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Politique

Manuel Valls déplore le silence d'élus corses sur la violence

Manuel Valls la préfecture de Haute Corse, à Bastia, le 26 novembre dernier. Le ministre de l'Intérieur a souhaité dimanche que l'ensemble de la classe politique corse condamne la vague de violences sur l'île, et condamné l'"ambiguïté" de certains élus. /

Manuel Valls la préfecture de Haute Corse, à Bastia, le 26 novembre dernier. Le ministre de l'Intérieur a souhaité dimanche que l'ensemble de la classe politique corse condamne la vague de violences sur l'île, et condamné l'"ambiguïté" de certains élus. / - -

PARIS-AJACCIO (Reuters) - Manuel Valls a souhaité dimanche que l'ensemble de la classe politique corse condamne la vague de violences sur l'île,...

PARIS-AJACCIO (Reuters) - Manuel Valls a souhaité dimanche que l'ensemble de la classe politique corse condamne la vague de violences sur l'île, déplorant l'"ambiguïté" de certains élus.

Une vingtaine de résidences secondaires ont été endommagées par une série d'attentats vendredi soir en Corse. Les explosions n'ont pas fait de blessé.

Les gendarmes ont découvert dimanche matin trois nouvelles cibles dans la région du Valinco, à 60 km au sud d'Ajaccio. Une villa à Olmeto-Plage a été touchée et les démineurs ont retrouvé deux charges dans deux résidences secondaires mitoyennes.

Les autorités ont dénombré à ce jour 22 attentats et trois tentatives.

Cette "nuit bleue" n'a pour l'heure pas été revendiquée, mais une inscription FLNC (Front de libération nationale de la Corse) a été retrouvée à Sartène.

"Moi, je ne sépare pas la politique, pour ce qui concerne en tout cas le terrorisme, et le banditisme, et je suis convaincu que depuis des années, les deux se confondent", a souligné le ministre de l'Intérieur dans le cadre du "Grand Rendez-vous" Europe 1/i-télé/Le Parisien-Aujourd'hui en France.

"Je souhaite que tout le monde condamne ce qui s'est passé hier. On peut condamner (...) les crimes liés au grand banditisme, à la criminalité organisée, au système mafieux. Mais je n'entends pas suffisamment de voix, parmi les responsables politiques, parfois en Corse, pour condamner ce qui s'est passé", a-t-il ajouté.

"TROP D'AMBIGUÏTÉ"

"J'attends de tout le monde une mobilisation aussi contre ce qui serait éventuellement un message politique", a insisté Manuel Valls. "J'attends de tous ceux qui éventuellement demandent une nouvelle étape en matière institutionnelle une condamnation".

"Il y a trop d'ambiguïté", a-t-il jugé, visant sans les nommer les autonomistes.

Précisant avoir rencontré "l'ensemble des élus en Corse" lors de ses récentes visites sur l'île, Manuel Valls a dit ne pas vouloir "confondre le dialogue politique avec l'ensemble des élus, la lutte contre le terrorisme et la lutte contre le crime organisé qui gangrène depuis des années la société corse".

"Je discute et j'ai discuté avec les parlementaires de la Corse, et j'ai rencontré tous les présidents de groupe de l'assemblée territoriale. Parmi eux, il y a des autonomistes. Tous ceux qui discutent à visage découvert, qui respectent les lois de la République, qui ont le sens de l'intérêt général, trouveront en permanence ma porte ouverte", a-t-il poursuivi.

"Il y a une violence qui est ancrée dans la société corse et dont les premières victimes sont les Corses eux-mêmes", a-t-il affirmé, relevant "une forme de racisme" dans les derniers attentats en date, qui ont visé des résidences appartenant à des "continentaux".

"La Corse, c'est la France, c'est la République. (...) On ne peut pas accepter dans un Etat de droit, dans une démocratie, en Corse ou ailleurs, que l'on agisse avec des bombes pour une expression politique. C'est inacceptable", a martelé le ministre.

Dans une interview au Journal du Dimanche, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, déclare que l'Etat veut "attaquer au coeur" l'"organisation criminelle" derrière les attentats.

"En tant que Premier ministre, je ne me contenterai pas de mots. Nous allons tout mettre en oeuvre pour stopper cette spirale du crime", dit-il.

Sophie Louet avec Roger Nicoli à Ajaccio