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Terrorisme: "le Qatar doit lever les doutes", estime Bruno Le Maire

Bruno Le Maire sur le plateau de BFMTV, le 19 janvier 2015.

Bruno Le Maire sur le plateau de BFMTV, le 19 janvier 2015. - BFMTV

Le député UMP de l'Eure Bruno Le Maire était l'invité de BFMTV-RMC. Lutte contre le terrorisme et petite phrase sur le Qatar et sur Nicolas Sarkozy... Voici ce qu'il fallait retenir de son interview.

Dix jours après l'attentat qui a visé Charlie Hebdo, et une semaine après le rassemblement historique des Français dimanche 11 janvier, Bruno Le Maire a tenu à saluer cette mobilisation exceptionnelle, tout en appelant l'exécutif à des actes rapides et forts.

> Le 11 janvier, "un moment magnifique"

"Je pense que la liberté d'expression doit se défendre, même si on peut ne pas aimer certains dessins", a d'abord défendu Bruno Le Maire, citant une caricature de soeur Emmanuelle publiée dans Charlie Hebdo "que je n'aime pas du tout". "C'est peut-être ça qu'on devrait apprendre à l'école: l'esprit critique et la liberté d'expression." Puis le député UMP de l'Eure a insisté sur le message envoyé selon lui par les Français le 11 janvier dernier, lorsque près de 4 millions de personnes ont défilé dans les rues. "Cela a d'abord été un moment magnifique. Cela a été un souffle de liberté comme je n'en avais jamais connu dans ma vie politique. Maintenant, nous ne devons pas décevoir. Il y a une urgence absolue de prendre des mesures fortes contre le terrorisme."

> "Nous n'avons pas tiré les conséquences de l'affaire Merah"

Parmi les mesures fortes envisagées par Bruno Le Maire, il en est une qui revient beaucoup dans le débat depuis la semaine dernière: celle de la déchéance de la nationalité pour les terroristes binationaux. "Je suis pour retirer la nationalité française aux binationaux, et pas à ceux qui ont la nationalité française uniquement. Je ne veux pas qu'on fasse des apatrides qu'on ne pourra plus suivre et mettre sous les barreaux après", a expliqué Bruno Le Maire.

"Je ne souhaite pas qu'il y ait des remises de peine pour des gens soupçonnés de terrorisme", a-t-il également défendu, plaidant ensuite pour un renforcement "des moyens de nos services de police". Un discours qui n'est pas sans rappeler les appels qui avaient suivi les massacres perpétrés par Mohammed Merah. "On n'a pas tiré les conséquences de l'affaire Merah. (...) Nous n'avons pas su prendre les décisions depuis 30 ans", a-t-il fustigé, renvoyant ainsi dos-à-dos gouvernements de gauche et de droite.

Mais pour Bruno Le Maire, le formidable élan qui a poussé les Français à manifester en masse dimanche 11 janvier était aussi motivé par une volonté de changement social et économique profond. Un changement qui ne peut se traduire dans les faits que par "un Etat régalien fort", a-t-il plaidé, citant la nécessité de débloquer "plus de moyens pour l'armée, davantage de place en prison, des investissements dans les hôpitaux". "Pour cela, nous devons être capable de supprimer tous les systèmes spéciaux de retraite qui nous coûtent cher et de modifier le statut de la fonction publique".

> "Imaginer la France de demain"

Il nous faut "imaginer la France de demain", a poursuivi Bruno Le Maire. "Nous avons l'occasion de repenser totalement notre fonctionnement", a-t-il plaidé. "Il faut un renouveau de notre politique économique, en simplifiant le droit du travail. Faire émerger un nouveau modèle économique et social." Dans cette France de demain imaginée par Bruno Le Maire, l'enseignement des valeurs républicaines figureraient en bonne place. Notamment via le retour d'un service national. "Je veux un service civique ou militaire obligatoire pendant six mois, à l'âge de 18 ou 19 ans. Je veux que ça permette de renforcer le sentiment d'appartenance à la nation. Car pour certains jeunes, l'appartenance à la nation ne veut rien dire."

"Je partage l'inquiétude de beaucoup de Français qui estiment qu'une partie ne respectent plus la laïcité. De petits renoncements en petits renoncement, on a abandonné le principe de laïcité. Or, sur la laïcité, nous ne devons pas transiger", a-t-il martelé. Comment? "En réenseignant les principes républicains à l'école, en luttant contre le terrorisme et en expulsant tous les imams qui tiennent des propos de haine sur notre sol", a encore défendu Bruno Le Maire. 

> Le Qatar doit "lever les doutes"

Puis, interrogé sur sa volonté de repenser les rapports de la France avec le Proche et le Moyen-Orient, Bruno Le Maire a maintenu sa position. "Le problème (du terrorisme) n'est pas circonscrit aux frontières de la France. Je ne comprends pas que la France puisse être membre de l'Otan et qu'un des pays membres, la Turquie, refuse de lutter contre Daech. Je ne comprends pas qu'on puisse avoir des doutes sur un double-jeu du Qatar. Je ne comprends pas qu'on puisse avoir tant de chefs d'Etat qui viennent défiler dimanche et qui n'envoient pas de soldats au Mali. Je ne comprends pas que l'Europe soit si faible."

"En 2012, j'ai demandé une mission d'information parlementaire pour enquêter sur les liens entre le Qatar et des réseaux terroristes. Elle m'a été refusée", a-t-il déploré. "S'il y a des doutes sur le Qatar, le Qatar doit lever ces doutes. Ce sera à son avantage et ce sera à notre avantage aussi", a-t-il défendu, proposant notamment d'accentuer la pression sur ce pays en "rééxaminant les avantages fiscaux" dont il dispose en France. Des propositions qui auraient suscité l'ire de Nicolas Sarkozy, président de l'UMp et ancien rival de Bruno Le Maire dans la course à la présidence du parti. "Ce n'est pas mon intention de faire enrager qui que ce soit", a-t-il rétorqué en souriant.

S. C.