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Les Roms s'invitent au sommet européen, Paris sous pression

L'Union européenne a cherché jeudi à apaiser la querelle entre Paris et Bruxelles sur la politique française à l'égard des Roms après un sommet marqué par un vif échange entre Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso. Mais le chef de l'Etat français et le p

L'Union européenne a cherché jeudi à apaiser la querelle entre Paris et Bruxelles sur la politique française à l'égard des Roms après un sommet marqué par un vif échange entre Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso. Mais le chef de l'Etat français et le p - -

par Julien Toyer et Yann Le Guernigou BRUXELLES (Reuters) - La querelle entre Paris et Bruxelles sur la politique française à l'égard des Roms...

par Julien Toyer et Yann Le Guernigou

BRUXELLES (Reuters) - La querelle entre Paris et Bruxelles sur la politique française à l'égard des Roms s'est invitée jeudi au sommet européen, où la présidence belge de l'UE a estimé que la Commission devait s'assurer que les traités européens étaient respectés par la France.

Mercredi dans la soirée, la commissaire à la Justice et aux Droits fondamentaux, Viviane Reding, a regretté d'avoir fait allusion à la Seconde Guerre Mondiale et l'Elysée a pris note de ces "excuses".

"La Commission doit faire son travail. Elle doit s'assurer que le traité est appliqué et que les engagements de la France soient respectés", a déclaré le Premier ministre belge, Yves Leterme, à son arrivée au Conseil européen à Bruxelles.

"D'un autre côté, je pense que tout le monde regrette le choix des mots de madame (Viviane) Reding (...) Je pense que tout va s'arranger aujourd'hui", a-t-il ajouté.

Malgré l'apaisement joué par les deux parties, la France reste sous la menace d'une procédure d'infraction communautaire pour application discriminatoire et transposition incomplète de la directive de 2004 sur la liberté de circulation.

Cette procédure, sur laquelle le collège des commissaires doit se pencher dans les deux prochaines semaines, n'est cependant pas suspensive et les expulsions pourront se poursuivre pendant au moins deux mois, le temps pour Paris de fournir de nouvelles explications à Bruxelles.

De source proche de la Commission européenne et des autorités françaises, on indique que les autorités françaises fourniront dans les prochains jours de premiers éclaircissements sur la circulaire du 5 août invitant les préfets à démanteler les camps Roms en priorité.

LA POLÉMIQUE CONTINUE EN FRANCE

En France, plusieurs responsables politiques sont revenus jeudi sur la polémique.

Le ministre du Budget, François Baroin, a vivement critiqué les propos "insultants" de la commissaire luxembourgeoise mais a estimé que les relations entre Paris et Bruxelles allaient désormais s'apaiser.

"Le temps va être à l'apaisement, on va rentrer dans une séquence diplomatique. (Cette circulaire) a été retirée, Madame Reding retire ses propos infamants, on est sur le chemin traditionnel de l'application du droit", a-t-il dit sur LCI.

De son côté, le chef du MoDem, François Bayrou, a considéré que ce dossier reflétait une perte d'influence de la France dans les affaires internationales.

"Les institutions européennes dans leur rôle, l'Allemagne dans son rôle, les Etats-Unis hier, ont pris la France pour cible de commentaires qui sont extraordinairement déplaisants", a-t-il déclaré sur RTL.

"Ceci entraine quelque chose de très grave qui est une perte d'influence de la France dans les relations internationales (...) Au lieu d'être une France de référence, une France qui donne une orientation, dont la voix pèse, tout d'un coup c'est une France rapetissée et ciblée", a-t-il poursuivi.

Comme Martine Aubry la veille, Laurent Fabius s'en est quant à lui pris à la politique "électoraliste" du gouvernement.

"La question des roms est très compliquée parce qu'il y a un problème général en Europe, il faut que l'Europe s'en occupe, il faut que la Roumanie s'en occupe", a-t-il jugé sur France Info.

"Mais il est évident que l'attitude du gouvernement français, qui a utilisé des expulsions systématiques pour des raisons électoralistes, n'est pas du tout conforme au droit européen", a ajouté le dirigeant socialiste.

Édité par Gilles Trequesser