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Xavier Bertrand propose que les auteurs d'actes antisémites regardent le film des attaques du Hamas

Xavier Bertrand dans un studio de télévision le 31 mai 2023

Xavier Bertrand dans un studio de télévision le 31 mai 2023 - JULIEN DE ROSA / AFP

Le président de la région Hauts-de-France veut pousser les juges à diffuser des images des attaques terroristes du 7 octobre contre Israël. Cette proposition semble pour l'instant peu applicable.

Après les députés qui ont pu les regarder, au tour des condamnés? Xavier Bertrand a évoqué ce mercredi matin l'obligation de diffuser les images des attaques du Hamas le 7 octobre en Israël aux auteurs d'actes antisémites. Elles ont été montrées ce mardi à l'Assemblée nationale.

"Ce film-là, qui montre les atrocités, je souhaite que les juges puissent obliger ceux qui sont coupables d'actes antisémites à le visionner", a lancé le président LR des Hauts-de-France sur France 2.

Une diffusion éprouvante

Dans le viseur de l'élu: une vidéo de 43 minutes, sans commentaire, qui a été réalisée à partir de centaines d'heures d'images récupérées auprès de terroristes arrêtés par l'armée israélienne ou abattus.

Des images ont également été collectées auprès de caméras de surveillance ou encore dans les smartphones des survivants des attaques.

À leur sortie de la projection, les députés ont affiché leur effroi. "Je crois que ceux qui ont vu cette vidéo ne pourront plus, pendant un long moment, dormir en paix", a confié Mathieu Lefèvre, député Renaissance et président du groupe d'amitié France-Israël à l'initiative de cet évènement au micro de BFMTV.

"Personne ne doit pouvoir drie 'je ne savais pas'"

De l'avis des journalistes qui ont pu assister au visionnage de ce montage, notamment au moment de sa diffusion en Israël en octobre, les images sont d'une violence quasi insoutenable.

L'un de nos reporters a décrit des pyramides de corps couverts de sang, des cadavres brûlés, des gens fuyant dans le désert... En tout, le film montre 138 morts, sur un total de 1.100 civils et 300 soldats tués côté israélien.

"Personne ne doit pouvoir dire 'je ne savais pas ou ça n'a pas eu lieu'. Ces atrocités, on n'en a pas connu de telles depuis la Shoah", a encore avancé Xavier Bertrand pour justifier sa suggestion.

Il a évoqué le cas du procès de Nuremberg "où on a obligé tout le monde à visionner les images des atrocités".

Une proposition qui semble difficile à appliquer

Le procès de Nuremberg, organisé à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, avait traduit devant un tribunal militaire international 24 des principaux responsables du Troisième Reich.

Le procureur américain Robert H.Jackson avait diffusé des photos comme preuves à charges contre les accusés. Toutes les images étaient directement liées aux accusations.

La proposition du président de la région Hauts-de-France semble pour l'instant peu applicable. Le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari a ainsi exclu que ce film soit diffusé à un autre public que les journalistes et les politiques. Pas question par exemple de le montrer aux militaires ou au grand public.

Plus de 1.500 actes antisémites en 5 semaines

La modalité de la diffusion de ce film pose également question. Faut-il faire des séances de diffusions collectives avec des personnes condamnées pour actes antisémites ou les diffuser à la fin de procès en exposant toute une salle d'audience à ces images? Xavier Bertrand n'a pas précisé le dispositif auquel il pensait.

1.518 actes antisémites ont été recensés en France depuis les attaques du 7 octobre dernier et 600 interpellations ont eu lieu. C'est plus que pour toute l'année 2022.

Marie-Pierre Bourgeois