UMP: Alain Juppé contre l'interdiction du voile à l'université
Faut-il légiférer sur le port du voile à l'université? Sur ce débat relancé il y a peu par la secrétaire d'Etat aux Droits des femmes, Pascale Boistard, Alain Juppé a fait part de son scepticisme, ne croyant pas "qu'il soit nécessaire", selon des extraits tirés de l'émission Bondy Blog Café et publiés sur le site internet de La Chaîne Parlementaire ce jeudi.
Une position qui tranche radicalement avec celle adoptée par son très probable futur adversaire dans la course à l'élection primaire à droite, en 2016, en vue de se présenter à présidentielle de 2017, Nicolas Sarkozy. L'ancien chef de l'Etat et actuel patron de l'UMP s'était en effet de nouveau attaqué au port du voile, sans préciser lequel, lors d'une interview à Europe1 le 19 février.
"Nous ne voulons pas de femmes voilées, pas pour des raisons religieuses, pas pour des raisons d'interprétation de l'islam" mais "tout simplement" parce que "dans la République, la femme et l'homme sont à égalité", avait affirmé Nicolas Sarkozy le mois dernier.
Des mots choisis prudemment
Très prudent, en prenant le soin de bien différencier le voile intégral, contre lequel il est fermement opposé, et le voile islamique, Alain Juppé a donc affiché un avis bien contraire à celui de son collègue à l'UMP:
"Qu'on l'interdise (le foulard, ndlr) dans des lieux comme l'école, où les enfants sont en formation, n'ont pas encore complètement acquis l'esprit critique (...), je pense que c'est une bonne chose et j'ai voté cette loi et elle s'applique", explique l'ancien Premier ministre selon les extraits dévoilés par LCP.
Quid de l'université? "C'est différent", affirme Juppé
"A l'université, c'est différent. On a des jeunes gens et des jeunes femmes qui sont adultes, qui ont tout à fait leur liberté de jugement et je ne vois donc pas tout à fait nécessaire de légiférer dans ce domaine-là", a ainsi déclaré Alain Juppé, s'opposant aussi à Manuel Valls, qui s'était dit pour que "la laïcité s'applique" aussi à l'université.
Le maire de Bordeaux est même allé encore plus loin. "Mais dans l'espace public, moi, ça ne me choque pas de voir quelqu'un qui porte un foulard, voilà. Il faut apaiser ces tensions qui sont des tensions inutiles", a-t-il encore plaidé.