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Les rivaux de l'UMP font une trêve avant la médiation

Alain Juppé rencontrera dimanche soir le vainqueur proclamé du scrutin interne pour la présidence de l'UMP, Jean-François Copé, et l'ancien Premier ministre François Fillon, qui évoque une "mafia" copéiste qui l'aurait privé de la victoire./Photos d'archi

Alain Juppé rencontrera dimanche soir le vainqueur proclamé du scrutin interne pour la présidence de l'UMP, Jean-François Copé, et l'ancien Premier ministre François Fillon, qui évoque une "mafia" copéiste qui l'aurait privé de la victoire./Photos d'archi - -

PARIS (Reuters) - Alain Juppé tentera dimanche une médiation entre les deux rivaux pour la présidence de l'UMP, Jean-François Copé et François...

PARIS (Reuters) - Alain Juppé tentera dimanche une médiation entre les deux rivaux pour la présidence de l'UMP, Jean-François Copé et François Fillon, dont la guerre ouverte menace de faire éclater le principal parti d'opposition en France.

"C'est l'existence même de l'UMP qui est en jeu", a répété à plusieurs reprises cette semaine le fondateur de l'UMP et ancien Premier ministre.

L'ancienne ministre Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a refusé de prendre position entre les deux concurrents, estime qu'il ne sera pas aisé de parvenir à une "paix durable".

"Les mots ont été tellement durs que tout cela va laisser des cicatrices très profondes", a-t-elle dit dans une interview publiée par Le Figaro samedi, jour de trêve armée après une semaine d'invectives mutuelles d'une grande violence.

Alain Juppé a évoqué un "risque d'éclatement" de sa formation, ce qui est techniquement possible puisque la date-butoir pour la déclaration d'affiliation à un parti politique à l'Assemblée nationale est fixée au 30 novembre.

Il rencontrera dimanche soir le vainqueur proclamé du scrutin interne par 98 voix d'écart, Jean-François Copé, et l'ancien Premier ministre François Fillon, qui évoque une "mafia" copéiste qui l'aurait privé d'un triomphe.

Le président de la Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales (Cocoe), Patrice Gélard, a officiellement reconnu que le vote avait été entaché de nombreuses fraudes de part et d'autre.

Une réconciliation qui déboucherait sur la proclamation de la victoire de l'un ou de l'autre semble exclue à court terme et l'actuel maire de Bordeaux a demandé 15 jours pour mener sa médiation.

ARRÊT TEMPORAIRE DES HOSTILITÉS

Il a posé vendredi ses conditions, dont l'arrêt des hostilités entre les deux camps, qui a semblé respecté samedi.

Mais si François Fillon a accepté toutes les demandes du fondateur de l'UMP, Jean-François Copé est resté ferme sur un point : la tenue de la commission des recours du parti, alors qu'Alain Juppé veut d'abord mettre en place sa médiation.

Pour l'ex-secrétaire général de l'UMP, la demande d'Alain Juppé de retrait des pro-Copé et des pro-Fillon de cette commission chargée d'examiner les résultats contestés ne tient pas en droit, les statuts du parti prévoyant sa saisine automatique et dans la composition arrêtée en cas de différend.

De son côté, François Fillon a annoncé avoir déposé son recours devant la commission, tout en indiquant que sa composition actuelle "n'offre aucune garantie de transparence", puisqu'elle est présidée par un proche de Jean-François Copé.

La commission de médiation présidée par Alain Juppé et composée de cinq membres qui "n'ont pas pris position" pendant la campagne devrait se mettre en place dès lundi prochain.

Le président proclamé de l'UMP assure qu'il s'effacera "si la commission dit que François Fillon est vainqueur aux points" mais, pour compliquer encore les choses, l'ancien Premier ministre a dit mercredi qu'il renonçait à diriger le parti.

SARKOZY CONSULTE

Alors que Nicolas Sarkozy, dont le retour en politique est souhaité par une majorité de sympathisants UMP, est soupçonné de manoeuvrer en coulisses - il a longuement reçu vendredi l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin -, le rôle d'Alain Juppé est au centre des préoccupations des deux rivaux.

Jean-François Copé redoute qu'Alain Juppé, même s'il s'est dit neutre, penche pour François Fillon. "Je ne l'ai entendu exprimer aucun désaccord avec Fillon pendant la campagne mais plusieurs avec Jean-François Copé", déclare un proche.

Les deux camps redoutent en outre que l'ancien Premier ministre n'en profite pour se remettre sur orbite en vue de la présidentielle de 2017. Le maire de Bordeaux pourrait être amené à proposer l'annulation du scrutin ou la mise en place d'une direction collégiale sous sa houlette.

Quelle que soit l'issue de la médiation, le vainqueur sortira affaibli d'une crise vécue par une bonne partie de la classe politique comme un pantalonnade disqualifiant les deux possibles prétendants à l'Elysée en 2017.

Selon un sondage BVA pour I>Télé diffusé vendredi, Jean-François Copé a perdu 22 points de bonnes opinions (26%) auprès des Français et son rival François Fillon 11 points (52%). Auprès des sympathisants UMP, le député-maire de Meaux perd 15 points à 64% d'opinions positives et son rival 13 points à 76%.

Même si Jean-François Copé chute plus lourdement que François Fillon, les sympathisants UMP sont une courte majorité à souhaiter qu'il conserve la tête du parti (52%).

En embuscade, les centristes de l'Union des démocrates et des indépendants (UDI) de Jean-Louis Borloo voient leur cote de popularité bondir de 11 points, à 45%. Ils dépassent désormais largement l'UMP (36%) et se retrouvent exactement au même niveau que le PS.

Yves Clarisse