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Marine Le Pen surfe sur la crise de la dette et de l'euro

Marine Le Pen, troisième dans la course à l'Elysée pour tous les sondages, s'accroche à cette place d'outsider en se présentant comme un bouclier pour la "France qui souffre" face à la crise de la dette et de l'euro, une monnaie unique qu'elle refuse de s

Marine Le Pen, troisième dans la course à l'Elysée pour tous les sondages, s'accroche à cette place d'outsider en se présentant comme un bouclier pour la "France qui souffre" face à la crise de la dette et de l'euro, une monnaie unique qu'elle refuse de s - -

par Gérard Bon PARIS (Reuters) - Marine Le Pen s'accroche à sa troisième place dans la course à la présidentielle en se présentant comme un bouclier...

par Gérard Bon

PARIS (Reuters) - Marine Le Pen s'accroche à sa troisième place dans la course à la présidentielle en se présentant comme un bouclier pour la "France qui souffre" et en refusant les sacrifices destinés à sauver la monnaie unique.

Malgré quelques trous d'air, la présidente du Front national est revenue à un niveau élevé dans les sondages à quatre mois du premier tour de scrutin (17% pour Ipsos et OpinionWay, 20% pour Ifop), ce qui inquiète une partie de la classe politique.

Le président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, craint ainsi que Marine Le Pen ne prospère sur la crise de la dette, en particulier "si l'euro explose".

Le contexte sert en effet Marine Le Pen, estime le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite.

"La crise de l'euro lui profite, mais de manière plus globale le FN bénéficie de la constance de ses positions anti-européennes et anti-mondialistes, notamment au sein d'une droite où l'européisme est hégémonique depuis la retraite politique de Charles Pasqua et Philippe de Villiers", souligne-t-il.

Fait nouveau, la chef de file du FN dispute à Nicolas Sarkozy le rôle "protecteur" que le chef d'Etat tente d'incarner depuis le début de la crise des dettes souveraines.

"Sur l'insécurité dans tous les sens du terme - économique, identitaire - la stratégie de Marine Le Pen consiste à se présenter comme celle qui va protéger", note Damien Philippot, de l'Ifop.

DÉFENSE DES "INVISIBLES"

Marine Le Pen, qui prône une sortie de l'euro, s'efforce parallèlement de dédramatiser un sujet susceptible de déstabiliser une partie de l'électorat traditionnel du FN et réfléchit à un scénario de monnaie commune, et non plus unique.

Elle défend en outre depuis son accession à la tête du parti il y a près d'un an l'idée d'un Etat fort et stratège, la mise en place de protections aux frontières face à la mondialisation et une réindustrialisation du pays.

Elle oppose les "invisibles", comme les ouvriers, employés et fonctionnaires, au "système en place" favorable à l'Europe et qui "profite" de la mondialisation.

Un discours bien perçu dans les classes populaires.

"Marine Le Pen développe sur la crise un discours très national, ce qui lui permet de se distinguer fortement des autres candidats et de gagner en visibilité notamment parmi les catégories populaires, quitte à prendre le risque d'une radicalité forte", souligne Damien Philippot.

Pour Jean-Yves Camus, elle réussit à "rendre intelligibles des débats dans lesquels les choix politiques sont relégués au second plan derrière les arguments technocratiques. Elle replace l'économie où elle devrait être: subordonnée à la volonté d'un choix de société, à une vision du monde."

DEUX FRANCE S'OPPOSENT

Cette période de polarisation autour de la crise de la dette et de l'euro voit réapparaître les clivages entre le camp du "non" et celui du "oui" au référendum de 2005 sur la Constitution européenne.

Deux France s'opposent, "une France plutôt protégée, plus âgée, allant du centre gauche à l'UMP, favorable au maintien de l'euro, et de l'autre une France plus populaire, proche de la gauche de la gauche ou du Front national, opposée aux sacrifices destinés à sauver la monnaie unique", montrait fin novembre un sondage Ifop.

"C'est à mon sens l'injuste répartition des sacrifices qui fait son succès non seulement dans l'électorat populaire mais aussi dans les classes moyennes", estime Jean-Yves Camus.

Les autres candidats qui visent l'électorat populaire, comme celui du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, "ont plus de mal se faire entendre sur la crise et la mondialisation, parce qu'ils souhaitent conserver l'euro et sont obligés de tenir un discours jugé complexe", estime de son côté Damien Philippot.

De fait, la chef de file du FN est en tête des intentions de vote des ouvriers dans un sondage Ifop de novembre avec 37%, devant Nicolas Sarkozy et le socialiste François Hollande, tous deux à 17%, tandis que Jean-Luc Mélenchon est crédité de 12%.

François Hollande domine chez les employés (42%), mais Marine Le Pen (24%) se place en deuxième position, devant Nicolas Sarkozy (14%).

Elle parvient en outre à capter une partie des voix de l'extrême gauche, puisque 27% des électeurs d'Olivier Besancenot en 2007, selon la même étude, disent aujourd'hui vouloir voter pour la présidente du FN en 2012.

édité par Patrick Vignal