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Politique

Manuel Valls, homme à poigne du PS

Manuel Valls, nommé mercredi ministre de l'Intérieur, est à 49 ans l'un des hommes à poigne du Parti socialiste, une réputation ébauchée auprès du Premier ministre Lionel Jospin à la fin des années 1990 et peaufinée ces derniers mois dans l'ombre de Franç

Manuel Valls, nommé mercredi ministre de l'Intérieur, est à 49 ans l'un des hommes à poigne du Parti socialiste, une réputation ébauchée auprès du Premier ministre Lionel Jospin à la fin des années 1990 et peaufinée ces derniers mois dans l'ombre de Franç - -

PARIS (Reuters) - Manuel Valls, nommé mercredi ministre de l'Intérieur, est à 49 ans l'un des hommes à poigne du Parti socialiste, une réputation...

PARIS (Reuters) - Manuel Valls, nommé mercredi ministre de l'Intérieur, est à 49 ans l'un des hommes à poigne du Parti socialiste, une réputation ébauchée auprès du Premier ministre Lionel Jospin à la fin des années 1990 et peaufinée ces derniers mois dans l'ombre de François Hollande.

Classé à l'aile droite et "blairiste" du PS, très versé dans les questions de sécurité, souvent critiqué dans son camp pour ses positions, ce "quadra" ambitieux, député-maire d'Evry, près de Paris, accède pour la première fois à un poste ministériel.

Diplômé d'histoire, il tient l'essentiel de son expérience du pouvoir de ses quatre ans au cabinet de Lionel Jospin en tant que conseiller pour la communication et de ses mandats de maire d'Evry depuis 2001 et de député de l'Essonne depuis 2002.

Ce catalan au regard aigu, à la frange brune et au verbe tranchant s'est cependant rendu indispensable au candidat et président élu, dont il a dirigé la communication d'une main de fer après avoir soutenu la candidature avortée de Dominique Strauss-Kahn et sollicité lui-même en vain l'investiture du PS.

Omniprésent, l'oeil à tout, très directif, parfois emporté, il a ainsi été un homme clé de l'équipe de campagne de François Hollande, quitte à agacer certains de ses amis et à faire de l'ombre au directeur de campagne Pierre Moscovici.

Dans ses nouvelles fonctions, il est assuré de garder l'oreille du chef de l'Etat, auprès duquel il a en outre placé un de ses proches, Christian Gravel, au poste de responsable de la communication de l'Elysée.

Les relations entre François Hollande et Manuel Valls, entré à 17 ans au PS, où il rallie alors Michel Rocard et sa "deuxième gauche", n'ont pourtant pas toujours été aussi roses.

En décembre 2004, comme il défend le "non" au projet de Constitution européenne auquel François Hollande, à l'époque premier secrétaire du PS, appelle à voter "oui", il est évincé du secrétariat national du parti.

Fin 2008, lors du congrès de Reims, il défend jusqu'au bout la candidature de l'ex-conjointe de François Hollande, Ségolène Royal, à la direction du PS, et dénonce des "fraudes" en faveur de Martine Aubry, la nouvelle première secrétaire.

DISCOURS DÉCOMPLEXÉ

Ses critiques contre la nouvelle direction d'un parti qu'il a proposé de rebaptiser lui valent à l'été 2009 un ultimatum de Martine Aubry, qui le somme de rentrer dans le rang ou partir.

Manuel Valls n'en fera rien et continuera à prendre des positions dérangeantes pour le parti et ses dirigeants.

Adepte d'un discours "décomplexé" de la gauche, il se distingue pendant les primaires de 2011 en plaidant pour des Etats généraux sur la sécurité. Il se dit pour une politique de fermeté contre la délinquance et des polices municipales armées.

Il est proche d'Alain Bauer, spécialiste de ces questions et sa première femme, Nathalie Soulié, a travaillé pour une société de consultants fondée par ce dernier, AB Associates.

Né à Barcelone le 13 août 1962 - son père est le peintre Xavier Valls - il est un des rares hommes politiques français à avoir acquis la nationalité française par naturalisation. Cela ne l'empêche pas de plaider pour des quotas migratoires établis en fonction des "capacités d'accueil" de la France.

Il est aussi un des rares élus de gauche à avoir soutenu l'interdiction par la loi du port de la burqa, à fustiger les "dégâts de l'égalitarisme" et de l'assistanat ou à prôner un allongement de la durée de cotisation pour les retraites.

Il s'attire aussi les foudres de ses rivaux en mettant en cause la semaine de 35 heures, réforme phare des années Jospin, ou en prônant une TVA anti-délocalisation, mesure analogue à celle que fera voter in extremis Nicolas Sarkozy

Manuel Valls assume la part de provocation créatrice de ses prises de position et ressemble en cela à l'ex-président, qui l'aurait d'ailleurs approché au début de son mandat, dans l'espoir d'en faire un "ministre d'ouverture".

Mais arrivé avant-dernier du premier tour des primaires socialistes fin 2011 avec un score modeste, il est aussi le premier des perdants à rallier François Hollande et met dès lors en sourdine ses réserves sur nombre de propositions de celui dont il devient rapidement un homme de confiance.

Divorcé de sa première femme et père de quatre enfants, il s'est remarié en 2010 à la violoniste Anne Gravoin, premier prix du conservatoire de Paris.

Sophie Louet et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse