BFMTV
Politique

Macron n'a pas apprécié "les leçons" de Hollande... encore une fois

Lors d'une cérémonie officielle le 13 novembre dernier, Emmanul Macron et François Hollande avait échangé une poignée de main.

Lors d'une cérémonie officielle le 13 novembre dernier, Emmanul Macron et François Hollande avait échangé une poignée de main. - PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

Ce lundi, Emmanuel Macron a sèchement répondu à François Hollande qui appelait à de nouvelles initiatives françaises en Syrie, notamment à destination des Kurdes. C'est loin d'être la première fois que le chef de l'Etat recadre celui qu'il appelle seulement son "prédécesseur".

Le divorce est consommé depuis longtemps et la réconciliation n'est pas prévue au programme. Ce lundi, à Bénarès, en Inde, Emmanuel Macron a vertement répondu à François Hollande qui tirait la sonnette d'alarme au sujet de la situation en Syrie, notamment au regard des bombardements turcs contre des combattants kurdes:

"Il y a des commentaires dans le cadre de la vie démocratique. Et chacun prend ses responsabilités. (...) Il faut être clair: la France n'interviendra pas militairement sur le sol en Syrie. Je vous le dis très fermement. Et je crois que certaines personnes qui donnent des leçons ont elles-mêmes décidé la même chose".

Dans un entretien publié sur le site du Monde ce lundi, François Hollande avait notamment lancé l'injonction suivante: "Que les avions du régime syrien bombardant la Ghouta, y compris les hôpitaux et même les cimetières, et que les appareils turcs agissant sur Afrin ne puissent plus survoler ces zones". "Si j’ai soutenu les Kurdes dans le cadre de la coalition, ce n’est pas pour les laisser dans la situation où ils sont", disait-il encore.

Des piques successives depuis plusieurs mois 

Ce petit jeu de commentaires suivis aussitôt d'une réplique sans ambages se poursuit entre les deux hommes depuis des mois. Dès l'arrivée du nouvel exécutif, ce dernier avait dénoncé un "budget insincère" dressé par l'ancienne équipe au sommet de l'Etat. 

Au mois d'août, les choses s'étaient encore envenimées. François Hollande, en déplacement à Angoulême, François Hollande avait conseillé au chef de l'Etat actuel de ne pas demander aux Français "des sacrifices qui n'(étaient) utiles". Depuis l'Autriche, Emmanuel Macron n'avait pas tardé à livrer le fond de sa pensée sur la saillie de l'ancien président de la République:

"J'entends la chronique météorologique pour savoir si ça va mieux en France... La réalité est que la France est la seule économie qui n'a pas gagné la guerre face au chômage de masse!"

Dans un entretien au Point, il avait durci l'attaque: ""Il serait étrange que l'impossibilité qui a été la sienne de défendre son bilan devant les Français puisse motiver une tentation, durant les années qui viennent, de le justifier devant les journalistes". 

"Le prédécesseur" 

François Patriat, sénateur LaRem et ancien socialiste avait appuyé, sans être désavoué par Emmanuel Macron: "C'était tellement bien sous Hollande qu'il a pu se représenter! Laissons-le à son ressentiment et ses petites bassesses". La distance se marque encore d'une autre manière.

Alors qu'Emmanuel Macron a invité Nicolas Sarkozy à l'Elysée dans un cadre informel, comme Bernadette Chirac et sa fille Claude, François Hollande n'a pas eu droit à cet honneur. En revanche, François Hollande s'est invité dans le propos présidentiel le 15 octobre dernier lors du grand entretien accordé par Emmanuel Macron sur TF1.

Il avait, à cette occasion, annoncé avoir "pris la décision de ne pas avoir une présidence bavarde", référence limpide au goût de François Hollande de parler avec des journalistes. Il s'était aussi, ce soir-là, astreint à ne jamais nommer ce dernier autrement que son "prédécesseur". 

Il avait notamment tancé la politique fiscale dudit "prédécesseur": "Il y a cinq ans, mon prédécesseur, a augmenté massivement l'ISF et il a créé une taxe à 75% pour celles et ceux qui gagnaient plus d'un million. Est-ce que ça a rapporté beaucoup d'argent? Non. Pourquoi ? Ceux qui réussissaient sont partis." Politique et personnel, le fossé qui sépare désormais le chef de l'Etat et celui qui lui a mis le pied à l'étrier semble désormais difficile à combler. 

Robin Verner