BFMTV
Les Républicains

UMP : la crise tourne au grand déballage, Juppé tente la médiation

Jean-François Copé, Alain Juppé et François Fillon (de gauche à droite)

Jean-François Copé, Alain Juppé et François Fillon (de gauche à droite) - -

Les camps Copé et Fillon semblent irréconciliables et le psychodrame à l'UMP tourne au grand déballage de "turpitudes". Une crise aiguë que tente d'apaiser Alain Juppé.

La journée de jeudi aura été agitée à l'UMP. Entre grand déballage des "fraudes", invectives et menaces entre les camps de Jean-François Copé et François Fillon, l'UMP semble ne pouvoir se sortir de cette situation que grâce à la tentative de médiation proposée par Alain Juppé.

Copéistes et Fillonistes semblent en tout cas irréconciliables. Le psychodrame à l'UMP a tourné au grand déballage de "turpitudes", ce jeudi. Une crise aiguë que tentera d'apaiser en quinze jours Alain Juppé avec la mise en place de sa commission.

Graves accusations de fraudes de Jérôme Lavrilleux

Signe de l'extrême tension entre les deux camps, le directeur de cabinet de Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux, a déballé les "turpitudes délibérées de l'entourage zélé de François Fillon", lors d'une déclaration au siège de l'UMP.

Principaux visés par cette charge froide et violente, les soutiens niçois de François Fillon, Christian Estrosi et Eric Ciotti.


Evoquant des "irrégularités grossières" à Nice, comme un bureau de vote fermé "puis réouvert 45 minutes plus tard pour permettre" à "des adhérents triés sur le volet de voter", M. Lavrilleux a soutenu sa démonstration en faisant projeter des photos de procès-verbaux sur un écran.

Et d'ajouter, dans une ambiance de roman noir : "Pourquoi (ces photos) ? On n'est jamais trop prudents, il vaut mieux éviter que ça disparaisse". Eric Ciotti a aussitôt déclaré à l'AFP et sur son compte twitter qu'il allait porter plainte pour "diffamation" contre Jérôme Lavrilleux.

Confirmation de la Cocoe de "l'oubli" des résultats de trois fédérations

La énième contre-attaque des copéistes semblait clairement destinée à atténuer le point marqué par François Fillon un peu plus tôt.

La commission de contrôle de l'UMP (Cocoe) a en effet confirmé que les résultats de trois fédérations (Mayotte, Wallis et Futuna, Nouvelle-Calédonie) n'avaient pas été pris en compte dans le bilan final permettant de proclamer la victoire (avec 98 voix d'avance) de M. Copé lundi soir. Or, cet oubli a été soulevé mercredi par le camp Fillon.

"L'addition de ces résultats à ceux de la veille aboutirait vraisemblablement à une inversion des résultats d'une vingtaine de voix", a ajouté la Cocoe, présidée par le sénateur Patrice Gélard.

Sur France2, ce dernier a estimé plus tard dans la soirée qu'il n'était pas possible actuellement "de savoir qui va gagner" et qu'il fallait recompter dans "4 ou 5 fédérations".

Alain Juppé à la rescousse de l'UMP

Dans ce climat, l'ex Premier ministre et fondateur de l'UMP Alain Juppé, sollicité pour ramener le calme, s'est dit prêt à diriger une "instance collégiale" pour "réexaminer l'ensemble des résultats". L'offre a été acceptée par les deux camps, avec des réserves pointilleuses de chaque côté.

"Ce qui est désormais en cause, ce n'est plus la présidence de l'UMP, c'est l'existence même de l'UMP", s'est alarmé Alain Juppé. "Au bénéfice de qui ? C'est très clair, d'un côté du Front national, de l'autre côté du Parti socialiste", a-t-il averti, évoquant un risque de "scission" pour sa famille politique.

La commission Juppé, déjà plébiscitée par les sympathisants UMP (à 84%, selon un sondage HarrisInteractive - 20 minutes), se réunira "dès le début de la semaine prochaine" et devra rendre ses conclusions "sous 15 jours", a précisé l'ancien Premier ministre.

Par ailleurs, la commission nationale des recours de l'UMP, instance interne chargée de trancher les litiges électoraux et saisie jeudi par M. Copé, se réunira dimanche à 11H00 au siège du parti, selon plusieurs de ses membres.

La tâche d'Alain Juppé ne sera pas simple, au vu de la capacité qu'ont les deux camps à s'accuser mutuellement de magouilles et à proférer des menaces.

Petites phrases, invectives et menaces

Jeudi matin sur Europe 1, Jean-François Copé a qualifié François Fillon de "mauvais perdant qui vient donner des leçons de morale sans jamais se les appliquer à lui-même".

L'ex-Premier ministre avait semblé accepter la défaite lundi soir, en prenant acte des résultats. Mais c'était avant que ses soutiens ne s'aperçoivent de la non-prise en compte des résultats des trois fédérations ultramarines.

"Le spectacle que nous offrons est juste pathétique", s'est désolé le député UMP Benoist Apparu. "Je pense aux militants qui ont voté, aux électeurs, à ceux qui ont entendu les reportages sur ce qui se passe à Gaza, sur ce qui se passe en Syrie, sur le chômage, la crise, ils doivent se dire : ils sont complètement fous", a-t-il constaté.

V. G. avec AFP