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Marine Le Pen joue l'ouverture avant les législatives

Marine Le Pen estime que la recomposition du paysage politique est déjà engagée et appelle les élus et responsables déçus par Nicolas Sarkozy et "l'UMPS" à rejoindre son "Rassemblement bleu Marine" avant les législatives de juin prochain. /Photo prise le

Marine Le Pen estime que la recomposition du paysage politique est déjà engagée et appelle les élus et responsables déçus par Nicolas Sarkozy et "l'UMPS" à rejoindre son "Rassemblement bleu Marine" avant les législatives de juin prochain. /Photo prise le - -

par Gérard Bon et Marc Joanny NANTERRE, Hauts-de-Seine (Reuters) - Marine Le Pen estime que la recomposition du paysage politique est déjà engagée et...

par Gérard Bon et Marc Joanny

NANTERRE, Hauts-de-Seine (Reuters) - Marine Le Pen estime que la recomposition du paysage politique est déjà engagée et appelle les élus et responsables déçus par Nicolas Sarkozy et "l'UMPS" à rejoindre son "Rassemblement bleu Marine" avant les législatives de juin prochain

La présidente du Front national, qui a obtenu 17,9% au premier tour de la présidentielle, s'adresse notamment au souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, qui a recueilli 1,79% des voix avec des positions proches de siennes sur l'Europe.

"La logique devrait le pousser à nous rejoindre. Il a tenu le même discours que moi, au point qu'il était presque devenu mon huitième porte-parole" dans cette campagne, dit-elle au siège de son parti, à Nanterre (Hauts-de-Seine).

Marine Le Pen observe toutefois que l'UMP ne présente pas de candidat face à Nicolas Dupont-Aignan dans sa circonscription de l'Essonne et espère qu'il ne faut pas y voir le signe "d'un accord avec l'UMP".

"Nicolas Dupont-Aignan va devoir trancher parce que le risque pour lui, c'est que tous ceux qui se sentent proches de nous viennent nous rejoindre dans cette dynamique qui est très porteuse pour l'avenir", dit-elle.

En dépit d'une campagne présidentielle harassante entamée quasiment depuis son accession à la tête du FN en janvier 2011, la dirigeante du FN a lancé sans attendre la bataille des législatives, afin de battre le fer quand il est chaud.

Dans son bureau sobrement décoré d'une unique photographie d'une mer déchaînée sur une côte bretonne, elle avoue souffler pour la première fois, après un dernier temps fort à l'occasion du 1er mai où elle a appelé ses troupes à se mettre en ordre de marche en vue des législatives.

SIGNAL AUX "PATRIOTES"

A ses yeux, le fait que Nicolas Sarkozy ait éprouvé les pires difficultés à imposer sa stratégie de séduction de l'électorat FN aux "dignitaires" de son propre parti montre que l'UMP "est déjà en situation d'implosion".

Elle espère donc élargir à l'occasion des législatives de juin le "Rassemblement bleu Marine" lancé lors de la présidentielle, qui a vu des ex-chevènementistes, villiéristes et personnalités indépendantes soutenir sa candidature.

"Je crois que cet appel va être entendu. Plus nous allons nous rapprocher d'élections locales, plus cet appel sera entendu. On lance un signal très clair aux patriotes de droite comme de gauche", dit-elle, visiblement satisfaite de s'être posée en arbitre du second tour de la présidentielle.

Compte tenu de l'obstacle du scrutin majoritaire à deux tours, la dirigeante du FN est consciente des limites d'une "vague bleu Marine" aux législatives.

"Un succès serait déjà de faire rentrer un député à l'Assemblée parce que nous en sommes exclus depuis 25 ans", époque à laquelle le FN avait obtenu 35 députés grâce au scrutin proportionnel, dit-elle.

Malgré tout, Marine Le Pen espère bien, en fonction de multiples paramètres, de l'abstention à la présence de dissidents PS ou UMP, faire élire une quinzaine de députés "marinistes" pour former un groupe parlementaire.

Priée de dire si une défaite de Nicolas Sarkozy dimanche précipiterait les choses, elle ironise : "Bien sûr, parce qu'il a dit qu'il allait partir. Après tout c'est peut être une promesse qu'il va tenir."

PRÊTE À "TOUT CASSER" À L'ASSEMBLÉE

Marine Le Pen a obtenu le 22 avril plus de 20% des voix dans 43 départements et fait plus de 12,5% des inscrits dans 353 circonscriptions sur 577, ce qui, extrapolé aux législatives, ferait autant de triangulaires.

Les stratèges du FN n'ignorent pas que la participation risque d'être moindre et les analystes penchent plutôt pour la moitié. En 1997, après la dissolution voulue par Jacques Chirac, le FN, avec 15 % des suffrages, s'était maintenu dans 133 circonscriptions mais n'avait obtenu qu'un député dont l'élection allait être ensuite invalidée.

La présidente du FN se dit prête à "faire du bruit" et à "tout casser" à l'Assemblée nationale.

"On va casser les compromissions, on va dénoncer les complicités", prévient-elle en appelant les électeurs de l'UMP à "faire basculer les choses" en cas du duel entre un candidat "Rassemblement bleu Marine" et un candidat de gauche.

Elle se prend même à rêver d'un groupe qui occuperait une position charnière au palais Bourbon dans l'hypothèse où le vainqueur de l'élection présidentielle ne parviendrait pas à réunir une majorité absolue.

"Si notre groupe est le groupe charnière de l'Assemblée nationale, c'est un séisme et cela veut dire que c'est nous qui allons faire basculer les votes dans un sens ou dans l'autre", dit-elle avant de se reprendre.

"Nous avons déjà un rôle charnière. Nous sommes plus présents et plus puissants que si nous étions au second tour (de la présidentielle)", relève-t-elle jugeant que le Front national a été "le centre de gravité" de la campagne.

"Imaginez déjà à près de 20% le pouvoir que nous avons", insiste-t-elle. Quant à savoir comment son rassemblement pourrait percer, à long terme, le mur du scrutin majoritaire, Marine Le Pen fixe la barre : "Le seuil c'est 30%, mathématiquement".

Edité par Yves Clarisse