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Macron: le bras de fer avec la presse people

Emmanuel Macron

Emmanuel Macron - TIZIANA FABI / AFP

Emmanuel Macron soigne son image présidentielle en bridant la presse people, mais entretient lui même la confusion entre sa fonction et sa vie privée.

Avec Emmanuel Macron, pas question de sortir du cadre. Le président de la République, qui a porté plainte contre un photographe auteur de clichés non autorisés des vacances par le chef de l'Etat à Marseille, adresse un message à la presse people: il est le maître de son image.

Inverser les rôles

Tandis que la presse à sensations s'en donnait à cœur joie sous les présidences de Nicolas Sarkozy et François Hollande - les premières images de vacances du président "normal" avaient d'ailleurs eu un effet dévastateur pour ce dernier - Emmanuel Macron tente au contraire de raccourcir la bride aux médias.

"C'est une communication qui se veut maîtrisée. Emmanuel Macron considère que c'est à lui d'imprimer sa marque sur les médias, et non de passer sous la coupe des médias d'information en continu", analyse sur notre antenne le politologue Stéphane Rozes.

Fermer les écoutilles, organiser sa propre rareté: pour coller à la "majesté" du monarque républicain, Emmanuel Macron a changé d'attitude envers les médias, à "distance", sauf lorsqu'il le décide.

"Son rapport avec la presse people est intéressant, parce qu’il ne faut pas oublier qu’Emmanuel Macron a accédé à la lumière quand il était jeune ministre de l’Économie par une utilisation très intensive de la presse people. Souvenez-vous de ses couvertures de grands magazines", rappelle, toujours sur BFMTV, le professeur en histoire de la communication Arnaud Benedetti.

"Construction symbolique"

Adepte d'une communication de la carte postale, "raconte une histoire en images" depuis le début de son mandat, affirme encore Arnaud Benedetti. En parlant peu et montrant beaucoup, Emmanuel Macron reste dans une ambiguïté "dont on sort qu'à ses dépens", comme l'écrivait le cardinal de Retz.

"Chacun peut se projeter dans ces images, alors que la parole, elle, précise les choses, mais divise", estime Stéphane Rozes. Selon lui, ces images présidentielles sont "en cohérence avec une inquiétude du pays", en quête selon lui d'une figure tutélaire à laquelle se référer.

Lancé dans cette entreprise de "construction symbolique", Emmanuel Macron ne peut donc pas laisser son image "polluée" par des photos non autorisées. La distance maintenue par Emmanuel Macron pourrait cependant être difficile à tenir, dans la mesure où il entretient lui-même la confusion entre l'image de la fonction et celle de l'homme, par exemple en se faisant photographier jouant au football, dans un jeu habile entre "les deux corps du roi", soit entre la mystique de la fonction et la communication du politique.

Louis Nadau