup du nuage de Tchernobyl qui s'arrête aux frontières", dit-elle.

"Mais il va se passer ce qui se passe en Irlande. En réalité, la France va être attaquée, on le sait", ajoute-t-elle, décrivant un pays "qui marche au bord du précipice les yeux bandés."

"Je suis frappée de voir que toute la planète finance parle de la France. Et il n'y a qu'en France qu'on n'entend pas parler" des menaces pesant sur elle, dit Marine Le Pen.

La vice-présidente du FN prône une "économie de marché encadrée par un Etat fort" et un "ordre monétaire libre", qui impliquerait le retour à l'étalon-or, un système monétaire dans lequel l'unité de compte correspond à un poids fixe d'or.

"C'est le juge de paix mondial", dit-elle à propos de ce système quasiment tombé dans l'oubli après l'abandon par les Etats-Unis en 1971 de la convertibilité en or du dollar.

Aux yeux de Marine Le Pen, l'appauvrissement prédit par des économistes en cas de sortie de l'euro serait compensé par "une dévaluation compétitive" favorisant les exportations.

"C'est l'euro qui sera fragilisé, pas les monnaies nationales", assure-t-elle.

Edité par Yves Clarisse