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Marine Le Pen veut le Front National avant l'Elysée

Marine Le Pen s'est lancée dans la campagne pour la succession de son père, avec l'idée de faire du Front national une "machine de guerre" pour conquérir le pouvoir en 2012. L'héritière désignée par Jean-Marie Le Pen part favorite du duel l'opposant à Bru

Marine Le Pen s'est lancée dans la campagne pour la succession de son père, avec l'idée de faire du Front national une "machine de guerre" pour conquérir le pouvoir en 2012. L'héritière désignée par Jean-Marie Le Pen part favorite du duel l'opposant à Bru - -

par Clément Guillou NANTERRE, Hauts-de-Seine (Reuters) - Marine Le Pen s'est lancée mercredi dans la campagne pour la succession de son père, avec...

par Clément Guillou

NANTERRE, Hauts-de-Seine (Reuters) - Marine Le Pen s'est lancée mercredi dans la campagne pour la succession de son père, avec l'idée de faire du Front national une "machine de guerre" pour conquérir le pouvoir en 2012.

L'héritière désignée par Jean-Marie Le Pen part favorite du duel l'opposant à Bruno Gollnisch, cadre du parti depuis 25 ans. Les résultats du vote par les adhérents seront annoncés lors du congrès du parti à Tours, les 15 et 16 janvier 2011.

"La question à laquelle les adhérents du Front national devront répondre est : quel est le meilleur candidat pour nous représenter à l'élection présidentielle ?", a dit Marine Le Pen lors d'une conférence de presse au siège du parti, à Nanterre (Hauts-de-Seine).

"Je connais parfaitement l'appareil. Je connais parfaitement ses rouages, ses forces mais aussi ses faiblesses. J'ai la possibilité de (...) faire de notre mouvement une machine de guerre à la conquête du pouvoir", a-t-elle ajouté.

Marine Le Pen peut jouer de sa position dans les sondages d'opinion - CSA et TNS-Sofres lui accordent 13% des voix au premier tour en 2012 - pour prendre le parti et tenter d'être au second tour, comme son père en 2002.

Depuis 2002, elle est devenue, fait-elle remarquer, "quasiment porte-parole de fait" du Front national. Dans le même temps, son adversaire, pressenti un temps comme successeur de Jean-Marie Le Pen, a presque disparu des médias.

CAMPAGNE LOYALE ?

Au sein de l'appareil frontiste, les proches de Marine Le Pen ont intégré le bureau politique tandis que des amis de Gollnisch quittaient le parti, déçus du processus de "dédiabolisation" du FN engagé par la fille du président.

L'élue du Nord-Pas de Calais, dont les listes ont devancé la majorité présidentielle au deuxième tour des élections régionales dans son fief en mars, a enfin été adoubée cet été par son père, un atout important compte tenu de l'aura de Jean-Marie Le Pen auprès des adhérents du Front national.

Mais Bruno Gollnisch se targue d'avoir devancé son adversaire aux élections du comité exécutif lors du dernier congrès, en 2007. L'universitaire, professeur de japonais, met en avant son expérience et sa fidélité à Jean-Marie Le Pen -- ils sont entrés ensemble à l'Assemblée nationale en 1986.

"Le Front national a en la personne de Marine Le Pen un excellent porte parole (...) mais je crois qu'il faut à ce mouvement un président", a-t-il dit mardi sur Radio Courtoisie.

Les deux rivaux ont promis au président-fondateur de mener une campagne loyale. Les coups devraient plutôt venir des entourages même si Bruno Gollnisch est discret sur ses soutiens.

"Je n'ai même pas fait de comité de soutien à ma personne pour engranger des noms. Je trouve que la méthode risque d'amorcer une division du mouvement", dit-il.

C'est précisément ce qu'a fait Marine Le Pen, égrenant la liste des membres de son comité de soutien. Son président est Alain Jamet, membre fondateur et vice-président du parti, tandis qu'elle a choisi pour coordonner sa campagne un proche de Bruno Gollnisch : Dominique Martin, qui a conduit ses deux dernières campagnes aux élections régionales en Rhône-Alpes.

STRATÉGIE

Evoquant les divergences entre elle et son adversaire, Marine Le Pen a estimé qu'elles étaient avant tout d'ordre stratégique. Elle souhaite faire du FN "un pôle de rassemblement à vocation majoritaire", ralliant des adhérents de l'UMP mais aussi les déçus du Parti socialiste et du Parti communiste.

A l'inverse, Bruno Gollnisch souhaite selon elle rassembler l'extrême-droite, notamment les mouvements périphériques au Front national qui se sont multipliés ces dernières années, comme le Parti de la France de Carl Lang ou les Identitaires.

"J'aspire effectivement d'abord à rassembler ma famille", dit l'élu lyonnais, qui ajoute : "Nous devons nous élargir à des gens qui sont des patriotes, de droite ou de gauche", citant les partisans de Philippe de Villiers et Christine Boutin à droite et de Jean-Pierre Chevènement à gauche.

Bruno Gollnisch affirme que la partie n'est pas jouée, que les adhérents lui savent gré d'avoir toujours lutté pour que le Front national n'adoucisse pas son discours.

Mais sa rivale sait aussi imiter Jean-Marie Le Pen et distiller des phrases échappant au politiquement correct. Elle l'a prouvé mercredi en jugeant que l'égorgement à vif pratiqué pour la nourriture halal illustrait le niveau de civilisation des musulmans.

Edité par Yves Clarisse